Crédit photo : Antoine Morin-Racine

L’administration universitaire questionnée par des militant.es pro-palestinien.nes

Des militant.es pro-palestinien.nes ont confronté l’administration universitaire lors du dévoilement du plus récent Rapport à la communauté. Iels ont notamment dénoncé le manque de transparence de l’administration par rapport à ses liens financiers et académiques avec l’État d’Israël ainsi que la répression de leurs activités militantes.

Par Antoine Morin-Racine, chef de pupitre à l’actualité

Les membres de la communauté universitaire étaient invité.es, mardi après-midi, à participer au dévoilement du Rapport à la communauté 2023-2024 par l’administration universitaire. Au menu : présentation des états financiers, nouveaux projets d’infrastructures, investissements en recherche, et mis en lumière « des récits inspirants qui illustrent l’engagement et les réalisations exceptionnelles de notre communauté ».

On y apprendra entre autres que l’Université a engrangé cette année 1,31 G$ (pour 1,27G$ de dépenses), qu’elle inaugurait la création d’une nouvelle chaire de recherche sur la neuroplasticité et qu’elle prévoyait la construction de plusieurs nouveaux pavillons dont un centre de tennis.

L’atmosphère relativement enthousiaste de la première partie a cependant été perturbée par certaines interventions lors de la période de questions.

Deux militant.es du groupe Uni.es pour la Palestine Université Laval (UPPUL) sont intervenu.es en faisant part de la « suite interminable de cerceaux bureaucratiques » et la répression que les militant.es pro-palestinien.nes avaient vécue sur le campus depuis l’année dernière.

Celleux-ci ont également dénoncé les liens financiers et académiques que l’université entretient toujours avec des entités israéliennes comme la fondation sioniste Azrieli, bras philanthropique d’un des plus grands groupes immobiliers israéliens, qui collabore avec la faculté de Médecine.

« À quel moment l’université et son administration vont-[elles] arrêter de se cacher derrière les impératifs financiers de sa gestion marchande pour enfin rompre tout lien avec l’État israélien, dont les pratiques militaires sont jugées par l’ONU comme [correspondant] aux caractéristiques d’un génocide et dont les pratiques de déplacement des Gazaouis présentent selon le Human Rights Watch un crime contre l’humanité »  – Militant.e de UPPUL.

La vice-rectrice aux affaires étudiantes, Katia Bergeron, a répondu que « l’Université reconnait pleinement que le conflit israélo-palestinien génère beaucoup de souffrance » et qu’elle adoptait une posture de dialogue avec un groupe comme UPPUL. L’université étant « un lieu d’échanges, de débats où « toutes les opinions peuvent être entendues », celle-ci a rappelé la tenue, dans les dernières semaines, de conférences et d’évènements pour informer la communauté universitaire à ce sujet.

Le vice-recteur aux ressources humaines et aux finances André Darveau a renchéri en spécifiant que le pourcentage de compagnies liées à l’université et faisant affaire avec l’État d’Israël serait selon lui « minime ». « Sur 300 M$ c’est aux alentours de 0,1% » a-t-il dit en mentionnant par la suite qu’il pouvait affirmer qu’aucune compagnie d’armement n’était liée aux investissements de l’Université Laval.

M. Darveau a cependant répondu à Impact Campus après l’événement qu’il n’était pas au courant qu’un des fonds les plus importants avec lequel la fondation est impliquée (à la hauteur de 46,3 M$), compte parmi ses titres principaux la compagnie d’aéronautique française Safran, qui conçoit des drones ainsi que des composantes électroniques pour les systèmes antimissiles israéliens.

La rectrice, Sophie D’Amour, a pour sa part remercié l’implication de l’UPPUL ainsi que le travail de Katia Bergeron dans le dossier en mentionnant que « ce qui se passe au Moyen-Orient est d’une complexité vraiment unique ». Celle-ci a également reconnu la souffrance que le conflit créait chez les étudiant.es du campus tout en rappelant que malgré la complexité de l’enjeu, « la liberté académique demeure au cœur de cette conversation ».

Suite à la rencontre, un.e des militant.es étant intervenu.e a avoué à Impact Campus ne pas être satisfait.e des réponses de l’administration à leurs questions. « Je suis content qu’on ait été traités avec respect et qu’on n’ait pas été sortis, mais mis à part ça, on a dansé autour de la liberté académique en prêchant la liberté d’opinion… 43 000 morts c’est pas un opinion, c’est un fait, des millions de dollars en dons de la part [de la fondation] Azrieli, c’est pas un opinion, c’est un fait. […] J’ai de la misère à voir comment est-ce qu’on peut prétendre que nos projets de recherche sont inclusifs quand ils sont financés par un état d’apartheid, il y a une ironie sanglante dans cette histoire-là », a-t-iel mentionné.e.

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