L’art pour lutter contre la violence conjugale

Mettre l’art au service d’un enjeu social. C’est sans équivoque la leçon qu’on peut tirer de la campagne pour lutter contre la violence conjugale lancée ce mois-ci à l’initiative de l’École de design de l’Université Laval. Cette vaste opération de sensibilisation sera diffusée dans neuf régions de la province jusqu’au 18 décembre 2014.

Les fruits du projet de recherche-création sur la violence conjugale ont été dévoilés au public le 21 novembre dernier. L’ambiance était à la fête pour célébrer le résultat éclatant de ce projet qui s’étire depuis maintenant quatre ans.

À l’origine de cette initiative engagée, les professeures de l’École de design Sylvie Pouliot et Maude Bouchard souhaitent mettre à profit les aspects positifs de la communication visuelle pour une cause sociale. Au terme des ateliers de création qui regroupaient séparément des femmes victimes de violence conjugale, des hommes au comportement impulsif et des intervenants issus du milieu, les chercheures ont décidé d’orienter la campagne sous le thème de la violence psychologique.

L’objectif de la campagne est d’interpeler les femmes victimes de violence conjugale psychologique ainsi que les hommes au comportement impulsif et violent afin de les amener à demander de l’aide.

Cette opération de sensibilisation est véhiculée par une affiche originale qui figurera dans plusieurs établissements de santé partout au Québec ainsi que deux courts vidéos-chocs publiés en ligne. À Québec, sept établissements fréquentés par les jeunes adultes ciblés par la campagne participent également au succès de cette dernière, en prêtant l’un de leurs cabinets de toilette.

Aux toilettes pour réfléchir…

« C’était une fois où j’étais à la toilette et j’ai réalisé que j’étais là en privé et en sécurité », confie Sylvie Pouliot, amusée, pour expliquer d’où lui est venue l’idée d’aménager des cabinets de toilette pour véhiculer le message. Selon votre sexe, votre expérience à la salle de bains sera différente. Du côté des hommes, à l’approche de l’urinoir, vous entrez dans une zone marquée au sol. Votre front à quelques pouces du mur, un écran s’illumine devant vos yeux. Puis, une bande-vidéo défile.

Mesdames, un cabinet tout entier vous est réservé. Une fois assise, vous pouvez lire une série de mots tapissés sur les murs, et repartir avec une clé sur laquelle est gravé le numéro d’une ligne téléphonique d’aide.

Formateur sur tous les plans

Plusieurs étudiants ont activement pris part au projet, de ses balbutiements à la livraison du produit final. « Ça a été nouveau pour moi de travailler pour une cause sociale, surtout que ce n’est pas courant dans le domaine », relate Jean-Sébastien Boies, étudiant au baccalauréat en art et science de l’animation, qui a travaillé sur la réalisation des vidéos. Son collègue qui poursuit des études en design graphique, Julien Charest, est d’avis que la conception des affiches a été pour lui une réelle introduction au design engagé, où une place importante est réservée à une recherche approfondie. « D’ailleurs, l’Université compte mettre sur pied dès la session prochaine un cours de design social et engagé », souligne-t-il.

Les deux étudiants ne négligent pas les retombées positives du projet sur leur compréhension du problème de la violence conjugale psychologique. « Il faut tout le temps s’immerger du sujet et posséder une ouverture d’esprit », fait remarquer Julien Charest. « Pour une fois, je savais que j’allais pouvoir appliquer mes notions pour aider quelqu’un, et c’est clairement une motivation additionnelle », laisse quant à lui entendre Jean-Sébastien Boies.

Auteur / autrice

  • Jean-Frédéric Moreau

    L’actualité évolue plus vite qu’il n’est capable de la suivre… Et cela l’ennuie parfois. Certes, ce nouveau diplômé en science politique et philosophie ne manque pas de discuter politique autour d’un breuvage houblonné. Épicurien sur les bords, au caractère rationnel, les questions fusent sur tous les sujets. Il troque désormais son micro (il co-animait L’heure juste sur les ondes de CHYZ 94.3) pour l’énergie de la salle de rédaction d’Impact Campus.

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