Le festival FONO : une opération marketing à 350 000$

Ce mercredi avait lieu la conférence de presse pour le dévoilement de la programmation du nouveau festival FONO qui se tiendra à l’université Laval les 13 et 14 septembre prochain. Si bon nombre d’amateur.ices de musique sont déjà excité.es par le projet, Impact Campus s’est entretenu avec des membres de BLEUFEU ainsi qu’avec la rectrice afin de vous brosser un portrait général de cette initiative.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Commençons par nous mettre d’accord : que notre campus universitaire accueille un festival de musique est un très beau projet qui n’a pour comparaison que le Boston Calling d’Harvard. Original et ambitieux, FONO est né d’un partenariat entre BLEUFEU et l’université Laval afin de dynamiser notre rentrée. La rectrice insiste bien, FONO se veut un « festival diversifié, accessible, écoresponsable ». D’ailleurs, le comité organisateur souligne avec beaucoup d’enthousiasme qu’il y aura 60% d’artistes québécois et 53% de femmes, un effort conscient qui est positif ! (On vous invite à jeter un œil à cet article sur la diversité dans les festivals).

 

Vous avez certainement entendu le coup de gueule poussé par la CADEUL qui regrettait de ne pas avoir été consultée, sachant que leur show de la rentrée est prévu pour le 11 septembre, soit pratiquement au même moment que le festival. Depuis, BLEUFEU et l’Université les ont intégrés à la boucle et ont prévu de mettre en place différents projets – de manière générale – pour intégrer les initiatives étudiantes (le mot de colloque avec la faculté de musique a même été prononcé). Honnêtement, il serait très étrange que le show de la rentrée pâtisse de ce nouvel événement puisque, contrairement à FONO, il est gratuit et réservé aux étudiant.es.

D’ailleurs, concernant les tarifs, beaucoup d’étudiant.es ont comparé les 125$ pour deux jours de concerts à la passe de 150$ pour les 10 jours du FEQ – soit une augmentation de 416% –, et on ne peut pas leur en vouloir. Organisé lui aussi par BLEUFEU, le FEQ a une tête de liste plus intéressante et un tarif bien plus économique ! Toutefois, remis en perspective avec ce qui se fait ailleurs, 125$ ça reste tout à fait raisonnable. À titre de comparaison, un concert à l’Imperial Bell coûte un peu moins de 60$ et le billet à la journée pour le Boston Calling s’élève quant à lui à 269 C$ !

Ce sont donc 32 shows qui vont se succéder sur deux journées entre 14h et 22h30. Il faut bien comprendre qu’avec un festival qui s’étend sur de telles plages horaires, il est prévu que les festivalier.ères « consomment » deux repas sur place. On souligne quand même que le dévoilement de la programmation n’a pas eu lieu dans n’importe quel pavillon, mais à La Laurentienne (aka celui du carré des affaires et de la Banque Nationale), le ton était certes immédiatement donné, mais peut-on vraiment créer un évènement sans partenaires et sans argent ?

 

D’ailleurs, quand on sait que le principal partenaire de FONO n’est autre que la banque RBC (deuxième plus grand bailleur de fonds pour des projets de combustibles fossiles au niveau mondial en 2022 et récemment accusée d’écoblanchiment), on comprend que l’enjeu est avant tout financier. Si la participation de l’Université Laval pourrait aller jusqu’à 350 000$, tout en fournissant l’accès aux terrains et aux installations, il s’agit surtout d’un bon coup de pub. En attirant des jeunes de la grande région de Québec, mais aussi des gens de tous âges et de tous horizons, à venir découvrir notre campus et des artistes – pour certain.es, à la renommée internationale –, la rectrice ne pouvait pas rêver mieux !

Finalement, on retient que le festival est une bonne opportunité pour valoriser les arts et la culture et continuer à mettre de l’avant de nouveaux talents. Ce sera également l’occasion pour les étudiant.es de prolonger un peu leur été !

Auteur / autrice

Consulter le magazine