La collocation demeure le choix de prédilection des étudiants, partout au Québec. Photo : Archives Claudy Rivard.

Logement étudiant : le sondage PHARE dévoile ses résultats

L’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) et la CADEUL ont dévoilé jeudi matin les résultats d’une enquête nationale concernant la situation résidentielle étudiante. Au total, 17 000 répondants, 13 associations étudiantes et deux institutions d’enseignement se sont impliquées dans le processus depuis 2016.

Réalisé dans sept villes universitaires, dont Québec et la campus de l’Université Laval, le sondage Prospection des habitudes et aspirations résidentielles étudiantes (PHARE) confirme bel et bien un postulat important : la grande majorité des étudiants québécois sont des locataires à l’extérieur des résidences universitaires.

À Québec, les résultats parlent d’eux-mêmes : seulement 10,2% des étudiants de la Vieille Capitale vivent au sein de résidences étudiantes. Ces dernières demeurent toutefois bien chargées, avec un taux d’occupation de 100% pour la dernière année. Lors de la rentrée 2017, on dénombrait 200 étudiants sur la liste d’attente.

Les chiffres de l’étude signifient tout de même qu’une grande proportion des étudiants (à savoir plus de 60% d’entre eux) « doivent prendre un logement standard sur le marché locatif privé », peut-on lire via un communiqué.

« Ce qui me surprend toujours à Québec, c’est la quantité d’étudiants qui vivent dans le même arrondissement, explique le coordonateur général de l’UTILE, Laurent Levesque, en entrevue. C’est la ville où on a constaté la concentration spatiale la plus forte, à savoir 2/3 des locataires étudiants à Québec qui se trouvent dans Sainte-Foy/Sillery/Cap-Rouge. »

Un chiffre énorme en comparaison avec Montréal, dont les quartiers étudiants se décentralisent en fonction des campus répartis un peu partout dans la ville.

« De voir que la population étudiante n’est pas plus étendue que ça sur le territoire de Québec, ça souligne peut-être également des enjeux au niveau du transport en commun, ajoute le président de la CADEUL, Samuel Rouette-Fiset. Il y a plusieurs zones moins bien desservies par le bus. »

Déséquilibre « flagrant »

En moyenne dans la ville, un étudiant déboursera 488$ par mois afin d’avoir accès à un logement sain, sécuritaire et relativement bien situé. Sept sur dix d’entre eux auront à débourser plus de 30% de leurs revenus dans leurs frais de loyer.

À l’échelle de la province, au niveau universitaire strictement, ce sont 220 000 étudiants qui ne jurent que par la location. L’enquête affirme que 70% d’entre eux vivent à plusieurs, souvent à plus de deux personnes, et que la collocation demeure le choix de prédilection des étudiants, partout au Québec.

L’étude soulève également que, de manière générale, la population étudiante paie des loyers plus élevés que le reste de la population pour se loger. Or, le phénomène ne semble pas équilibré « du côté des revenus, alors que seulement 7% de la population étudiante locataire occupe un emploi à temps plein et que le revenu médian de celle-ci, incluant les contributions parentales et les prêts et bourse, se situe entre 10 000 $ et 15 000 $ », peut-on lire dans le volumineux document.

Des recommandations

Laurent Levesque estime qu’à l’approche des élections municipales, qui se tiendront au début du mois de novembre à Québec cette année, « les villes universitaires doivent se pencher sur la question du logement étudiant ».

Il faut selon lui envisager d’imaginer, puis de créer une politique formelle en la matière, un peu à « la manière dont Denis Coderre s’est engagé à le faire pour Montréal ».

« C’est une réalité spécifique au Québec que d’avoir autant de locataires aux études sur le marché privé traditionnel. C’est pour ça que l’UTILE propose la construction de logements standards, plutôt que des résidences étudiantes. C’est pour bien capter la demande. » -Laurent Levesque

À la lumière des principales statistiques établies dans ce texte, le président de la CADEUL, Samuel Rouette-Fiset, s’est dit assuré « qu’il est temps que la Ville de Québec prenne cet enjeu au sérieux », lançant un message direct à la prochaine administration municipale.

L’équipe de recherche de l’UTILE espère évidemment « que le résultat sera éclairant pour le mouvement étudiant et tous les acteurs qui s’intéressent à la condition résidentielle étudiante ».

L’UL réagit

En saluant le travail réalisé par le groupe de recherche, l’administration lavalloise estime que le résultat confirme que la disponibilité des logements abordables situés à proximité des établissements d’enseignement est primordiale.

« En plus d’alimenter nos réflexions entourant le logement étudiant, les données recueillies et colligées dans le rapport de l’organisme viennent appuyer nos observations sur le terrain, dit la porte-parole, Andrée-Anne Stewart. Nos statistiques démontrent que la demande des étudiants pour habiter des logements abordables près ou sur les campus est bien présente, constante et supérieure à l’offre. »

Dans ce dossier, l’UL a donc pour objectif de poursuivre sa collaboration étroite avec la CADEUL et les autres parties prenantes, dans but de bien desservir la demande des étudiants, plus spécialement dans l’intérêt du développement de la Ville de Québec « comme ville universitaire attractive ».

Prochaines actions de la CADEUL

À quelques semaines à peine du début de la campagne électorale, la CADEUL finalise actuellement les derniers détails de sa plateforme électorale, qu’elle présentera aux membres de la communauté sous peu.

« Dans ce document-là, il y a de nombreuses recommandations sur le logement étudiant, explique le président. L’étude de l’UTILE va maintenant nous permettre d’étoffer notre recherche et de venir chercher des appuis au niveau des chiffres pour développer notre argumentaire. Maintenant, la prochaine étape, ça va être de pousser le tout auprès de la Ville. »

Samuel ajoute que son équipe consacrera de nombreux efforts à la médiatisation de sa plateforme électorale dans les prochains jours et à la planification de « rencontres avec les différents élus municipaux ».

Autres faits saillants de l’étude

-Les parents-étudiants locataires paient des loyers totaux par personne 76% plus élevés de la médiane étudiante, même s’ils paient 20% moins pour les grands logements que leurs pairs. Ces chiffres s’expliquent notamment par le fait que ou les parent(s) doivent assumer le loyer de la ou les chambre(s) occupées par leurs enfants, et ont donc une capacité de payer limitée.

-Les données du PHARE permettent dressent un portrait précis des pays d’origine du corps étudiant du Québec. On compte 14% de personnes venues d’un autre pays dans le monde et 6% provenant d’une autre province au Canada. »

Montréal les universités anglophones sont caractérisées par une mobilité nationale et internationale presque trois fois plus élevée que les francophones, tandis que ces dernières voient une mobilité intra-provinciale environ 4,5 fois plus forte. »

« Les taux d’effort élevés s’illustrent facilement par une comparaison entre le loyer étudiant personnel médian, qui est à 500$ par mois au Québec en 2017, et les frais de subsistance mensuels reconnus par l’Aide financière aux études, qui sont fixés à 837$ cette année. »

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