Infographie : Pierre Fortier

L’UL resserre la vis sur la tricherie

Des statistiques dévoilées la semaine dernière par Cogeco Nouvelles annoncent une forte croissance des infractions relatives aux études en 2014-2015 à l’Université Laval. En grande partie, ce sont des cas de plagiat et de copiage lors d’examens qui constituent ces infractions.

L’an dernier, 136 personnes ont été accusées de tricherie, ce qui correspond à une augmentation de 75% en seulement 4 ans.

Il ne faut surtout pas en conclure que la triche est à la hausse. Selon l’Université Laval, « la hausse du nombre d’infractions [constatées] est probablement due au renforcement des sanctions et à la mise en place de moyens supplémentaires pour sensibiliser les étudiants de même que le personnel enseignant ».

Ces chiffres viendraient donc refléter l’effet de nouvelles mesures prises par l’Université, surtout sur le plan du numérique. Dans les dernières années, différentes facultés ont su adapter leur cadre disciplinaire afin d’inciter la dénonciation de la part des surveillants et professeurs. De plus, des partenariats entre universités et l’achat de divers logiciels de vérification permettent maintenant de détecter le plagiat en comparant les travaux soumis à travers de vastes banques de données.

La CADEUL ne considère pas qu’il s’agit d’une situation inquiétante. « Sur 33 000 étudiants, ça reste assez faible », dit son président Thierry Bouchard-Vincent. Il plaide plutôt pour la possibilité que « ces chiffres révèlent une meilleure compréhension et une confiance accrue dans le système de l’université et dans le processus disciplinaire, ce qui fait que les professeurs et les directions de programmes réfèrent [les plaintes] plus rapidement au comité de discipline ».

Mythes déboulonnés

Selon Mélanie Rembert, coordonnatrice du Bureau des droits étudiants (BDE), « l’une des grandes problématiques, c’est les croyances par rapport au plagiat. Souvent, des étudiants pensent savoir ce que c’est, mais ils ne le savent pas ».

Les articles 28 à 32.1 du Règlement disciplinaire listent 13 différentes infractions qui sont passibles de sanctions, dont l’étendue va d’un avertissement jusqu’à l’expulsion de l’Université.

Au-delà du classique « copier-coller » et du regard furtif sur la copie d’un pair, on compte l’interdiction de soumettre un travail deux fois et celle de présenter un document forgé à un employé de l’Université.

Le rôle du BDE se trouve alors dédoublé : prévenir et sensibiliser, puis accompagner et conseiller les étudiants accusés dans leurs démarches disciplinaires.

Ce premier mandat inclut la diffusion d’informations par le biais d’une vaste campagne de sensibilisation et la publication d’affiches à travers le campus. Le BDE organise aussi divers ateliers à l’endroit d’étudiants et de représentants d’associations étudiantes pour expliquer les enjeux liés au plagiat.

Infographie : Pierre Fortier
Infographie : Pierre Fortier
Que faire en cas d’accusation ?

Il existe un processus disciplinaire quasi-judiciaire pour traiter de ces infractions. D’abord, il y aura communication d’une dénonciation officielle à l’étudiant. Suivra une enquête menée par le Commissaire aux infractions pour recueillir les preuves contre l’étudiant. Si la dénonciation semble fondée, il y aura alors une plainte officielle. L’étudiant aura le choix entre une déclaration sommaire de culpabilité, mettant fin au processus, ou une audience devant le Comité de discipline de l’Université. Dans la majorité des cas, les étudiants optent pour la première option afin d’obtenir une sanction minime. Dans le cas où l’étudiant choisit de témoigner devant le Comité, la décision rendue par ce dernier pourra être portée en appel.

Bien que le nombre d’accusations annuelles reste marginal, les étudiantes et étudiants qui se retrouvent devant une telle situation ont plusieurs ressources à leur disposition.

En première ligne, on retrouve les associations étudiantes départementales qui ont généralement un représentant dont le mandat est axé sur le volet académique. L’avantage de celles-ci, c’est la proximité qu’elles ont avec la direction de leur programme.

D’un autre côté, le Bureau des droits étudiants, affilié à la CADEUL, possède davantage de ressources, dont plusieurs employés qui se répartissent entre le pavillon Desjardins et le reste du campus. Il offre un service gratuit, rapide et anonyme à tous les étudiants de premier cycle pour toute question de nature académique. C’est environ 7 % de gens qui viennent nous consulter qui viennent en raison d’une accusation portée contre eux, selon Mélanie Rembert. À ce moment, le rôle du BDE est d’accompagner les étudiants dans les procédures dans une « approche d’autonomisation ».

Selon le site web du BDE, cela se traduit par « un support qui vise surtout à conseiller l’étudiant dans sa démarche en lui expliquant les règlements applicables et en lui proposant des pistes d’action auprès de différents intervenants tels que son enseignant, l’association étudiante et la direction de programme ou de département ».

Pour certains, il suffit de les informer. « La plupart des étudiants qui viennent à mon bureau, ils pensent qu’ils vont se faire expulser. Ils arrivent et je leur apprends que non, que ce sera probablement un zéro ou un échec au cours. La plupart partent rassurés et je ne les revois jamais », explique Mme Rembert.

Toutefois, Thierry Bouchard-Vincent affirme que le rôle du BDE n’est pas de « jouer l’avocat ». Selon lui, le BDE ne sert pas à parler au nom de l’étudiant. « On veut informer l’étudiant dans ses démarches plutôt que de confronter l’administration à ses côtés. Les étudiants n’ont pas à nous mentir ni à nous convaincre, puisqu’on agit uniquement en tant que conseillers. »

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