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Microprogramme en archéologie par, pour et avec les Premiers Peuples

En mai 2025, une dizaine d’étudiant.es entameront une aventure inédite à l’Université Laval : celle d’un microprogramme en archéologie conçu par, pour et avec les Premiers Peuples. Un projet qui sort des sentiers battus et qui s’ancre directement dans les réalités autochtones. Impact Campus était présent lors de la soirée de lancement du microprogramme ce jeudi 20 février et a pu s’entretenir avec certain.es de ses instigateur.rices.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Depuis deux ans et demi, Karine Taché, professeure au Département de sciences historiques, et son équipe ont multiplié les rencontres avec les communautés. Vingt-trois discussions plus tard, un constat s’impose : il faut repenser la manière dont l’archéologie est enseignée, il faut intégrer « la pédagogie autochtone (…), la transmission des savoirs entre les générations », explique la chercheuse. Exit le modèle traditionnel du.de la professeur.e devant un auditoire : ici, l’apprentissage se fait en cercle, sur le terrain et auprès d’aîné.es.

Apprendre en territoire, transmettre autrement

Le programme s’échelonne sur neuf semaines, avec six semaines en présentiel et un stage pratique. Une approche intensive, certes, mais essentielle pour permettre aux étudiant.es des communautés éloignées de suivre la formation sans interrompre leur quotidien. Et surtout, une manière de replacer le savoir au cœur du territoire.

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Les cours ne seront pas dispensés uniquement par des professeur.es d’université, mais aussi par des formateur.rices autochtones, garant.es d’un savoir ancestral transmis de génération en génération. Pour Delvina Vachon, aînée innue de la communauté de Pessamit et gardienne des savoirs, ce programme permettra de « bâtir des chemins qui mèneront à des artefacts » afin « d’illustrer notre riche passé », de « bien vivre le présent », parce qu’in fine, « plus on apprend, plus on comprend ».

Un projet de réconciliation… et d’avenir

L’initiative s’inscrit dans le Plan d’action de l’Université Laval pour les Premiers Peuples, en phase avec la recommandation de 2015 du gouvernement visant à mieux intégrer les savoirs autochtones à l’enseignement supérieur. Cet engagement pleinement soutenu par la Faculté des lettres et sciences humaines est qualifié par sa doyenne, Pascale Fleury,« d’action florissante sur le chemin de la réconciliation ».

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Si la première cohorte est limitée à dix étudiant.es, l’objectif sera d’ouvrir le programme à 25 participant.es dès 2026. Et à plus long terme ? L’espoir est de voir émerger « une nouvelle génération d’archéologues autochtones, capables de gérer leur propre patrimoine archéologique », conclut Karine Taché. En effet, aujourd’hui, ce sont encore majoritairement des chercheur.ses allochtones qui documentent l’histoire des Premiers Peuples.

Une chose est sûre : cette initiative ouvre la voie à un autre rapport au savoir. Un savoir qui ne s’écrit pas seulement dans les livres, mais qui se vit, se partage et se transmet, au plus proche de celleux qui en sont les héritier.ères.

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