Sommet sur l’enseignement supérieur : Tout ça pour ça ?

L’arrivée d’un nouveau gouvernement sème le doute quant aux réformes initiées lors du Sommet sur l’enseignement supérieur tenu en février 2013. La réflexion sur le financement des universités doit se poursuivre, selon l’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux cycles supérieurs (AELIÉS).

Dominique Lelièvre

Lors de ce sommet, l’AELIÉS avait déposé un mémoire complet sur la question du financement des universités. Elle avait en outre proposé une toute nouvelle formule de financement basé sur les activités d’enseignement plutôt que sur l’effectif étudiant, et avait reçu plusieurs appuis.

« Nous souhaitons que ce travail de longue haleine soit reconnu par le nouveau gouvernement et ne tombe pas dans l’oubli. La réflexion en cours est cruciale pour l’avenir des universités et doit impérativement se poursuivre », explique Valérie Boudreault-Thiboutot, attachée aux communications pour l’AELIÉS.

L’association étudiante est également impatiente de découvrir le cabinet des ministres de M. Couillard. Elle souhaite le maintien du ministère dédié à l’enseignement supérieur et la recherche qui avait été créé par le gouvernement précédent.

« Nous espérons fortement que M. Couillard maintiendra ce cap, car pour l’AELIÉS la recherche et l’enseignement sont des activités complémentaires qui font partie de la mission fondamentale des universités. Nous croyons qu’il serait contre-productif de faire marche arrière », précise Mme Boudreault-Thiboutot.

L’éducation supérieure absente de la campagne électorale

Alors qu’ils étaient sur toutes les lèvres pendant l’élection de 2012, les enjeux liés à l’éducation supérieure sont passés inaperçus dans la dernière campagne électorale.

Aux dernières élections, à l’été 2012, les chefs des trois partis principaux avaient pourtant reconnu que les universités québécoises souffraient d’un sous-financement. Dix-huit mois plus tard, le problème est toujours présent, comme l’ont souligné quinze recteurs il y a quelques semaines dans une publicité pleine page publiée dans les grands quotidiens de la province.

« Les universités québécoises disposent aujourd’hui en moyenne d’environ 5 000 dollars de moins par années que les universités du reste du Canada pour former un étudiant », pouvait-on lire dans la publicité qui a reçu l’appui du recteur de l’Université Laval, Denis Brière.

Quelques jours plus tard, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, s’était montré sceptique par rapport aux chiffres mis de l’avant par les recteurs, tout en reconnaissant que les universités québécoises étaient sous-financées.

Pour l’essentiel, cette tentative de mettre l’enseignement universitaire à l’avant-plan n’aura fait que peu de vagues. L’espace public a plutôt été dominé par des thèmes tels que l’emploi, la charte, l’intégrité, la question référendaire ou encore par les attaques entre les chefs.

Joint au téléphone, le vice-président aux affaires externes de l’AELIÉS, Stéphane Lebrun, s’est dit désolé du peu d’attention accordée à l’éducation pendant la campagne électorale. « L’éducation est une base fondamentale qui devrait toujours être présente », soutient-il. « La peur de la charte, la peur du référendum, ce sont des enjeux qui sont un peu ponctuels dans le temps, mais l’éducation est un enjeu permanent qui ne devrait jamais être mis de côté ».

Pour le moment, l’Université Laval ne souhaite pas faire de commentaire relativement au nouveau gouvernement. « Nous laisserons le temps au gouvernement nouvellement en place de prendre possession de ses dossiers », explique Andrée-Anne Stewart, conseillère dans l’équipe des relations médias de l’Université Laval.

Les quatre engagements du PLQ

En campagne électorale, Philippe Couillard a pris quatre engagements pour les universités. Il souhaite en premier lieu rendre plus efficace la reddition de compte des universités tout en assurant une gestion rigoureuse et transparente. Il a aussi annoncé son intention d’offrir le tarif canadien aux étudiants étrangers des pays de la francophonie, ce qui se traduira pour une hausse pour les étudiants de la France, mais par une baisse pour les autres pays.

M. Couillard table également sur une augmentation des revenus autonomes des universités avec le développement de la commercialisation des brevets et en favorisant la culture philanthropique. Enfin, il abandonne l’idée d’une augmentation des droits de scolarité pour s’en tenir uniquement à leur indexation.

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