L’initiative étudiante Pensez Blockchain cherche à attirer l’attention du public sur une nouvelle technologie numérique, la chaine de blocs. Cette technologie aux nombreuses promesses existe depuis 2008 et a déjà été utilisée notamment pour la cryptomonnaie. La chaine de blocs reste cependant peu connue au Canada et soulève de nombreuses interrogations.
Charlaine Bouchard, professeur titulaire en droit de l’entreprise, participe au projet depuis les débuts l’été passé. Elle nous indique que le premier avantage de la chaine de blocs est la disparition des intermédiaires. C’est déjà le cas avec les bitcoins, il n’y a plus besoin de banque pour transférer de la monnaie d’une personne à une autre avec ce système. De cette façon, on peut éviter certaines dépenses. Elle donne l’exemple d’une transaction immobilière où le coût du courtier en immeuble peut être soustrait.
De plus, l’absence d’intermédiaires permet une certaine instantanéité. Si transférer de la monnaie dans un autre compte dans un autre pays peut demander plusieurs jours, ce n’est pas le cas avec le bitcoins. Elle ajoute même que le procédé pourrait être automatisé. Par exemple, une compagnie aérienne pourrait rembourser automatiquement tous ses clients si l’un de ses vols est annulé.
Le retrait des intermédiaires peut par contre amener plusieurs problèmes notamment en ce qui concerne à la concurrence déloyale. «Ça va probablement être encore pire», avertit la professeure.
Loïc Geelhand, un auxiliaire de recherche en droit qui participe au projet, rappelle que la chaine de blocs «à la base c’était contre l’état». Effectivement, le système, créé durant la crise financière de 2007-2008, était prévu pour le bitcoins et l’on souhaitait qu’il soit à l’abri de tout contrôle par l’état.
La chaine de blocs se caractérise aussi par sa transparence. Tous les utilisateurs d’une blockchain ont accès à l’ensemble des transactions du début à la fin. Si cela est très utile, l’effet est cependant à double tranchant. La professeure donne l’exemple d
Un système plus sécuritaire
D’un autre côté, le système se veut beaucoup plus sécuritaire qu’internet. Le risque de piratage extérieur est quasi nul puisque les données sont stockées à plusieurs endroits. Madame Bouchard précise que le réseau de Bitcoins n’a jamais été contrefait en dix ans.
«Le potentiel de cette technologie-là va bien au-delà des applications financières», lance-t-elle. La technologie est appliquée bien plus que pour de simples transactions. Par exemple au Ghana un cadastre a été créé sur une chaine de blocs, car il était très difficile pour eu d’avoir accès à des notaires. Il y a aussi des supermarchés qui tiennent des registres de cette manière pour retracer plus facilement la provenance de leurs aliments et des états comme la Suède qui mettent leur registre foncier sur une chaine de blocs.
Les organisateurs de l’initiative accusent d’un certain retard au Canada et au Québec sur cette technologie comparativement à d’autres pays. Ils cherchent à attirer d’autres étudiants et experts de l’Université pour les aider dans leurs recherches, mais surtout ils souhaitent que le public comprenne les enjeux et les opportunités qu’apportent ces technologies.