Chefferie d’Option nationale : une course bien amorcée

La course à la chefferie d’Option nationale vient de s’amorcer concrètement dans le but d’élire un successeur à Jean-Martin Aussant. Le premier de quatre débats a eu lieu le samedi 21 septembre dans l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins de L’Université Laval. Ce débat opposait l’ex-péquiste Jean-Claude St-André, professeur de philosophie du Campus Notre-Dame-de-Foy, Sol Zanetti et le musicien et blogueur politique Nic Payne. Le débat a donné lieu à des discussions abordant non seulement la vision des trois candidats sur le parti, mais aussi des sujets chauds de l’actualité québécoise.

Il fut ainsi question de la Charte des valeurs québécoises proposée par le gouvernement péquiste de Pauline Marois. Sur cette question, les candidats à la chefferie d’Option nationale sont en relatif désaccord avec le Parti québécois. Nic Payne et Sol Zanetti s’affichent d’ailleurs contre le maintien du crucifix à l’Assemblée nationale si le Québec opte pour un État laïque. Sol Zanetti, qui estime que le débat sur la laïcité est actuellement malmené au Québec, car rejoignant trop la question identitaire québécoise, à laquelle elle a plus ou moins rapport, il voudrait étendre la laïcisation aux institutions d’enseignement. Selon lui, la laïcité permet une liberté de pensée qui transcende les convictions religieuses de chacun et a une portée non seulement québécoise, mais aussi universelle. Pour Nic Payne, la laïcité réglerait définitivement la question des accommodements raisonnables au Québec. Jean-Claude St-André croit que la charte ne tiendra pas face à la Cour suprême canadienne et que pour cette raison, elle est une mauvaise idée.

L’ex-péquiste croit d’ailleurs que le projet d’une constitution québécoise, pour laquelle Sol Zanetti est lui aussi en faveur, est un bon moyen de contrer le cadre constitutionnel canadien. Pour Sol Zanetti, cette constitution devrait être entérinée par la population qui prendrait part à l’élaboration du projet de pays. Nic Payne, beaucoup plus discret sur la question de la constitution québécoise, veut que l’indépendance se fasse par une vaste coalition de tendances politiques unifiées par le projet indépendantiste. Les trois candidats insistent d’ailleurs pour rapprocher la population et les élus. Jean-Claude St-André y est allé d’une proposition d’assemblée mensuelle populaire de la part des députés dans leur circonscription respective. Par ailleurs, les trois candidats s’opposent à l’établissement d’une ligne stricte de parti dans leur rang, bien que selon Nic Payne les candidats doivent au minimum respecter le programme de leur formation politique.

C’est cependant dans le mode d’accession à l’indépendance qu’il y a davantage de divergence entre les membres du parti. Pour Sol Zanetti, l’indépendance doit passer par des gestes d’État tels que le congédiement du Lieutenant gouverneur, mais aussi par la signature de traités à l’international. L’indépendance doit se faire de facto, car selon lui le Québec a déjà la légitimité d’être un pays. Pour Jean-Claude St-André, l’élection d’Option nationale doit être une élection indépendantiste dans laquelle la population aura opté pour l’indépendance en votant un parti qui s’affiche comme tel. Pour lui, le projet référendaire du Parti québécois est voué à l’échec après les victoires du camp du non en 1980 et 1995. Il propose aussi d’envahir les champs de compétences fédérales, notamment dans le projet de création d’une caisse d’assurance emploi. Il faut ainsi, selon lui, mettre à l’écart le gouvernement fédéral de certaines juridictions. Nic Payne veut qu’un gouvernement d’Option nationale rapatrie les lois, les impôts et les traités, comme le proposait Jean-Martin Aussant. Ce projet risque de dépendre du contexte géopolitique et des circonstances afin de s’assurer que l’indépendantisme ait une majorité de voix. Selon Nic Payne, le Québec effectue des gestes d’État depuis la période de Duplessis et selon lui ce n’est pas nécessairement par ce genre de mesure que passera l’indépendance.

Ce premier débat a donc été une occasion pour les trois candidats de présenter leur vision du parti, mais aussi de la laïcité, de l’intégration des minorités culturelles québécoises et de l’accession à l’indépendance. Le second débat se déroulera à Sherbrooke le samedi 28 septembre prochain. Le nouveau chef devrait être élu le 26 octobre prochain.

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