Photo: Alice Beaubien

Référendum AELIÉS-UEQ : tensions autour du rôle du conseil exécutif

Adoptée en conseil d’administration en janvier, une proposition mandatant le conseil exécutif de l’AELIÉS afin d’effectuer « une représentation politique en faveur de l’affiliation à l’Union étudiante du Québec » fait réagir des membres de l’association. Après le dépôt d’une pétition réclamant la tenue d’une assemblée générale spéciale, les étudiant(e)s inscrit(e)s au cycles supérieurs seront appelé(e)s à discuter de cette question le 22 février prochain.

« On veut que les deux camps puissent avoir un soutien équitable », explique l’un des instigateurs de la pétition et étudiant à la maitrise en philosophie, Nicolas Pouliot, soulignant qu’une prise de position du conseil exécutif créé un « déséquilibre problématique ».

L’étudiant tient à clarifier que la démarche appuyée par 58 signataires critique le processus référendaire, et qu’il ne s’agit pas de se positionner face à l’UEQ. « Avant d’être pour ou contre l’UEQ, il faut statuer ensemble sur comment on veut que ce référendum soit organisé et que les acteurs principaux s’organisent », indique-t-il.

« Par l’adoption d’une telle proposition, le conseil exécutif inverse la boucle démocratique, poursuit Nicolas. On nous incite à prendre une position, alors que c’est nous qui devrions décider des positions politiques de l’association. »

Enjeu éthique qui « saute aux yeux »

Pour l’association des chercheurs et chercheuses en philosophie (ACEP), derrière la pétition, l’AELIÉS se trouve dans une situation délicate en organisant le référendum tout en étant en faveur de l’un des camps. Selon Nicolas Pouliot, « tout personne le moindrement informée pourra le comprendre ».

« On le sait tous que l’exécutif est en faveur de l’UEQ. En tant que représentant de l’AELIÉS, il y a une différence considérable entre avoir une position dans la sphère privée, et passer deux semaines à se mobiliser en faveur de l’UEQ », soutient-il, rappelant toutefois que les exécutant(e)s sont assez responsables pour donner des informations objectives aux étudiant(e)s.

Le même imbroglio est survenu cet automne lors du référendum de la CADEUL, alors que bon nombre d’étudiant(e)s ont critiqué la prise de position du conseil exécutif. Il faut toutefois rappeler que cette mesure avait justement été instaurée dans le but d’éviter d’éventuelles critiques, après que la neutralité du conseil exécutif ait été mis à mal lors du premier référendum en 2015.

« Ce double rôle là – à la fois organisateur du référendum et un membre en faveur d’un des camps – est difficilement conciliable, poursuit-il. Ça risque de confondre beaucoup d’étudiant(e)s. »

Des étudiant(e)s fantômes

La réalité des études supérieures est particulière, alors qu’une grande majorité des étudiant(e)s inscrit(e)s dans les programmes de maitrise et de doctorat sont, à un moment ou l’autre de leur parcours, physiquement à l’extérieur du campus, les rendant plus que difficile à joindre et mobiliser. Le double-rôle occupé par l’exécutif semble ainsi encore plus problématique.

« L’étudiant(e) inscrit(e) aux cycles supérieurs qui n’est pas très informé sur ce qui se passe à l’AELIÉS pourra difficilement distinguer l’exécutant de l’AELIÉS qui vient lui demander de voter en faveur de l’UEQ de l’exécutant qui l’informe sur la tenue du référendum », s’inquiète Nicolas Pouliot.

Discuter ensemble en assemblée

La question de l’affiliation à l’UEQ avait créé un climat de confrontation lors de la dernière assemblée générale de l’AELIÉS, alors que le référendum faisait partie du plan directeur de l’association, sur la recommandation du conseil d’administration. Plusieurs avaient souligné le caractère particulier de la manœuvre, étant donné la structure associative de l’AELIÉS, qui, bien qu’elle permette au conseil d’administration de faire de telles propositions, suggère que les orientations politiques émanent de l’assemblée générale.

En prévision de l’assemblée de jeudi, Nicolas Pouliot entretient des attentes modestes. D’abord, il espère que le quorum de 50 personnes sera atteint, mais surtout, maintenu. C’est de cette manière qu’il entend convaincre les sceptiques. « On a tout un argumentaire qui sera présenté lors de l’assemblée générale », mentionne l’étudiant.

 « Si l’AELIÉS a pleinement confiance en son projet, qu’elle laisse les étudiants décider eux-mêmes sans faire pression pour l’une ou l’autre des options », conclut-il.

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