Un incident en administration est venu ternir la semaine universitaire d’intégrations. « Il n’y avait toutefois absolument rien de lié aux agressions sexuelles », selon le directeur de la Direction des services aux étudiants, Denis Bussière.
En collaboration avec Henri Ouellette-Vézina
Cette année à l’Université Laval, les initiations avaient été directement ciblées comme des activités potentielles « risquées », où pouvaient survenir des actes de violences ou de harcèlement sexuel. La direction avait même pris différents moyens pour diminuer les risques.
Le 3 septembre, une activité d’intégration organisée par l’Association des étudiants en sciences de l’administration de l’Université Laval (AÉSAL) a donné droit à certains écarts de conduite à caractère sexuel.
Au Domaine du Radar, en Beauce, certaines étudiantes avaient des inscriptions dans le visage telles que « anal », « fuck girl » et « j’veux un bat ». Les photos avaient été rendues publiques par l’entremise de la page Facebook Photo Ludovic Gauthier, le photographe officiel de la journée. Elles ont toutefois été retirées depuis.
Rétroaction immédiate
Toutes les associations étudiantes ont été rencontrées au courant des dernières semaines afin de les sensibiliser aux différents gestes pouvant être posés durant les activités d’intégration.
« On les accompagne. On leur dit ce qui est permis, ce qui n’est pas permis, poursuit M. Bussière. Même si les responsables de l’AÉSAL ont tenté d’éviter tout débordement, ils sont conscients que leur travail n’était pas parfait. »
L’Université Laval a donc décidé de sévir en obligeant le groupe d’étudiants fautif à fournir tous les scénarios détaillés des activités prévues au courant de la prochaine année. Quelques heures auparavant, Denis Bussière affirmait que « dans ce que j’ai vu des photos malgré tout, il n’y a rien qui contrevient à la loi ».
« Cette mesure permettra un encadrement encore plus serré tout au long de l’année avec les organisateurs et les étudiants », précise la porte-parole de l’Université Laval, Andrée-Anne Stewart. L’Université Laval prend très au sérieux tout débordement rapporté. Nous sommes déterminés à continuer notre travail auprès de nos étudiants en qui nous avons confiance. »
Même si l’activité s’est tenue à l’extérieur du campus, les exécutifs demeuraient responsables des actions et des gestes posés. « Tant qu’il y a le nom de l’Université Laval à l’autre bout, c’est l’image de l’Université Laval et nous en sommes responsables », souligne M. Bussière, insinuant ainsi que l’institution a toujours le dernier mot.
Geste isolé ?
Mme Stewart parle tout de même « d’actions de prévention et de sensibilisation» et de « gestes posés tout au long de l’activité » par le comité exécutif de l’AÉSAL afin de sensibiliser les étudiants à ce genre de débordement.
« En dépit de leur bonne volonté et des nombreuses actions posées, quelques individus ont toutefois choisi de se prêter à des activités de mauvais goût », explique-t-elle. Même si le comportement douteux d’une poignée d’individus ne reflète pas celui de l’ensemble de nos étudiants, cet incident confirme l’importance de poursuivre nos efforts de prévention et de sensibilisation auprès de notre clientèle. »
L’AÉSAL affirme de son côté que de nombreuses mesures préventives avaient été mises en place pour éviter le pire. « Malheureusement, notre travail n’était pas parfait et nous l’assumons. L’AÉSAL a toujours travaillé en collaboration avec la Faculté pour l’organisation de ses événements et nous comprenons leur décision d’ajouter au processus d’approbation », a réagi l’association.
Le groupe invite également quiconque qui se serait senti « mal à l’aise ou poussé à participer à quelconque activité » de rejoindre le Centre d’aide aux étudiants, spécialisé en la matière. Le Centre de prévention et d’intervention en matière de harcèlement (CPIMH) demeure également disponible pour toute question.
Une première semaine sans incidents majeurs
Soulignons toutefois que la première semaine universitaire, durant laquelle plusieurs activités d’intégration ont eu lieu, s’est bien déroulée dans 98% des cas. 300 personnes avaient été formées dans le but d’être outillées à bien faire face aux problèmes de consommation d’alcool et de violence à caractère sexuelle.
« Le 2% où on a eu certains petits problèmes, c’était lié à la consommation d’alcool principalement », indique M. Bussière, rappelant qu’une ligne téléphonique anonyme était disponible pour porter plainte.
L’objectif premier des intégrations, soit celui de créer des liens entre tous les étudiants, semble donc avoir été atteint. Le travail de l’Université est de suivre et de coordonner le processus. « On suit de près, on travaille avec les associations », poursuit M. Bussière.
Étant conscient que ce sont des adultes qui participent aux intégrations, le directeur des services aux étudiants tient à rassurer la communauté en affirmant que l’Université Laval ne voulait pas faire la police et suivre les gens tout le temps. « L’interdiction, ça ne marche pas! Les activités d’intégration doivent évoluer dans le temps, comme la société a évolué », lance-t-il.
La suite des choses
Alors que la première semaine est terminée, l’Université Laval rencontrera les associations étudiantes et les facultés qui ont vécu des problèmes. « Dans notre expérience, il y a des associations où il n’y a jamais eu de problème. Qu’ils continuent comme ça », constate Denis Bussière.
L’institution universitaire transmettra également un sondage à tous les nouveaux étudiants, qui fera un retour sur les activités d’intégration. Recueillant un taux de participation d’environ 15%, ce qui est assez significatif selon Denis Bussière, la direction colligera l’information et la transmettra aux différentes associations étudiantes. « À partir de ces informations-là, on peut voir qu’il y a eu un problème avec x, y, z groupe », poursuit-il.
« Corrigez votre affaire, améliorez-vous » sera le message envoyé, affirme-t-il, soulignant qu’il existe bel et bien une différence entre un geste d’une évidence certaine, pouvant aller jusqu’à un décès, et la consommation d’alcool excessive. « Il faut que ce soit significatif, qu’il y ait quelque chose de déplorable » pour sévir de manière radicale, a-t-il expliqué.