Une manifestation s'est tenue le 22 décembre dernier dans Limoilou pour dénoncer la nouvelle réglementation proposée. Crédit photo : Félix Étienne

Les taux de nickel dans l’air inquiètent dans Limoilou

La volonté du gouvernement québécois d’augmenter les normes quotidiennes d’émissions de nickel dans l’air continue de semer l’inquiétude dans Limoilou. Une rencontre virtuelle d’information et de mobilisation visant à dénoncer la décision gouvernementale a fait salle comble.

Le gouvernement du Québec avait annoncé le 17 décembre 2021 son intention d’augmenter cette norme de 14 à 70 ng/m3 de particules de nickel par période de 24 heures. Depuis ce jour, l’opposition citoyenne se fait vive. Après avoir organisé une manifestation le 22 décembre 2021, la Table citoyenne Littoral Est a tenu, le 13 janvier en soirée, une assemblée publique visant à informer la population des quartiers centraux et à organiser la mobilisation.

Compte tenu de la situation sanitaire, l’événement s’est tenu en format virtuel. Toutefois, plus de 150 personnes y étaient présentes, ce dont s’est félicitée la Table citoyenne Littoral Est, soutenant qu’elle aurait fait salle comble si l’assemblée s’était tenue en format présentiel. Parmi les participant.e.s, plusieurs élu.e.s représentant le secteur de Limoilou ont fait acte de présence, dont les député.e.s Julie Vignola et Sol Zanetti, de même que le chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville, Claude Villeneuve, et la cheffe de Transition Québec, Jackie Smith.

Une « tueuse invisible »

L’événement a débuté par une conférence donnée par Johanne Elsener, présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement. La conférencière a expliqué en long et en large les impacts dévastateurs pour la santé publique qu’entraînent la pollution de l’air. Celle-ci causerait en moyenne près de 300 décès prématurés par année à Québec, en augmentant l’incidence des cancers pulmonaires et des maladies cardiovasculaires et respiratoires. De plus, une faible qualité de l’air augmenterait le risque chez les enfants de souffrir d’asthme, mais aussi d’autisme et de retards de développement cognitif, en raison des lésions au cerveau causés par les particules fines. Au Canada, 62 % des émissions de particules fines seraient causées par le secteur des transports.

Pour ce qui est des particules de nickel, ces dernières sont également associées à des cancers précoces, dépistés en grand nombre chez d’anciens travailleurs de l’industrie y ayant été fortement exposés. De forts taux de nickel dans l’air pourraient accroître le risque de souffrir d’hypertension ou de la maladie d’Alzheimer, selon de récentes recherches, en plus de causer des symptômes chez les personnes souffrant d’allergie cutanée au nickel, une situation qui concernerait de 10 à 15 % de la population.

À Québec, le Port de Québec est le principal responsable des émissions de particules de nickel. La ville de Québec constitue une plaque tournante de cette industrie : le nickel extrait de la mine Raglan, exploitée par la minière Glencore, y transite, avant d’être traité à Sudbury INO, puis réexpédié à Québec pour être finalement envoyé à l’affinerie Nikkelverk, en Norvège.

Selon Véronique Lalande, porte-parole de l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec, plusieurs activités portuaires différentes entraînent des émissions de particules de nickel. Or, lorsque les vents soufflent du nord-est, ces particules fines se retrouvent en grande concentration dans les quartiers de la basse-ville de Québec. À un point tel que, selon des données collectées par l’Initiative citoyenne, le taux de nickel moyen dans l’air de Limoilou s’élèverait à 12 ng/m3 par année, ce qui serait sept fois plus élevé que la moyenne canadienne.

Dans ce contexte, la hausse proposée des normes de nickel passe très mal. Mme Lalande a expliqué que cette décision découle d’un processus de révision réglementaire enclenché en 2016 à la demande de l’industrie minière. Cette dernière jugeait trop sévères les normes adoptées en 2013, dans la foulée de l’histoire des poussières rouges émises par le Port de Québec. Véronique Lalande, qui avait participé aux travaux préliminaires du comité de révision des normes réglementaires, dit avoir constaté que seuls les points de vue de l’industrie avaient été retenus au cours du processus.

Pour régler le problème des émissions de nickel dans l’air de Limoilou, l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec réclame de longue date la mise à couvert des activités de manutention et de transbordement du nickel. Une solution que rejette pour l’instant le Port de Québec. D’ici là, les organisations environnementales appellent les citoyen.ne.s de Québec à participer aux consultations publiques tenues au sujet de la révision réglementaire controversée, qui se dérouleront jusqu’au 10 février. Elles invitent également la population à faire part de son inquiétude au maire de Québec, Bruno Marchand. De leur côté, le conseiller municipal de Maizerets-Lairet, Claude Villeneuve, et la conseillère de Limoilou, Jackie Smith, déposeront conjointement au Conseil municipal, le 17 janvier, un avis de proposition demandant à ce que la Ville de Québec s’oppose officiellement à la nouvelle réglementation proposée.

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