Cri d’alarme lancé en médecine à l’Université Laval

Une étudiante en médecine de l’Université Laval a dénoncé la pression et l’intimidation que subissent les étudiants lors des stages de formation dans les hôpitaux. Jessica Rheault s’est exprimé sur plusieurs plateformes avec l’objectif de détruire les tabous entourant la santé mentale.

La jeune femme de 24 ans affirme avoir vécu l’enfer lors de son stage d’externat en médecine. Comme plusieurs autres étudiants, elle s’est retrouvée épuisée et impuissante au cours de cette période. Après sept années en médecine, la jeune étudiante a ainsi dû abandonner son stage et prendre une pause dans son parcours professionnel à la suite d’une dépression majeure.

« D’abord, avec de la chance, tu ne fais qu’une cinquantaine d’heures de stage par semaine. Ensuite, on inclut les études et les examens à travers ça. C’est rare qu’on en ait pour moins de 70 heures par semaine », assure la jeune femme. Il serait donc impossible, selon elle, de s’offrir une qualité de vie et des nuits de plus de cinq heures.

L’étudiante au Doctorat en médecine désire faire tomber certaines idées préconçues entourant le bien-être mental des professionnels du milieu de la santé. « Oui, les soignants peuvent aussi être malades. Il faut arrêter de croire que l’on est si bon. Nous aussi on peut vivre des échecs », affirme-t-elle.

Malgré certains discours rapportés dans les médias, Jessica ne met pas la faute sur les médecins ou les professionnels du milieu. « Le problème, ce n’est pas les médecins. Ils sont tous aussi au bout du rouleau », explique l’étudiante.

Ce serait plutôt les quotas imposés par le gouvernement qui pèsent lourd sur les épaules des professionnels de la santé. Pour répondre à la demande du gouvernement, un médecin doit actuellement passer un maximum de sept à dix minutes avec un patient. « Ils ont l’air inhumains, mais il y a tout un système en arrière qui nous demande d’être tellement performant », avoue-t-elle.

Moins d’argent, plus de temps ?

Jessica Rheault avance que les médecins devraient être moins payés en vivant toutefois dans un meilleur environnement. « Une majorité de médecins ferait le même travail avec un salaire moindre, mais des conditions de travail qui ont du sens », estime-t-elle, soulignant que le salaire est souvent un élément évoqué pour justifier les piètres conditions de travail et la qualité de vie qui en découle.

Couper dans les salaires pour engager plus d’effectifs augmenterait considérablement la qualité de vie des médecins, selon la jeune femme. « Il y a plein de jeunes qui finissent leur doctorat en médecine et qui ne trouvent pas d’emploi au Québec parce que les hôpitaux n’ont pas les moyens de les engager », soutient-elle.

Direction présente pour ses élèves

La Faculté de médecine de l’Université Laval se dit très sensible aux problèmes de santé que peuvent vivre certains de ses étudiants. En réponse à cette problématique, le département s’est doté d’une direction des affaires étudiantes.

« Cette dernière a pour rôle de soutenir les étudiants de tous les programmes et de promouvoir leur adaptation aux différentes étapes de leur formation professionnelle », rappelle la direction de la faculté. Le mandat comprend le dépistage, la prévention et l’intervention auprès des élèves.

« Un de nos principaux défis est de briser la barrière du silence et faire en sorte que les étudiants qui souffrent d’anxiété, de détresse ou d’autres problèmes personnels nous en parlent le plus tôt possible », poursuit la direction. Une aide personnelle et confidentielle est donc toujours à la portée des jeunes.

La faculté désire rappeler aux étudiants qu’ils doivent d’abord et avant tout prendre soin d’eux-mêmes en préservant un équilibre de vie. Jessica Rheault croit cependant que seulement ceux qui parviennent à fonctionner avec des nuits de cinq heures arrivent à trouver des moments pour maintenir un équilibre.

FMEQ au coeur des débats

La Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) anticipait « que cette bulle allait éclater », admet la présidente, Jessica R. Laliberté. À la suite des événements de cette semaine, le groupe affirme que la priorité demeure la même : rappeler à ses membres que toutes les ressources sont mises à leur disposition.

Depuis deux ans, la notion de bien-être est de plus en plus présente dans les départements de médecine, estime la FMEQ. « Des pas de géants ont été faits. Il y a maintenant des moyens pour signaler des situations vécues et dénoncer des surcharges de travail », souligne l’organisation.

Or, le travail à faire en milieu hospitalier ne relève pas des universités. La FMEQ croit plutôt que la solution est d’ordre gouvernemental. « On doit mettre des ressources d’aide dans ces départements hospitaliers pour que les équipes soient moins sous pression. Engager deux infirmières de plus sur une équipe ne relève pas des facultés de médecine », explique la présidente.

Auteur / autrice

Consulter le magazine