Chaque année, des centaines d’étudiants de l’Université Laval se lancent dans une course aux stages effrénée, au même moment où d’autres débutent leur carrière professionnelle. Se manifestent alors stress, fébrilité, incertitude et bouche sèche. Tous iront frapper à la porte d’entreprises qui pourraient leur offrir une expérience professionnelle dans leur domaine et des défis à la hauteur de leurs ambitions. Par quelle étape primordiale devront-ils passer, sans exception? L’entrevue. Des recruteurs se sont livrés avec franchise et dynamisme à un exercice inversé. Pour vous, Impact Campus est allé les interviewer sur… les entrevues!
Premier arrêt de quatre : Ubisoft
Passion et préparation : deux incontournables
Si elle avait une recommandation à fournir au sujet des entrevues, Véronique Lessard la formulerait ainsi : « Pratiquer avant et rester soi-même pendant. Personne ne veut avoir de surprises. Si tu me parles de tes défauts et de tes qualités, je t’embauche en pleine connaissance de cause avec tes qualités et tes défauts. » La recruteuse senior a accepté de nous transmettre ses judicieux conseils…
Un point faible… Lequel nommer?
La formule est certes connue, mais vous êtes-vous déjà prêté au jeu? Si vous aviez à identifier un de vos points faibles ou défauts en entrevue, lequel choisiriez-vous? Entendons-nous, la recherche d’une réponse s’accompagne inévitablement d’une certaine préoccupation à ne pas se porter préjudice. Opteriez-vous alors pour le traditionnel « perfectionniste »? À ce sujet, Véronique est catégorique, excluez cette option : « On ne devrait pas dire le point faible perfectionniste, c’est un mythe. Les gens en parlent et disent qu’il ne faut jamais dire ça, sauf que 9 personnes sur 10 le disent. » Elle indique que lorsqu’un candidat lui répond ainsi, elle creusera plus loin pour obtenir ce qu’elle juge être une « vraie réponse ». À retenir : une dose supplémentaire d’originalité s’impose! Elle poursuit en nous indiquant qu’il est nécessaire d’anticiper cette question et de savoir comment y répondre. « Quand on demande des qualités et des défauts, c’est important d’en avoir préparé, de savoir quoi répondre et d’être honnête. » Elle fournit ensuite un exemple de réponse appropriée, qui ne compromettrait pas sa réussite « Quelqu’un qui dit que dans la vie il est désorganisé, mais qu’au travail, ça fait des années qu’il utilise son agenda, des post-its, et qu’il s’arrange pour que ça ne lui nuise pas. » Elle soutient également que l’on doit toujours dire un défaut qui est réellement le nôtre.
Veston, cravate?
À la question « Qu’est-ce que vous apprécierez ou au contraire n’apprécierez pas en ce qui a trait à la tenue vestimentaire? », Véronique recommande de chercher à découvrir quelle est la culture de l’entreprise concernée et de s’y adapter. « C’est vraiment important de lier son processus d’entrevue et sa préparation au type d’entreprise où l’on doit faire son entrevue. En fouillant, c’est certain que les gens peuvent trouver des informations sur le profil de ressources humaines qui se retrouveront devant eux. » Internet se révèle dès lors un outil stratégique.
La bonne attitude à adopter
En ce qui a trait à la façon de se comporter en entrevue, la recruteuse insiste sur la nécessité de démontrer un intérêt prononcé pour l’entreprise au sein de laquelle on souhaiterait œuvrer. « C’est important de démontrer qu’on veut vraiment travailler pour l’entreprise. On sait que les gens postulent à différents endroits, mais pendant l’entrevue, on aime à penser qu’ils ont juste postulé chez nous. » De plus, il est à son avis essentiel d’ajuster sa conduite en fonction du type d’emploi que l’on sollicite. Lorsque nous lui avons demandé si elle considérait le charisme comme une « valeur ajoutée », Véronique nous a offert une réponse nuancée : « Certainement. En fait, c’est que le charisme vend n’importe quel poste, mais il peut aussi nuire si on creuse et qu’on se rend compte que finalement il n’y a rien derrière la façade. » Pour les plus timides, elle se fait rassurante : « Si j’étais timide dans la vie, je commencerais mon entrevue en disant très honnêtement que je suis quelqu’un de gêné. Donc, que si parfois je prends un peu plus de temps pour répondre à la question, c’est simplement parce que j’y réfléchis et non parce que je ne connais pas la réponse. J’essaierais de le dire au début de l’entrevue, comme ça tout le monde le sait et ça peut faire un poids de moins sur les épaules. »
Attention! À ne pas faire
Les idées se bousculent, les palpitations s’accélèrent, le moment approche… Que faut-il absolument éviter? « Il ne faut pas parler en mal de l’entreprise dans laquelle on est présentement. Ensuite, on n’amène pas sa mère en entrevue, c’est spécial, mais il y a des gens qui le font, arriver ici avec leur mère, avec leur blonde. Évidemment, on ne sacre pas, la façon dont on s’exprime est très importante. On n’arrive jamais en retard! Pour moi, quelqu’un qui arrive en retard à une entrevue, c’est terminé, à moins qu’il ait vraiment une bonne raison et qu’il s’excuse. Aussi, on fait attention pour ne pas lever le ton. On ne parle jamais par-dessus le recruteur. » Finalement, prêtez attention à votre langage non verbal : « Il ne faut pas s’accoter sur la table, ne pas être très sur l’avant, vers le recruteur, parce que ça rentre beaucoup dans sa bulle. En fait, personnellement ça me fait reculer et instantanément me fait dire que c’est quelqu’un qui entre facilement dans la bulle des gens, dans la vie. » À retenir aussi que le grattage de nez peut être associé au fait de mentir.
L’heure tourne… Entrevue dans 3 heures!
Que faire dans les trois heures précédant le moment fatidique? « Tout dépend du type de personnalité que l’on a. On peut revisiter le site de l’entreprise et aller voir, sur LinkedIn, le profil de la personne qui nous interviewe. » Pour ceux qui maîtrisent mieux leurs émotions: « Si on n’est pas stressé, on peut revoir son CV, se remettre dans le bain, s’assurer de bien connaître l’entreprise. » Pour ceux qui se sentent plutôt submergés par elles : « Si on est stressé, on peut se reposer encore une fois des questions, peut-être faire une activité qu’on aime, qui nous détend comme faire du yoga, méditer. »
Vous souhaitez en apprendre davantage? Savoir, par exemple, si votre présence en ligne peut vous nuire ou comment vous distinguer face à d’autres candidats? Suivront dans les quatre prochaines semaines une série d’articles faisant intervenir des recruteurs de domaines diversifiés, tels la gestion, la finance et le génie. La semaine prochaine, ce sont les domaines des communications et de la culture qui seront à l’honneur!
EN BREF
Qui est Véronique Lessard?
Recruteuse senior en mandat chez Ubisoft Québec, elle a travaillé 6 ans chez Beenox et 1 an chez Desjardins sécurité financière. Elle a complété son baccalauréat en ressources humaines à l’Université Laval.
Les quatre profils recherchés chez Ubisoft : des métiers artistiques, de conception, d’informatique et de management.
Les qualités premières? Passion, créativité, compétence et habiletés à travailler en équipe!