En collaboration avec le Centre de Parrainage civique de Québec, Vrais copains Université Laval promeut des amitiés entre des personnes atteintes de déficience intellectuelle et des étudiants. Bien plus que du bénévolat, c’est une expérience sociale et humaine. Témoignages.
« L’objectif est de tisser des liens entre des étudiants et des personnes de la communauté autour qui ont des handicaps intellectuels principalement, explique Marie-Claude Gagnon, doctorante en chimie et présidente de l’association Vrais copains UL depuis 2013. Le mandat est de tisser des liens d’amitié pour aider ces personnes à progresser dans la société : à se faire plus accepter, à abolir les tabous qu’on a par rapport à ces personnes, et aussi briser leur isolement social. »
Comme le rappelle l’étudiante, l’entourage des personnes souffrant de ce genre de handicap reste souvent limité aux sphères familiale et médicale. « Il n’y a souvent pas grand monde de leur entourage qui est considéré comme simplement des amis. Ça, ça va vraiment faire la différence dans leur vie », poursuit celle qui s’implique auprès de l’association depuis le cégep.
Construire une amitié sincère
Son parrainage avec une dame âgée de 65 ans souffrant d’une déficience intellectuelle légère dure depuis trois ans. Au programme de leurs rencontres et de leurs échanges, elles font « des activités très simples : on joue aux cartes, on dessine, on écoute la télé, on prend une marche ».
Les jumelages se font par l’entremise du Centre de Parrainage civique de Québec qui recense les personnes ayant une déficience intellectuelle voulant participer au programme et qui organise les échanges avec les étudiants. Après une première rencontre en compagnie des intervenants, le jumelage commence vraiment et les paires sont appelées à se rencontrer une à deux fois par mois, quand elles le souhaitent. « Il y a quand même beaucoup d’autonomie dans ce bénévolat-là. Généralement, on demande une fois aux deux semaines. Mais c’est flexible. Si on a des sessions d’examens par exemple, on peut repousser. On comprend la dynamique de ce que c’est qu’être étudiant. Mais il faut être un minimum engagé. L’important, c’est de garder le lien », commente Marie-Claude.
La simplicité des rencontres, c’est aussi ce que dépeint Marie-Corinne Cyr, ancienne étudiante en linguistique à l’Université Laval et initiatrice de l’association Vrais copains UL. Depuis 2009, la jeune femme est jumelée à une femme aujourd’hui âgée de 36 ans. « On communique par textos et tout. On a des rencontres ici et là, comme aller au cinéma, etc. Aussi parfois, c’est de l’aide, comme l’accompagner à aller faire son épicerie. C’est vraiment une petite amitié. La routine, c’est de se parler deux fois par mois. Et au moins une activité par mois. On garde toujours le contact », raconte-t-elle.
Pour Jonathan Légaré, étudiant au certificat en dépendances, l’aventure auprès de Vrais copains, qu’il vit depuis un an, est un franc succès. « Je travaille comme intervenant en déficience intellectuelle, donc je suis déjà plutôt sensibilisé à ces personnes qui ont tellement un grand cœur, et qui ont une façon plus simple que nous de voir la vie », relate-t-il. Ses attentes et engagements étaient et demeurent de briser l’isolement social de ces personnes et de revaloriser leur estime de soi.
Cet étudiant voit une grande différence entre ce jumelage et son travail d’éducateur spécialisé : « Ça me sort de mon contexte, qui est très protocolaire. Ce que je trouve bien avec Vrais copains, c’est que, oui il y a des limites à respecter, mais d’abord et avant tout, on apprend à devenir amis avec cette personne-là. Autant on peut être significatif pour elle qu’elle peut l’être pour nous. »
« Aujourd’hui, je peux dire que la personne avec qui je suis jumelé depuis un an, c’est vraiment quelqu’un d’important dans ma vie, quelqu’un que j’essaie d’intégrer à ma famille, à mes activités », poursuit l’étudiant.
Une expérience humaine avant tout
Ce qui ressort de tous ces témoignages est leur sérénité et leur sincérité. Tous se sentent grandis de par leur expérience avec l’association Vrais copains. « Humainement, c’est bien de voir la progression de l’échange et de se sentir utile. Ça apporte quelque chose en soi. Il faut aider ces personnes à se dépasser et on voit qu’on peut faire la différence », affirme Marie-Claude Gagnon.
Pour Marie-Corinne Cyr, ces rencontres sont sa « petite bulle d’air frais » : « C’est fascinant. Ce n’est pas juste apporter de l’aide, c’est beaucoup plus. Avec eux, on apprend plein de choses. La petite légèreté qui règne avec les déficients intellectuels, c’est spécial. Il y a une belle petite naïveté qui fait que pendant une heure de l’activité par exemple, tu ne penses à rien d’autre qu’à toi-même. On est vraiment dans le moment présent. »
Jonathan Légaré voit quant à lui une belle continuité à son travail d’éducateur spécialisé : « D’habitude au travail, on a des objectifs à atteindre, alors que là c’est donnant-donnant. C’est bien, ça redonne de l’humanité à ce que je fais. » Son filleul se dit également enchanté de cet échange : « Il est fier et content. Il est reconnaissant de ce qu’on fait et que je sois dans sa vie aussi », confie Jonathan.
« Moi, depuis que je fais ça, ce que j’ai compris, c’est qu’au-delà de l’étiquette, au-delà du handicap, au-delà du diagnostic, c’est une personne comme vous puis moi. Finalement, le handicap, c’est la première chose que tu oublies quand t’es en contact avec la personne. Et on gagne tellement à la découvrir ! », conclut-il.