Perpétuer la «roue philanthropique»

Être un bénéficiaire de la philanthropie et devenir philanthrope à son tour : les étudiants de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique (FFGG) sont des jeunes particulièrement engagés dans leur milieu et donnent de leur temps et de leur expertise pour agir et faire une différence dans leur communauté.

C’est simple : sans le soutien des bourses, il serait beaucoup plus difficile pour les étudiant(e)s, voire impossible, de s’impliquer autant dans leur milieu d’études. « À la FFGG, il y a un très grand engagement bénévole des étudiants. Donner de son temps, c’est ce qui constitue aussi la philanthropie », souligne la directrice du développement philanthropique de la Faculté, Carole Girard.

Les étudiant(e)s rencontré(e)s sont tous reconnaissant(e)s d’avoir vu leur expérience académique bonifiée grâce aux différents fonds, que ce soit en participant à un congrès ou à une compétition à l’extérieur du Québec, en organisant un évènement d’envergure sur le campus ou en prenant part à un projet de recherche stimulant… en canot dans le Grand-Nord.

Impact Campus, en collaboration avec La Fondation de l’Université Laval, vous présente cinq étudiant(e)s aux parcours fascinants qui ont bénéficié de la culture philanthropique et qui espèrent voir un nombre croissant de leurs collègues joindre l’épaule à la roue.

Benjamin Lauzière

Génie géomatique

Photo : courtoisie

Participer à une simulation des déplacements de population en raison d’un conflit armé en Colombie, ce n’est pas un projet très courant. Voilà l’humble défi lancé à Benjamin Lauzière, étudiant en génie géomatique, et ses coéquipiers Vincent Patenaude et William Pomerleau pour représenter « les gaulois » lors de la National geomatics competition qui se tenait à Calgary et qui regroupait des étudiant(e)s d’autres universités canadiennes prestigieuse.

« Cette année, comme c’était la dernière de notre parcours, on s’est dit : on se lance ! », raconte Benjamin. « On a discuté avec le département et grâce à la bourse du Fonds d’enseignement et de la recherche (FER), on a été capable de participer. »

« On a un très bon programme, poursuit-il, l’un des seuls en génie géomatique. Ça nous a permis de démontrer que la géomatique se fait aussi en français. » Deux équipes, pour un total de six étudiants, représentaient l’Université Laval dans cette épreuve d’une durée de six heures. Les équipes devaient détecter les endroits les plus propices pour y installer des personnes déplacées et établir une stratégie cadastrale en prenant en considération différents facteurs sociaux, économiques et culturels, à l’aide de la télédétection et de l’imagerie satellitaire. « C’était un projet assez complet. On avait six heures pour concevoir la solution. Ça peut paraitre beaucoup mais ça passe super vite. On avait une bonne chimie d’équipe et c’est pour ça qu’on a été capable de finir.» La compétition était aussi une excellente occasion pour les étudiants et les professeurs de développer un réseau de contact, notamment afin de poursuivre aux cycles supérieurs.

Guillaume Moreau

Photo: courtoisie

Doctorat en sciences forestières

Guillaume Moreau, étudiant au doctorat en sciences forestières est passionné d’expéditions et de grands espaces depuis toujours. Son goût pour l’aventure a pu se combiner à un projet de recherche motivant grâce à des bourses de sa faculté.

C’est au Nunavik que se déroule cette aventure exceptionnelle, le temps d’une expédition scientifique de 65 jours « à pagayer au travers de des icebergs gros comme le pavillon, avec des ours polaires et des baleines ».

Imaginez parcourir 1600 km en canot sur les rivières George et DePas (qui peuvent parfois avoir 2km de large) en pleine crue des eaux, de Scheferville (QC) jusqu’au village inuit de Nain (TN-L), afin de récolter des données sur l’adaptation de la forêt boréale face aux changements climatiques… Ce n’est que récemment que Guillaume a pu combiner sa passion nautique avec ses activités académiques, en compagnie de cinq amis. « Je fais des expéditions depuis très longtemps, très jeune dans un camp de vacances, se souvient Guillaume. C’est la première fois que je combinais la science. Les bourses nous ont vraiment permis d’allier le plaisir à la recherche.»

« Grâce à ces rivières là, la forêt boréale, qui atteint sa limite un peu après Schefferville se poursuit sur plus de 400km vers le Nord, explique-t-il. ­Ça se dirige de plus en plus vers des zones où le climat limite normalement la croissance de ces arbres, à limite de ce que l’espèce peut endurer. Le Nunavik, depuis les années 80, est l’un des endroits où les changements climatiques ont été les plus marqués au Canada. »

Une fois la cueillette des échantillons de bois complétée, c’est « un chapeau d’Indiana Jones » que les six amis ont revêtu, afin de localiser et de photographier des sites archéologiques peu accessibles détenant un grand potentiel de recherche. «On en a trouvé plein, dont trois sites majeurs avec une centaine de ruines de maisons, des tombaux», ajoutant au passage que ceux-ci n’avaient jamais été répertoriés auparavant et qu’ils auraient joué un rôle important dans le commerce du quartzite de Rama, une pierre utilisée dans la construction de pointes de flèche et de lance, qu’on a retrouvée jusqu’en Virgine. Depuis leur retour, les six étudiants ont rejoint environ 4 000 personnes, notamment dans les écoles secondaires, à travers une quarantaine de conférences de vulgarisation. Une façon «d’inspirer les jeunes et de redonner à leur communauté.»

Pour en savoir plus : www.expeditionakor.com

Émilie St-Jean­

Maitrise en sciences forestières

« Émilie, c’est le gros cerveau du laboratoire » indique sans hésiter son collègue Guillaume Moreau à propos d’Émilie St-Jean, étudiante à la maitrise en sciences forestières. Les bourses d’études peuvent changer le cours d’une vie, allumer la flamme de la recherche chez des personnes talentueuses, brillantes et allumées souvent trop humbles pour s’en rendre compte.

Émilie Saint-Jean et Évelyne Thiffault Photo: courtoisie

« Les bourses me permettent clairement de me démarquer comme femme dans un milieu traditionnellement masculin, nuance Émilie. La bourse de l’association des femmes diplômées de l’Université Laval a été le début de mon implication. J’étais un peu impressionnée et j’avais besoin d’avoir une lettre de référence. Je suis allée voir la professeure Évelyne Thiffault qui est l’une des seules femmes qui enseigne en foresterie. Elle était enthousiaste et elle m’a aussi permis de travailler dans mon domaine pendant l’été.» Bien que la proportion d’hommes et de femmes dans les programmes de la Faculté tende à s’équilibrer, la réalité du marché du travail est encore toute autre.

«Les gens ne sont pas encore habitués de voir des femmes partir seules en forêt, soutient Émilie. Ce n’est pas nécessairement tout le monde qui comprend pourquoi on aime ça aller se promener dans le bois avec seulement un GPS dans les mains. C’est vraiment cool en fait… je ne comprends pourquoi il faudrait genrer cette activité-là!»

L’étudiante originaire des Laurentides s’intéresse à l’avenir des érablières et de la forêt feuillue dans un contexte de changements climatiques et globaux (migrations d’espèces, insectes, maladies, transport des marchandises), alors que les populations de hêtres remplacent progressivement l’érable à sucre lors de la repousse, ce qui influence l’industrie forestière et acéricole. Les bourses lui permettent de vivre pleinement sa passion et de s’y concentrer à temps plein. « J’ai grandie avec la forêt. À un moment donné, j’ai réalisé que c’était là-dedans que je voulais travailler, que l’aspect terrain, plutôt que de me faire peur, me stimulait encore plus. »

Mahée-Ly Bouchard

Baccalauréat intégré en environnement naturel et aménagé

 

Photo : courtoisie

L’Institut forestier du Canada tient chaque année son congrès annuel qui regroupe des représentants de tous les métiers de la forêt, afin de réfléchir de manière transdisciplinaire à l’avenir de la principale ressource renouvelable au Canada. L’idée d’y participer a germé dans l’esprit de Mahée-Ly Bouchard, Gabrielle Côté et Renée Ferland-Boileau au mois de mai l’année dernière. Le soutient du FER a été essentiel afin de se rendre à l’évènement qui se tenait à Grande-Prairie, en Alberta. Mahée-Ly encourage les étudiant(e)s à prendre les devants dans la mise en place de projets tandis que la faculté est disposée à soutenir les initiatives de ses membres. « Ça peut inciter d’autres étudiants à vivre la même expérience, à avoir un point de vue éco-systémique, qui prend en compte l’ensemble des approches disciplinaires, explique Mahée-Ly. Ça permet de voir les enjeux à une autre échelle. En allant là-bas, on peut constater ce qui intéresse les étudiants des autres provinces dans une multitude de domaines. »

Pendant les trois jours de conférence, l’étudiante au baccalauréat intégré en environnement naturel et aménagé a pu trouver sa niche pour poursuivre ses études aux cycles supérieurs, elle qui débute bientôt une maitrise en sciences forestières financée par le conseil de la recherche en sciences humaines (CRSH). « En environnement, on nous enseigne la foresterie, mais très peu de notre point de vue, poursuit-elle. On nous l’enseigne à travers la lunette de la biologie, de l’aménagement forestier, de l’ingénierie, alors qu’en environnement, on prône une approche beaucoup plus globale. Je n’aurais probablement jamais fait cette maitrise là, qui combine les sciences humaines et les sciences naturelles, si je n’avais pas eu accès à la diversité des réalités exprimées lors du congrès.»

Minh Le

Baccalauréat en aménagement forestier

Le comité de la Semaine des sciences forestières. Minh Le, au centre. Photo : courtoisie

Pour une quatrième année, soit depuis le début de ses études à l’Université Laval, Minh s’implique dans l’organisation de la Semaine des sciences forestières, un évènement porté à bout de bras par une vingtaine d’étudiants depuis maintenant cinquante ans, qui vise à vulgariser les sciences forestières et à les valoriser auprès du grand public. « Ce n’est pas le secteur qui a la meilleure image, reconnaît-il. Tout le monde aime la forêt et a une perspective sur ce qu’on devrait faire avec. Nous, ce qu’on fait, c’est qu’on coupe des arbres. Il y a un travail de vulgarisation à faire auprès de la population.» Environ le quart du budget de l’organisation provient du FER et de la FFGG, ce qui permet de tenir le Salon de la forêt, qui est une activité ouverte au public et le Colloque Kruger, qui regroupe des professionnels des quatre coins du Québec. La Semaine des sciences forestières a d’ailleurs été nommée « meilleur évènement du campus » lors du dernier Gala de la relève en or.

«Tu le fais et tu espères que ça va encourager les autres à le faire, à perpétuer la culture.»

Selon Minh, l’implication rendue possible grâce à la culture philanthropique de la Faculté facilite l’intégration en plus de perpétuer un engagement sincère des étudiant(e)s. ll est sans équivoque quant à l’importance de la philanthropie pour lui et pour son programme d’étude : « c’est seulement en recevant des bourses, grâce aux dons, qu’on peut donner bénévolement de notre temps. Sans financement, ce serait impossible d’organiser d’aussi grandes choses. C’est la raison pour laquelle je suis entré dans le comité d’organisation de la semaine, à cause d’un autre philanthrope, Jean-François Bourbon, qui a lui aussi donné de son temps tout au long de son baccalauréat. »

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