Après Criterion (la plateforme de visionnement de films accessible via le site de la bibliothèque), on s’attaque à Audio Ciné Films. Le répertoire compte quelques centaines de films provenant des studios Disney, Marvel, Lionsgate, Pixar et plusieurs autres. La plupart des longs-métrages sont offerts avec une option de sous-titrage ou de doublage.
Par Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts et William Pépin, journaliste web
Avant toute chose, s’il faut souligner d’emblée un défaut de la plateforme, c’est son manque de diversité au niveau des réalisateurs. Ça ne sort pas beaucoup des sentiers battus, très peu de femmes réalisatrices, très peu de cinéma autre qu’américain.
Suggestions d’Emmy
Ralph Breaks The Internet
Avec Mulan, Inside Out, The Nightmare Before Christmans et Le roi lion, Ralph Breaks The Internet vient sans doute compléter mon top 5 de mes films d’enfant préférés. Même si l’amitié est souvent au cœur des films d’animation, jamais je ne l’avais vue être traitée ainsi. Jalousie, manque de confiance en soi, chemins qui se séparent, transition inévitable.
Critique intelligente d’internet, parfois subtile, parfois moins. « Look. This place can bring out the worst in some people, but you gotta ignore all this. This is not about you, Ralph, it’s about them. »
Disney critique Disney. Personnages féminins nombreux et riches.
Ralph Breaks The Internet comme une ode aux amitiés saines et durables.
Fargo – Joel et Ethan Coen – 1996
Drôle de truc qu’est Fargo. Film policier, comique, tragique, d’une violence sans bornes. Attention aux âmes sensibles et aux amateurs et amatrices de douceur, ce film cru n’est assurément pas pour vous. Un bijou pour les fans d’absurde, de déconstruction du genre filmique et de paysages déprimants, mais bien saisis.
Requiem For A Dream – Darren Aronofsky – 2000
Le seul de mes films favoris que je n’ai vu que deux fois, parce que c’est rough. Anxiogène. Portrait rude, mais précis des effets d’une dépendance prolongée. Plans viscéraux, finale d’une violente poésie. Ellen Burstyn est un oiseau aux ailes arrachées et brûlées à l’acide.
J’ai tué ma mère – Xavier Dolan – 2009
Premier film de Xavier Dolan, maladroit, cliché, jeu parfois akward, mais pourtant. J’ai tué ma mère est l’oeuvre d’un jeune homme de 19 ans et renferme en elle un peu de tout ce qui viendra par la suite. Des moments de cinéma touchants, le début d’une facture visuelle prometteuse, quelques répliques marquantes. « – Qu’est-ce que tu ferais si je mourais aujourd’hui ? – Je mourrais demain. »
The Perks Of Being A Wallflower – Stephen Chbosky – 2012
Dans une autre liste de films, j’avais mis Les êtres chers comme feel good movie, mais j’aurais pu le remplacer par le film de Chbosky. Abordant des thématiques similaires au film d’Émond (santé mentale, suicide), The Perks Of Being A Wallflower sait lui aussi être sensible et drôle. Représentation LGBTQIA2+ remarquable pour les années 90 dans lesquelles prend place la trame narrative. Probablement le meilleur teen movie de la dernière décennie. Musique délicieuse. Montage créatif. Trio touchant d’acteurs et d’actrice. Là encore, des répliques qui marquent. « We accept the love we think we deserve. »
Suggestions de William
Blue Velvet – David Lynch – 1986
Mis à part une affiche immonde, Blue Velvet est une bonne entrée en matière pour quiconque s’intéressant à la cinématographie de David Lynch. Personnellement, je crois aimer ce film pour les mauvaises raisons, car je suis l’un de ceux qui voient en Blue Velvet un prequel à Twin Peaks, série qui paraîtra quelques années plus tard et dont les échos sont nombreux ici. Je spécifie pour de mauvaises raisons, parce que je ne suis pas certain du bien-fondé de cette hypothèse et qu’elle m’écarte sans doute du propos initial de son auteur, comme la majorité de mes hypothèses découlant d’un film de Lynch. Un incontournable pour les amateurs de mystères veloutés.
Bao – Domee Shi – 2018
Parfois, un court-métrage de sept minutes réussit à véhiculer des émotions qu’un film de deux heures peine à nous faire ressentir. Mélange improbable entre Mommy et Overcooked, Bao vaut le détour, ne serait-ce que pour son esthétique d’un doux réalisme. Une recette parfaite.
A Bug’s Life – John Lasseter – 1998
Je ne pense pas faire découvrir ce film à qui que ce soit, mais ma liste de suggestions filmiques manquait cruellement de nostalgie. D’ailleurs, je triche, parce que je n’ai pas visionné le film pour l’occasion. Je préfère garder en moi des souvenirs intacts qui risqueraient d’être détruits par mes yeux d’adultes trop souvent cyniques. La simple évocation du titre Une vie de bestiole me ramène en enfance, à des étés chauds et des jouets McDo, au goût de l’orangeade flat et à l’odeur du chlore.
I, Tonya – Craig Gillespie – 2017
Le temps file, parce que je considère encore I, Tonya comme une nouveauté alors que le film aura déjà quatre ans en septembre. Basé sur une histoire vraie, I, Tonya fait mal. Ni tout à fait noir ni tout à fait blanc, avec des personnages à la fois attachants et repoussants, le film nous marque par sa crudité à l’hélium.
Unbreakable – M. Night Shyamalan – 2000
En bon désorganisé que je suis, j’ai d’abord vu ses suites, Split et Glass. Unbreakable n’est pas un film de superhéros comme les autres, il sort du lot et a selon moi vingt ans d’avance. Véritable anomalie filmique, il est suffisamment pertinent pour qu’on le place au panthéon des meilleurs films super héroïques. Certains regretteront sans doute les scènes d’actions qui se font plutôt rares, car la sobriété est à l’honneur dans Incassable. Au travers des DC et Marvel de ce monde, une proposition de ce genre est la bienvenue.