Criterion, le secret le mieux gardé de l’Université Laval

Avec l’approche de la saison des déménagements, il est possible que les finances deviennent un sujet d’inquiétude pour plusieurs. Souvent, lorsque nous révisons notre budget, notre premier réflexe est de couper dans les nombreux services de streaming à la Netflix qui s’accumulent sur notre compte en banque. Saviez-vous qu’en tant qu’étudiant.e de l’Université Laval vous aviez accès à un vaste catalogue de films ?

Par William Pépin, journaliste web et Emmy Lapointe, cheffe de pupitre aux arts

 Pour accéder au catalogue, connectez vous d’abord via le portail de l’Université, puis cliquez ici.

 https://www-criterionondemand-com.acces.bibl.ulaval.ca/criterion-sur-demande/

 Pour votre plus grand plaisir, l’équipe web de l’Impact Campus vous a préparé une petite liste de recommandations à découvrir ou redécouvrir pour égayer votre mois de juin :

Suggestions d’Emmy

Roméo et Juliette – Yves Desgagnés – 2006

Même si ça peut paraître cliché, je suis fan de Shakespeare. Je dois avoir vu toutes les adaptations cinématographiques de ses œuvres. Au sommet de mon palmarès figure le Roméo et Juliette de Baz Luhrmann avec baby Leonardo DiCaprio. C’est connu, chemise hawaïenne et armes à feu font toujours bon ménage. Et dans le fin fond du palmarès des adaptations, on trouve l’un des pires films que j’ai vus de ma vie : Roméo et Juliette d’Yves Desgagnés. Si je le mets dans mes suggestions Criterion, c’est que pour n’importe quel amateur d’ironie, le long-métrage de Desgagnés peut être un vrai bijou. Les décors semblent avoir été faits par une troupe de théâtre « woke » d’une polyvalente quelconque. Les acteurs sont dirigés tout croche. La tension sexuelle – parce que Roméo et Juliette, c’est quand même beaucoup une affaire de sexe – est nulle. La violence est gratuite et vidée de tout son sens. Le désir de modernisation a défiguré le texte de Shakespeare. Bref, c’est cringe.

Zodiac – David Fincher – 2007

 Amatrice de true crime, avec Zodiac, David Fincher a su m’amener avec lui dans les dédales d’une enquête sur une série de meurtres toujours irrésolus à ce jour. Le film de Fincher est anxiogène, cacophonique. Sensation de toujours frôler la vérité sans jamais pouvoir la saisir. Jeu de couleurs intriguant. Jake Gyllenhaal est notre guide dans tout ça, mais notre guide est aveugle. 

 La femme de mon frère – Monia Chokri – 2019 

Le premier long-métrage de Monia Chokri ne cache pas ses influences artistiques, Nouvelle vague, les couleurs de Wes Anderson, quelques clins d’œil à Xavier Dolan sans doute, mais le film reste tout de même comparable à aucun autre. Les relations fraternelles sont, à mon avis, trop peu exploitées au cinéma, mais Monia Chokri le fait avec humour et parfois même avec une tendre violence. Les dialogues sont savoureux. Coup de coeur pour le personnage d’Évelyne Brochu. 

The Babadook – Jennifer Kent – 2014

Je me questionne souvent à propos de la suggestion et de la monstration dans les films d’horreur, et sur leur « efficacité » à faire peur. Roland Barthes dit que l’image ne laisse aucun doute, qu’elle « est sans énigme », et je pense que ce qui fait le plus peur, c’est ce qu’on ne voit pas, c’est ce qu’on imagine. Comme le fond de l’océan, on sait que ce n’est pas parce qu’on ne voit pas qu’il n’y a rien, au contraire, si on ne voit pas, tout peut exister et finir par nous apparaître. Le film de Jennifer Kent joue brillamment avec le hors-champ, le non tangible. Mister Babadook s’enracine lentement, mais profondément dans nos têtes, et nous suit bien au-delà de l’heure et demie que dure le film. 

The favorite – Yórgos Lánthimos – 2018 

La soirée des Oscars 2018 m’est restée dans la gorge alors que The favorite était nommé dans près de 10 catégories, mais n’a vu que son actrice Olivia Colman réussir à remporter une statuette. Certain.es parlent d’un référendum volé, moi, je parle d’une cérémonie des Oscars volée. Les performances d’Olivia Colman, d’Emma Stone et de Rachel Weisz sont brillantes. Les prises de vue de Lánthimos sont parmi les plus créatives du 21e siècle, c’est pas peu dire. C’est drôle et immensément tragique.  

Suggestions de William 

Portrait de la jeune fille en feu – Céline Sciamma – 2019

Si vous faites fi de l’ironie de ma collègue concernant le Roméo et Juliette d’Yves Desgagnés et que vous désirez assister à la naissance d’une histoire d’amour tout aussi cruelle qu’impossible que celle de Shakespeare, Portrait de la jeune fille en feu est un incontournable. Chaque plan est susceptible de vous émerveiller tant la réalisatrice s’est attardée sur chacun d’entre eux pour créer l’illusion que nous sommes témoins non pas d’un simple objet filmique, mais d’une vaste fresque en mouvement tirée de l’imaginaire des plus grands peintres.

Pour en savoir davantage sur les thématiques du film, n’hésitez pas à consulter l’article d’Emmy sur le sujet.

The Shape of water – Guillermo del Toro – 2017 

Encore une histoire d’amour, décidément ! D’une beauté poisseuse, verdâtre, parfois inquiétante, The Shape of water possède une facture visuelle qui, sans l’emporter sur l’histoire, nous transporte avec fluidité dans la singularité de son univers. Mention spéciale à l’interprétation corrosive de Michael Shannon qui réussit à voler la vedette à un monstre marin.

Friday the 13th Part VIII – Jason Takes Manhattan – Rob Hedden – 1989

Même si pour moi tous les films de la série des Friday the 13th correspondent à la même bouillasse visuelle interchangeable, il est parfois nécessaire de se réunir entre amis autour de tels films, surtout en ces temps de déconfinement. Je ne compte plus les heures où j’ai décortiqué la quantité astronomique de défauts que comporte cette saga, comme si j’assistais à un cours où l’on m’enseignait comment NE PAS faire un film. C’est sans doute ce qu’il y a de bien avec leur existence.

Amadeus – Miloš Forman – 1984 

Même si historiquement inexact, Amadeus nous plonge dans ce que l’on pourrait appeler le venin de la rivalité à sens unique. La déconstruction du personnage de Mozart est au premier plan, même si teintée de la névrose du narrateur et personnage principal, Antonio Salieri. Empruntant davantage à la légende qu’aux faits, le film de Forman est tiré de la pièce de théâtre de Peter Shaffer où tout est romancé. Amadeus est un voyage au cœur de la convoitise et de toute la noirceur qui peut s’en échapper.

 The Conjuring – James Wan – 2013 

Cette suggestion coïncide avec la sortie cinématographique du troisième volet de The Conjuring. De plus en plus rares sont les films d’horreur grand public qui réussissent à établir une atmosphère aussi lugubre que celle que construit James Wan dans The Conjuring. Le réalisateur tire constamment sur l’élastique de la tension et le relâche qu’au moment où l’on s’y attend le moins. Peureux de nature, j’ai perdu le compte des fois où je devais détourner la tête tant j’étais terrifié ou dans l’anticipation. Il faut également mentionner que le film est le premier d’une série de suites et de spin-off s’inscrivant dans le même univers cinématographique.

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