L’effet Kombucha

Monsieur Dubois pontifie son dernier roman d’un titre à valeur commissionnaire : Les accommodements raisonnables. Le décor s’érige simultanément à Toulouse, dont l’auteur est originaire, et en Californie. Le lecteur s’en trouve balloté entre la «télé-novella» des élections françaises et un état en flammes où les scénaristes se targuent d’une grève. Dubois, qui n’apprécie guère les romans intemporels, insère donc des références tangibles, des «prises directes avec le réel qui donnent à l’histoire un côté palpable». Le protagoniste, un toulousain quinquagénaire désabusé devant les perfidies de l’existence, nous fait découvrir les pièces de son casse-tête familial et professionnel.

La rencontre avec l’auteur charme. Ce Français de 58 ans s’exprime avec une verve délectable. Sans la moindre prétention, il se fait fort de partager sa conception parfois surprenante du métier d’écrivain: «La manière la plus intelligente d’échapper au monde adulte du travail et aux tenailles des horaires. Je me rappelle très bien que j’ai décidé d’écrire mon premier roman pour ne pas avoir à me lever tôt». Il désapprouve complètement l’idéalisation mystique répandue au sujet de l’écriture, cette image de la flamme d’inspiration qui descend sur l’auteur : «Je n’aime pas la façon dont on parle de l’écriture. J’aimerais qu’on en fasse quelque chose de plus simple, de plus accessible, de plus humain.»
Les deux pieds bien posés sur terre, l’auteur explique, au sujet des deux prix littéraires qui lui ont été décernés, que leur seule répercussion a été de doubler ou de tripler la vente des livres. «Quand on sait comment ils sont attribués, il ne faut pas être dupe, ce n’est qu’une question de chance et d’influence, une loterie dirigée», dit-il.

Pour les intéressés, voici la recette cyclique d’écriture de Jean-Paul Dubois : écrire pour perdre du temps et pour ne pas avoir de compte à rendre. Du temps libre pour aimer, pour apprécier les gens, pour penser à soi, donc pour cultiver des névroses qui alimentent le prochain livre. «Écrire, c’est de la récupération d’angoisses permanentes de vie», conclut l’auteur.

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