«Vous voulez du café?» Voilà l’accueil chaleureux auquel on a droit lorsqu’on a rendez-vous avec Anne Peyrouse, auteure du livre Sables d’enfance. Dans sa demeure chaleureuse, café à la main, elle témoigne de son amour de la littérature et de la poésie. Rencontre avec une mère, professeure et poétesse… charnelle.
Le recueil de poèmes Sables d’enfance est un retour aux racines, un ouvrage ancré dans le midi de la France, lieu de naissance de l’écrivaine. Ce saut dans le passé est grandement inspiré par la maternité, partie importante de la vie d’Anne Peyrouse. «Ma fille, la plus vieille, aime voyager, est curieuse. C’est un peu elle qui a forcé ce retour aux racines. En littérature, les enfants peuvent nous amener ailleurs. Ils ont un tout autre imaginaire», raconte celle qui croit que le fait d’avoir des enfants peut être une source d’inspiration. «Ce n’est pas vrai qu’être parent, ça nuit à l’écriture. On écrit moins, c’est sûr, mais on écrit différemment», affirme-t-elle, sur un ton qui laisse entrevoir toute l’affection qu’elle a pour ses deux «flounes».
Anne Peyrouse est une mère dévouée, certes, mais aussi une femme à part entière qui explore la sensualité et l’expression du corps à travers l’écriture. Elle s’intéresse particulièrement à l’érotisme en littérature, une forme littéraire qu’il ne faut surtout pas prendre au premier niveau. «Il ne faut pas confondre avec la pornographie. L’écriture érotique est faite dans le travail de l’image, du langage. Le porno, ce n’est pas près de la création!», déclare la docteure en littérature. Chargée de cours à l’Université Laval, elle réserve une partie de ses cours de création littéraire à l’érotisme. Elle devient parfois la confidente de secrets, de blessures. «Certains étudiants témoignent d’histoires d’inceste. Au début ce n’est pas clair, mais ils en montrent de plus en plus au fil des ateliers d’écriture. D’autres parlent de leur homosexualité, qu’ils n’assument pas complètement. Ça dépend vraiment des personnes», livre-t-elle avec une empathie palpable.
Cet amour du corps humain, de la chair, est d’ailleurs perceptible tout au long des pages de son dernier recueil, qualifié de «courtepointe poétique». Le lecteur est transporté à travers différents lieux, différentes odeurs et sensations. Les strophes sont inégales, asymétriques, afin de bien sentir l’émotion derrière chaque poème. «C’est pour faire voyager, ralentir, relancer le lecteur. Créer un va-et-vient émotif», précise cette amoureuse des mots qui compare la poésie à la peinture. «Lorsqu’on regarde un poème, j’aime qu’on voit qu’il est travaillé visuellement, un peu comme un beau tableau», soutient-elle.
S’il était un tableau, son livre Sables d’enfance en serait un aux couleurs chaudes et aux lignes sensuelles, allumant certainement une petite étincelle dans les yeux de quiconque le regarderait.