Quand on a appris que la petite Chinoise qui a chanté l’«Ode à la patrie» à la Cérémonie d’ouverture des J.O. de Pékin n’avait en réalité fait que mimé la chanson en lip-sync, je vous ai vu pousser des cris d’orfraie.
«C’est dégueulasse!», s’exclamaient les uns, outrés que la vraie chanteuse, Yang Peiyi (sept ans et les dents de travers) ait été remplacée par Lin Miaoke (neuf ans et des airs de poupée de cire). Tout ça parce que la seconde était plus jolie que la première, qui pourtant chantait bien mieux. Ou plutôt, selon le directeur musical de la Cérémonie d’ouverture Chen Qiqang : «Nous voulions projeter l’image parfaite, nous avons pensé à ce qui serait le meilleur pour la nation […] C’était une question d’intérêt national. L’enfant devait bien passer devant la caméra, être expressive».
«Cette propagande est le signe que la Chine est une dictature!», scandaient les autres, après avoir appris, en plus, que les feux d’artifices avaient été truqués par ordinateur.
Mais la Chine, c’est très loin. Il y a exactement 10 369 kilomètres entre Québec et Pékin. C’est une culture différente, un monde différent. Jamais au Canada on n’utiliserait de tels subterfuges!
Et si je vous disais qu’une imposture flagrante a lieu en ce moment non pas à l’autre bout du monde, mais ici, juste devant vos yeux, me croiriez-vous sur parole?
Si la réponse est non, saisissez-vous du dernier numéro de Québec Scope Magazine, regardez bien la couverture, et tandis que Grégory Charles vous renvoie votre regard, essayez de voir ce qui cloche sur cette photo. Enfin, pour être plus exact, ce qui manque dans cette photo.
EUREKA! Il a disparu. Lui, l’infâme. Lui, l’affreux. Celui qu’on ne peut s’empêcher de regarder dès qu’on l’a remarqué: l’uni-sourcil. Contrairement à Emmanuel Chain et Frida Khalo qui sont restés des défenseurs inflexibles du sourcil unique, Grégory Charles a abdiqué devant les quolibets populaires. Le diktat de la pince à épiler s’est imposé et c’est fort de deux sourcils indépendants que M. Charles pose en couverture du Scope.
Avant de crier à l’hérésie capillaire (je sais que vous alliez le faire), prenez une grande respiration et feuilletez rapidement votre Québec Scope Magazine jusqu’à la page 37, où vous trouverez une publicité qui annonce le concert de Grégory Charles à venir avec la même photo qu’en couverture, à un léger détail près: l’uni-sourcil est de retour. Scandale! On a photoshoppé Grégory Charles.
On peut toujours pester contre le gouvernement chinois qui met de côté les petites chanteuses qui ne sont pas assez mignonnes, nous on va jusqu’à effacer par ordinateur les sourcils disgracieux de nos chanteurs populaires. De qui se moque-t-on? (poil au front)
P.-S. : La découverte de ce trucage Photoshop revient entièrement à Julie Picard à qui j’adresse mes plus sincères remerciements capillaires.