C’est la première fois qu’une mosaïque faite de papier est réalisée dans les corridors souterrains, les murales étant ordinairement peintes directement sur les murs de béton. En plus du blason de l’Université, la murale comprend une citation de Phyllis Lambert (architecte et fondatrice du Centre Canadien d’Architecture) qui amène l’œuvre à mi-chemin entre l’hommage et la critique. «L’installation de la murale a nécessité beaucoup de préparation et engendré plusieurs difficultés. J’ai dû faire des tests d’adhérence et négocier l’acceptation du projet», relate Hugo Nadeau. Une fois les autorisations reçues, il a fallu trois jours à Hugo Nadeau et son équipe pour compléter le montage des 900 feuilles de papier qui composent la mosaïque, une œuvre en noir et blanc d’un format de 3 mètres de haut par 12 mètres de large.
La murale a cependant bien failli disparaître. Après que l’installation ait été complétée, le Service de sécurité et de prévention (SSP) de l’Université a demandé à ce qu’elle soit retirée, craignant les risques de feu entraînés par la présence du papier. «Il y a une circulation d’air importante dans ce corridor [l’œuvre est située dans le très long couloir reliant le Desjardins à plusieurs autres pavillons, notamment les De Koninck et Bonenfant]. S’il y avait eu un incendie, la fumée serait allée directement dans le pavillon Desjardins, ce qui aurait pu causer des problèmes», explique Annie Raymond, la coordonatrice d’opérations au Bureau d’accueil et d’animation (BAA), qui a aidé Hugo dans ses démarches. C’est d’ailleurs le BAA qui a la charge d’accorder les autorisations pour la réalisation des murales souterraines.
Si la réaction du SSP n’a pas tardé à venir, aucune crainte n’avait été émise durant les trois jours de montage qu’a nécessité l’installation. «Il y a des contraintes liées à la sécurité qui sont en place, notamment pour le type de peinture utilisé, mais compte tenu de la particularité du projet d’Hugo, personne n’avait pensé au feu au départ», précise Annie Raymond, ajoutant que le service de sécurité a tout de même accepté de lui laisser un délai pour trouver un terrain d’entente. La solution : un produit ignifuge, appliqué directement sur le papier, qui élimine les risques d’incendie.
Bien qu’Hugo Nadeau craignait que le produit nuise à l’adhérence du papier et fasse décoller sa mosaïque, l’application et le séchage se sont bien passés et la murale tient toujours. S’il est satisfait du résultat, l’artiste trouve tout de même la situation légèrement ironique. «Je trouve comique et excitant que, durant quelques jours, un blason géant de l’Université soit devenu un risque pour sa sécurité et ait nécessité un soin d’urgence pour ne pas être retiré par les instances universitaires», mentionne-t-il.
Une murale «Bonne Nouvelle»
La mosaïque, dont le titre est Bonne Nouvelle S (souterrains), s’inscrit dans une série de réalisations d’Hugo Nadeau, plus d’une cinquante en tout, ayant pour sujet principal l’Université Laval. «Je nomme la majorité de ces projets Bonne Nouvelle pour signifier la possibilité d’une utilisation démocratique des systèmes et des institutions. C’est aussi l’idée d’être libre de modifier, de commenter les choses. Et je fais un lien avec la bonne nouvelle chrétienne, on ne sait pas trop ce que ça veut dire au juste, tout est une Bonne Nouvelle, un peu comme dans ma démarche et mes projets», affirme l’artiste. S’il a réalisé plusieurs expositions et installations dans l’édifice de La Fabrique dans le cadre de ses études, le finissant en arts souhaitait cette fois une manifestation artistique sur le campus.
À travers sa démarche, Hugo Nadeau s’intéresse à l’idée de la démocratie de l’espace et aux possibilités d’interaction des gens avec l’œuvre «Je me situe plutôt du côté du contexte, c’est un peu comme une sorte d’expérience, je suis curieux de savoir ce qui va se passer, ce que les étudiants vont faire avec [la murale]», indique-t-il.
Une visite de la mosaïque par son auteur est prévue le 21 mai prochain lors d’un vernissage qui aura lieu en formule 5 à 7 au Pub universitaire.