Dune 2 : un space opera à la hauteur des ambitions de son réalisateur

Après presque trois ans d’attente, nous pouvons enfin admirer la deuxième partie de la trilogie consacrée à l’univers de Frank Herbert : Dune. Denis Villeneuve revient en force avec ce nouvel opus qui confirme son statut de maître de la science-fiction, après avoir brillamment réalisé Arrival et Blade Runner 2049.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

Une étendue orangée. La caresse brûlante du soleil sur le sable. Le scintillement de l’épice qui se disperse dans le vent. Bienvenu sur Arakis, une planète inhospitalière pour quiconque n’appartient pas au désert. Notamment tourné au milieu des dunes du Wadi Rum en Jordanie, le film s’empare de cette atmosphère digne d’un autre univers. Loin de vouloir se satisfaire de la facticité des fonds verts, Denis Villeneuve a préféré la rudesse des décors naturels, malgré des températures dépassant souvent les 40°C. Théâtre du fameux Lawrence d’Arabie, le désert du Wadi Rum permet au réalisateur de retrouver sa palette de couleur favorite composée de nombreux tons orangés et sépia. Le photographe britannique, Jack Davison, a d’ailleurs été invité pendant une dizaine de jours pour assister au tournage du film. Ses clichés n’ayant aucune visée promotionnelle, mettent en avant paysages et corps qui semblent ne faire plus qu’un. La brutalité du désert s’inscrit sur les visages et au plus profond des regards.

Crédit photo : Jack Davison

Mais la qualité de l’image se voit propulsée à un niveau supérieur lors d’une magnifique séquence en noir et blanc. Afin de retranscrire l’atmosphère étrange – et effrayante – de la planète Giedi Prime, qui possède très peu de lumière naturelle, Denis Villeneuve et Greig Fraser ont décidé de filmer avec des caméras infrarouges. Cette démarche offre de très bons contrastes, d’accentuer la pâleur des visages tout en ayant des noirs intenses. Cette planète est également l’occasion d’introduire le tout nouveau personnage de Feyd-Rautha, prince Harkonnen et ennemi juré des Atréides, interprété par l’incroyable Austin Butler. Alors que David Lynch, dans son adaptation – un peu ratée – de 1984, avait choisi le chanteur Sting pour camper le rôle, Denis Villeneuve continue dans cette lignée avec une volonté de lui donner un air « de Mick Jagger serial killer psychopathe » (interview accordée à Vanity Fair). Toujours est-il qu’Austin Butler a un charisme qui lui permet d’apporter de la puissance et de la profondeur à son personnage.

Soulignons également la superbe bande sonore composée par Hans Zimmer qui explique avoir dû faire de Home Depot sa caverne d’Ali Baba. Difficile en effet de créer une ambiance représentative d’une planète étrangère et d’une action qui se déroule plusieurs millénaires après nous. Le compositeur a donc dû faire preuve d’imagination !

Si les lecteurs assidus des livres de Frank Herbert peuvent reprocher au film d’avoir opéré quelques modifications, il faut toutefois reconnaître que Denis Villeneuve a fait un très beau travail. Visuellement, les scènes sont incroyables et parviennent sans peine à nous transporter dans un univers somme toute complexe. Si la narration enchaîne les évènements un peu rapidement, elle ne perd pas de vue les trames essentielles au bon développement des personnages et de l’action. On en vient juste à regretter l’apparition de Léa Seydoux, Florence Pugh et Anya Taylor-Joy qui font plus office de figurantes dans ce film choral qui n’a pas le temps, malgré ses 166 minutes, de leur faire plus de place.

Finalement, rappelons que le premier film est sorti en 2021 juste après la pandémie, et qu’il est quand même arrivé à récolter près de 400 millions de dollars au box-office et à obtenir six Oscars ! On se demande ce que ça va donner pour ce deuxième opus qui n’a pas à subir la baisse en fréquentation des salles et qui a déjà dépassé les 500 millions au box-office. En tout cas, tout ceci nous rend plus qu’impatients de retourner au cinéma pour découvrir le troisième volet !

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