Suite au meurtre sordide de trois enfants dans l’Arkansas en 1993, la collectivité relâche son fiel sur un trio de jeunes dont les valeurs ne correspondent pas à celles, traditionnelles, des gens de cette communauté tissée serrée. S’ensuit un procès bâclé, fait à toute vitesse pour condamner au plus vite les trois jeunes, amateurs d’occultisme et de Trash Metal.
Hugo Lafleur
Pour ceux qui ne connaissent pas ce triste passage de la justice américaine, le film Nœud du diable, réalisé par Atom Egoyan, nous dresse un portrait global de la situation dans un format convenu, facile à absorber.
Cette adaptation du roman éponyme contient la performance de deux vedettes : Reese Witherspoon et Colin Firth. On évite le verbe « bénéficier » étant donné que, malgré l’attention médiatique qu’ils amènent au film, leur performance et leur intégration dans le film alourdissent et nuisent à l’ensemble. Reese Witherspoon joue le rôle de la mère d’un des enfants décédés :les quelques scènes qui la mettent en valeur soulignent son choc, et ajoutent malheureusement un côté dramatique maladroit et inefficace. Colin Firth joue Ron Lax, un enquêteur privé qui prend à cœur la situation, pour des motifs qui nous échappent. Son jeu apathique ne nous convainc par particulièrement quant à son désir de justice.
Malgré ces défauts et malgré des conventions typiques (les scènes de tribunal, par exemple), le rythme est efficace dans sa constance pour faire avancer le récit et éviter l’ennui total. On découvre petit à petit plusieurs éléments de l’histoire qui nous choquent encore aujourd’hui, tellement l’injustice est criante envers ces boucs émissaires. Le rôle de Pamela Hobbs, interprété par Reese Witherspoon, est là pour donner une vision personnelle du drame et rappeler que la tragédie n’est pas uniquement celle de ces adolescents accusés injustement. Cet élément fait partie d’un tout qui rend le film plus accessible au grand public, mais qui détourne des faits, ce qui est au départ l’élément le plus important d’une histoire basée sur des faits vécus. Un traitement plus neutre aurait probablement laissé plus de place aux faits et à l’interprétation du public. Pour ceux qui voudraient une vision plus complète de l’histoire, le livre éponyme et la série de documentaires Paradise Lost sont de meilleurs points de départ.