Le désir sincère de mener à bien un projet dont il est fier : c’est ce qui a motivé le bédéiste David Gauthier à dessiner et scénariser sa première bande dessinée, Le poids du vide. Rencontre.
Myriam Bouchard et Maxime Bilodeau
Aux premiers abords, Le poids du vide de David Gauthier, paru aux Éditions Rémi Paradis en novembre dernier, paraît austère, voire répulsif. Pourtant, derrière le sourire effacé du protagoniste et l’absence quasi totale de gaieté – un sentiment amplifié par le recours délibéré au noir et blanc —, on découvre le cri du cœur d’un bédéiste qui, à trente-trois ans, a déjà une feuille de route bien garnie.
Après avoir travaillé trois années au sein des studios de jeux vidéo Long Tail, ce bachelier en design graphique de l’Université Laval a pris le chemin de Baie-Comeau où il a œuvré à titre de directeur de la production de l’hebdomadaire local. Poussé vers la porte de sortie pour cause de restructuration, il est revenu à Québec en 2011. C’est alors que cet amoureux de BD a commencé à jongler sérieusement avec l’idée de ce qui allait devenir Le poids du vide.
Sans être autobiographique, l’œuvre est, de l’aveu du dessinateur et scénariste, inspirée de son parcours personnel et professionnel. « Après sept années passées sur le marché du travail à concevoir des jeux vidéo abominablement mauvais ainsi que des publicités régionales franchement laides, j’étais un peu désabusé, confie-t-il. Cet état d’esprit, tout comme les propos qui s’y rattachent, transparaît dans ma BD. »
C’est d’ailleurs pour mener à bien un projet dont il est fier que David Gauthier s’est lancé dans cette aventure. « Bien que je sache que ce n’est pas rentable, au moins, je l’aurai fait et je serai satisfait du résultat final », lance-t-il.
Influences diverses
Le lecteur attentif décèlera une forte influence vidéoludique derrière les dessins du Poids du vide. « Mon héritage de concepteur de jeux vidéo sur cellulaire, dont sur des écrans qui, à l’époque, étaient de très faible résolution, a beaucoup joué, confirme David Gauthier. Par exemple, on traçait un contour noir pour faire ressortir un détail ou un objet, ce que j’ai fait dans ma BD. »
Le jeu Doom, un first person shooter paru en 1993, a également influé sur les choix artistiques du bédéiste. « Si on y enlève les monstres et la violence, ça reste un jeu vidéo de couloirs, un peu comme ma BD, que je qualifierais de BD de couloirs parce que l’intrigue s’y déroule presque en entier », explique ce dernier.
À qui s’adresse Le poids du vide ? « Je pense qu’il faut avoir un tant soit peu vécu pour apprécier mon œuvre. Ça va surtout parler à ceux et celles qui sont confrontés aux réalités du marché du travail », conclut David Gauthier.