Day one : un prequel un peu précaire

Les blockbusters de l’été sont de sortie et viennent nous divertir lors des jours de pluie. Entre Furiosa de Georges Miller, les films d’animation Inside Out 2 et Despicable Me 4, pas de quoi s’ennuyer si l’on veut débrancher son cerveau le temps de quelques heures. La franchise de A Quiet Place revient donc avec un prequel sur les premières journées de l’invasion extraterrestre.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

A Quiet Place joue – comme son titre l’indique – sur les bruits, puisque les monstres repèrent leurs proies grâce à leur ouïe surdéveloppée. Alors que les deux premiers opus s’attachent à mettre en valeur tous les petits sons du quotidien qu’il convient désormais d’éviter (bruits des pas sur des escaliers en bois, des portes qui grincent, les pleurs d’un nouveau-né, etc.), le prequel perd un peu cette dimension de vue et diminue donc en qualité et en intérêt. Le fameux silence qui était si prégnant dans les films précédents n’a malheureusement plus le même impact, ne provoque plus la moindre angoisse. Les musiques se succèdent comme pour combler les défauts de mise en scène, pour souligner les émotions que les personnages eux-mêmes ne parviennent pas à exprimer. Day One nous plonge dans un film apocalyptique à la Cloverfield ou War of the Worlds, s’éloignant de l’univers bien particulier qui avait été construit jusqu’ici.

Toutefois, ces défauts auraient pu être compensés par la justesse du scénario, or ce ne sera pas non plus le cas ici. Le personnage principal, Samira (Lupita Nyong’o – qui était pourtant impressionnante dans le film horrifique Us de Jordan Peele), a une maladie en phase terminale. Elle est accompagnée par Éric (Joseph Quinn), un homme qui fait des crises de panique, et son chat – heureusement pour elleux, il ne miaule jamais –, boule de poil imprudente, mais qui s’en sort finalement le mieux ! La fine équipe cumule donc les handicaps, handicaps qui ne nous font ni chaud ni froid tant nous peinons à nous attacher aux personnages.

Dans un monde où le but est pourtant de tout faire pour survivre, Samira veut surtout exaucer son « dying wish » : manger une dernière part de pizza censée servir de madeleine de Proust et lui rappeler son père. Elle va donc à contre-courant de tout le reste de la population new-yorkaise, et tente à peine d’échapper aux extraterrestres. Mis à part certains jump scares et une ou deux situations tendues, nous sommes plutôt face à une histoire d’amitié – ce qui ne serait pas si mal si le film ne souhaitait pas s’inscrire dans le genre horrifique – qui ne comble pas notre horizon d’attente. On était venu pour avoir peur et quelques frissons, on ressort finalement de la salle avec un léger goût de déception.

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