Doctor Strange in the Multiverse of Madness : c’est tout?

Doctor Strange in the Multiverse of Madness n’est pas tout à fait la suite du premier volet sorti en 2016. Ce vingt-huitième film de la saga cinématographique Marvel est plutôt la suite directe de WandaVision, série parue l’an dernier sur Disney+, où l’on suivait le personnage de Wanda Maximoff endeuillée par la mort de Vision, la dernière personne en qui elle tenait. Ici, c’est plus ou moins la même chose : on suit encore une fois l’évolution psychologique de ce personnage trouble, désormais plus près de son alter ego démoniaque Scarlet Witch que de l’héroïne au grand cœur introduite dans Avengers : Age of Ultron (2015). Dans ces conditions, le personnage de Stephen Strange est presque relayé au second plan, dans un film qui vaut certes la peine d’être vu, sans toutefois qu’il puisse nous offrir la garantie que l’on se souvienne de lui à moyen terme.

Par William Pépin, chef de pupitre Arts

Pourquoi je n’aimais pas Marvel

Docteur Strange est mon superhéros chouchou. En fait, la raison qui m’a longtemps empêché d’apprécier les films de l’univers cinématographique Marvel est que ses premiers personnages se développaient dans un univers plutôt froid, militaire, composé en majorité d’ennemis fades, d’une photographie grisâtre à donner la nausée et d’un humour souvent maladroit. Quand sont finalement apparus sur grand écran les Gardiens de la galaxie en 2014 et le premier Docteur Strange deux ans plus tard, mon intérêt pour la saga, qui avait déjà atteint un sommet en 2012 avec le premier volet des Avengers, s’est accentué. Cet intérêt a continué de grandir avec la sortie télévisuelle de WandaVision à l’hiver 2021 et celle de Loki l’été suivant. Dès lors, qu’en est-il de ce deuxième Doctor Strange, réalisé cette fois non pas par Scott Derrickson comme en 2016 mais par Sam Raimi, le père de la trilogie Spider-Man? Le talentueux cinéaste livre-t-il la marchandise comme l’attendent ses admirateurs? Au contraire, sa patte artistique est-elle amputée par des producteurs avides d’uniformité? Pour toutes ces questions, je n’ai pas grand-chose à répondre, sinon que le résultat est en demi-teinte : nous sommes à la frontière du marquant et de l’oubli, du vénérable et du passable. C’est très étrange.

Multiverse of flatness

Pour ce qu’il est, le film est réussi. La tension y est croissante, les personnages, même s’ils ne sont pas très développés, sont attachants et la mise en scène sait jouer avec nos nerfs. En revanche, pour un film de cette envergure, je n’ai pas pu m’empêcher de quitter la salle avec lassitude et l’impression que le film se prétend être plus que ce qu’il est en réalité. Multiverse of Madness, vraiment?

Si le film n’est pas tout à fait l’équivalent d’un encéphalogramme plat, c’est uniquement parce que la mise en scène est dynamique, nerveuse et qu’elle emprunte à la grammaire du cinéma d’horreur. La patte de Sam Raimi est bel et bien présente et compense pour la faiblesse d’un scénario unidimensionnel, que l’on oublie presque d’ailleurs tant le film est dense et (trop?) saccadé. Toutefois, outre cette petite saveur qu’apporte la vision de Raimi au projet, l’arrière-goût est le même que dans la plupart des films de l’écurie Marvel : on traverse le film d’un point A à un point B, dans l’attente d’un enthousiasmant point C qui ne viendra jamais. C’est d’autant plus dommage qu’avec une promesse aussi audacieuse que celle d’exploiter les conséquences de l’effondrement imminent d’un multivers – qu’on nous présente d’ailleurs depuis quelques années déjà –, nous aurions été en droit d’en attendre davantage de ce Multiverse of Madness qu’une course poursuite sur fond vert. J’exagère : l’équipe des effets visuels a su faire preuve d’un grand savoir-faire pour rendre cohérents et tangibles ces univers si invraisemblables sur papier.

Mon avis sur ce film est paradoxal. Je crois que j’en attendais plus de ce Docteur Strange. J’attendais non pas des caméos par dizaine ou des rebondissements à la tonne, mais un peu plus d’épaisseur, un peu plus de richesse à cet univers (ou ces univers) en perte de vitesse.

© Crédits photo : Marvel Studios

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