Le jeune Saguenéen vient de sortir son deuxième album en un an et demi. Impact Campus s’est entretenu avec celui récemment consacré révélation Radio-Canada Musique 2015, aussi gagnant des Francouvertes 2014.
Impact Campus : Pourquoi deux albums aussi rapprochés ?
Philippe Brach : Parce que le premier album, c’était cinq, six ans de compos. Quand le premier album est sorti, il y avait déjà des chansons que j’étais écœuré de jouer. Je ne voulais pas traîner cet album-là quatre ans. Même qu’il y avait des chansons du deuxième album qui étaient assez entamées quand on enregistrait le premier. Je ne les y ai pas mises volontairement parce que c’est un autre cycle de composition, parce que c’étaient des « tounes piliers ». J’étais confiant de les mettre sur mon deuxième album.
I. C. : Quel est ton processus de création ?
P. B : Je n’ai pas de patern de travail. Des fois, c’est la musique qui vient, des fois c’est le texte, des fois les deux viennent ensemble. Généralement, je n’écris pas beaucoup dans mon appartement à Montréal. Il faut vraiment que je sois sorti de ma zone de confort. J’ai écrit dans le bois et ça a pris quatre, cinq jours avant que je décroche et que je commence à écrire.
I. C. : Es-tu devenu plus exigeant dans ton travail de composition ?
P. B : Oui, mais je ne retravaille jamais mes textes parce que ça me fait chier. C’est un jet brut et le brut, on le travestit trop. Avant, j’avais trop tendance à le travestir et je n’aimais pas vraiment ce que ça donnait après. Par contre, je relis mes textes, je trouve les failles et après, quand j’en écris d’autres, je compose mieux. J’aime croire que ça me justifie de ne pas retravailler mon texte.
I. C. : Ton univers a une dimension onirique. Est-ce que tu lis des contes ?
P. B : Je ne consomme pas beaucoup de musique et je ne lis aucun livre en fait. J’ai un gros déficit d’attention : je lis trois pages et je suis déjà en train de penser à autre chose. L’art que j’ai consommé le plus, c’est le cinéma. Au secondaire, j’écoutais du Cocteau, du Dali, du Buñuel. Tout ce qui est surréaliste, je « tripais » ben. Après Gaspard Noé, David Lynch et Cronenberg, j’aime bien ce qui est trash dans la vie.
I. C. : Comment expliquer la chanson Alice qui se distingue des autres de ton deuxième album ?
P. B. : C’est une chanson qui parle d’avortement, en fait. Un avortement, ça reste le plus proche que j’ai été d’être père. C’est un processus qui m’a ben gros « buggé ». J’avais des remords et je me sentais cheap. Bref, j’ai écrit une chanson à la petite fille que je n’ai plus ou qui n’a jamais existé.
I. C. : Avec ta maison de disque, est-ce que tu as une bonne liberté de création ?
P. B. : Ah, si je n’avais pas de liberté de création, je ne serais pas avec eux ou j’arrêterai volontairement de faire de la musique. Parfois, je suis vraiment mort de rire, j’arrive avec des idées « fuckées » et elles sont accueillies les bras grands ouverts.