Crédit photo Etienne Dionne

Festival d’été de Québec – Revue du 8 au 14 juillet 2024

Des artistes internationaux à nos cher.ères groupes made in Québec, découvrez avec nous nos mélodies préférées du Festival d’été de Québec. 

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef, Frédérik Dompierre-Beaulieu (elle) et Camille Sainson, journalistes multiplateforme

8 juillet

Emmy

Scène Bell : Alexandra Stréliski

C’était la première tête d’affiche instrumentale des Plaines de l’histoire du FEQ, et je pense que tout compte fait, on peut dire que c’était une douce réussite. Pour sa carte blanche, Alexandra Stréliski était accompagnée d’une trentaine de musicien.nes de l’OSQ, ce qui ajoutait ce qu’il fallait d’ampleur aux mélodies « néo-classiques » de la pianiste qui seule, se seraient peut-être fait absorber par l’immensité du site. Évidemment, la foule était un peu plus vieille qu’à 50Cents, mais autour de nous (après on était dans la section debout), le public avait tous les âges, ce qui confirme une fois de plus que la musique néo-classique ou instrumentale n’est pas une affaire du passé ou une affaire de vieux. 

Les pièces d’Alexandra Stréliski ne sont pas nichées, et ce n’est pas négatif quand je dis ça, parce qu’elles touchent les initié.es comme les néophytes. Après, on peut se demander si les pièces intimes de la pianiste atteignent autant une foule de 80 000 personnes qu’une salle qui compte au plus 500 places. Je ne pense pas, parce que dans une foule aussi nombreuse, on n’arrive pas à oublier là où on est. On est, inlassablement, toujours ramené.es à l’extérieur de nous. Néanmoins, la foule de 80 000 personnes permet une espèce de communion et honnêtement, comme prêtresse pour diriger, il n’y a pas mieux qu’Alexandra Stréliski. Elle parle à la foule avec sincérité, avec un peu de naïveté même, elle est finalement, comme ses pièces, touchante. 

Petits hic peut-être : la scénographie essentiellement composée de projections souvent un peu kitsch (mais pas dans le bon sens) et les présences trop rapides de Sarahmée et Loud dont les textes, et c’est un peu horrible de dire ça quand on sait que celui de la rappeuse était un hommage à son frère Karim Ouellet, étaient oubliables. Mais ce qui me restera de cette soirée, c’est Alexandra sur une scène tournante au milieu de la foule qui, après avoir interprété Plus tôt avec une douceur qu’elle seule connait, a rendu hommage aux Cowboys fringants en jouant Les étoiles filantes accompagnée par quatre cors français (ces toujours condamnés aux harmonies discrètes) et par une foule nostalgique.

9 juillet

Fred

Scène Crave : DVTR

C’est un autre sans faute cet été pour DVTR, ormis, bien entendu, les légers imprévues techniques avec l’une des pédales de Jean Divorce, qui nous auront tout de même valu de cocasses moments de complicité avec notre duo explosif (!) préféré. Les spectacles de DVTR sont la parfaite occasion de crier à pleins poumons sa haine du “patriarchaïque”, de la police ou du capitalisme et d’évacuer le trop plein, de se défouler en se secouant la crinière et, évidemment, en se bousculant (avec amour), n’en déplaise aux agents de sécurité sur place (désolée par désolée, comme on dit). Les amateur.ices de mosh pit auront même eu droit à quelques secousses avec nulle autre que Demi Lune, directement dans la foule (les chanceux.euses). Leur punk tout de même pas trop méchant mais sans aucun doute accrocheur et leur énergie de rockstars sont non-négligeables et donnent assurément envie de sortir nos cagoules et de tout faire péter. Y’a de quoi s’éclater ! Après tout, “DVTR, ça libère”.

Cam

Scène Crave : Élégie

Le groupe déjà bien connu des québécois.es s’est emparé de la scène gratuite. On retrouve leurs chansons aux accents un peu mélancoliques, leurs airs new punk / post wave, le tout pour danser joyeusement en attendant l’orage. Même s’il ne s’agit pas de la meilleure performance de la soirée, on ne regrette pas de finir sur leurs notes avant de s’en aller précipitamment suite à la fermeture (un peu chaotique) de tous les sites.

10 juillet

Fred

Scène Hydro-Québec : Laurence-Anne

C’est sous la pluie que s’est déroulée cette énième soirée du festival, s’ouvrant avec une éblouissante performance de Laurence-Anne, aussi membre du super-groupe La Sécurité. Comme elle nous l’a elle-même confié en entrevue avec ma collègue de la radio Noémie Fontaine à peine quelques minutes après sa prestation, ses chansons font se rencontrer des zones d’ombre et de lumière, ce que nous avons également pu constater pour son spectacle dans l’ensemble. C’est, pour elle, ce qui fait toute la beauté de l’éther, qui caractérise à merveille sa musique, nous fascinant du début à la fin. Rappelons que son dernier album, Oniromancie, s’était retrouvé deuxième au classement du top 50 des albums francophones de nos collègues CHYZ 94,3. Voilà qui en dit long !

Cam

Scène Crave : Ten Minute Detour

Malgré une météo peu clémente, le groupe  venu de l’Ontario, Ten minute Detour, a su assurer le show! À l’ambiance folk rock, leur chansons donnent clairement envie de se déhancher. On regrette que le public n’ait pas été plus nombreux pour les encourager, ça valait vraiment le détour (on assume le jeu de mots). On espère qu’ils reviendront bientôt à Québec sous un grand soleil! 

11 juillet

Fred

Scène Hydro-Québec : Queen Omega, Biga*Ranx

Nul besoin de soleil quand on a Queen Omega ! Si certain.es artistes incitent surtout les spectateur.ices à venir les découvrir – et c’était mon cas ici -, on sentait pourtant que plusieurs personnes étaient spécifiquement venues pour la voir, elle, sur scène. Même chose pour Biga*Ranx, qui n’en était d’ailleurs pas à son premier passage au Québec. J’anticipais avec beaucoup d’excitation sa performance, qui s’est retrouvée à cheval entre ses meilleurs hits – qu’il m’a plu de réciter par coeur, bien que corrects, mais sans plus – et un sound system digne d’un tremblement de terre, quoique certainement moins reggae que sa prédécesseure, ma foi rayonnante. Le son de la scène Hydro-Québec aurait certes mérité quelques ajustements, les deux artistes ont toutefois toustes les deux su faire danser la foule. 

12 juillet

Cam

Scène Bell : Post Malone

Scène Loto-Québec : Kansas

Le rappeur Post-Malone a rempli les plaines d’Abraham. Une longue file d’attente s’étirait à travers la ville bien avant que les portes ne s’ouvrent et peu après 21h, la scène affichait complet. Le FEQ avait prévenu qu’il y aurait certainement un “engouement monstre” pour cette première visite de l’artiste à Québec. Coincée en haut près de l’enseigne du Festival, face à toute cette foule, je n’ose même pas imaginer une situation d’évacuation. Le show commence donc avec un peu de retard – un artiste international a, semble-t-il, le droit de faire patienter ses fans – mais de manière spectaculaire avec des feux d’artifices, dans tous les sens. Le budget a été mis sur la scénographie, peut-être pour compenser le manque de prestance oratoire de l’artiste… Le show était bon, mais j’avoue que The Offspring a su me charmer davantage. 

Le groupe de rock des années 70 Kansas vient fêter son cinquantième anniversaire au FEQ avec ses chansons mythiques, Dust in the Wind et Carry on Wayward Son, entre autres. Malheureusement en même temps que Post Malone, cela n’a toutefois pas empêché les spectateur.ices de s’y retrouver en très grand nombre. Rich Williams, Phil Ehart et Tom Brislin ont encore toute leur énergie et savent la transmettre, énergie qui n’a rien à envier à des groupes de rock plus modernes ! Il auraient très bien pu se retrouver sur la scène Bell à la place de Jonas Brothers que ça n’aurait choqué personne. 

Les bons et les moins bon coups du FEQ

Pros : 

  • La programmation des scènes gratuites qui était variée et généreuse ;
  • Une carte blanche instrumentale ;
  • Le nombre de points d’eau ;
  • La scène Crave, la qualité du son et sa disposition, qui permettait entre autres une sorte de formule agora avec les escaliers du Palais Montcalm.

 

Cons

  • La communication avec les festivalier.ères. Pensons entre autres à la vente devancée d’une heure sans que ce soit annoncé ou à l’évacuation de la soirée du 9 juillet où tout le monde a cru à une bombe, mais surtout au fait que le Festival n’a pas vraiment reconnu ses erreurs ;
  • La programmation qui, en voulant jouer de la nostalgie (et on sait que la nostalgie a souvent meilleurs goûts), a un peu basculé vers le Hasbeen en plus de ne présenter que deux femmes en tête d’affiche sur les grosses scènes ;
  • Le son de la scène Hydro-Québec et sa mauvaise gestion des basses et du sub (ça vibrait, même un peu trop parfois…).
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