Festival Plein(s) Écran(s) 2023 – Revue du 18 au 20 janvier

Du 18 au 29 janvier se tiendra en ligne la septième édition du Festival Plein(s) Écran(s). Le concept est simple : chaque jour, pendant 24 heures, il vous sera possible de visionner des courts-métrages de toutes sortes. C’est donc plus d’une quarantaine de films qui seront présentés durant le festival. Pour l’occasion, différent.es journalistes d’Impact Campus proposent de vous présenter certains de ces courts-métrages, présentations ponctuées de nos réflexions, et ce, jusqu’à la fin du festival. Nous reprenons, à une exception près, la formule de l’année dernière. Cette fois, une pluralité de journalistes et d’angles d’approches vous accompagneront, manière de pocéder qui, si elle semble tendre vers l’éparpillement, est représentative de la divesité des propositions et de l’étendue des publics rencontrés : fictions, films d’animation, documentaires, toustes y trouveront leur compte. Nous vous encourageons grandement à y jeter un coup d’œil : c’est un événement important, qui contribue à la démocratisation de l’art cinématographique. 

Pour participer au Festival Plein(s) Écran(s), rien de plus simple : l’événement est gratuit et disponible à toustes. Vous n’avez qu’à vous rendre sur leur page Facebook (ici) ou Instagram (ici). Sinon, sachez que les courts-métrages seront disponibles directement sur leur page web : https://pleinsecrans.com/

 

Légende (telle qu’établie par le Festival)

Ça déménage ! : ça brasse en tabarouette

Ça surprend : ta matante dirait « c’est spéciaaaaaal »

Ça va mal à shop… : et ça chatouille tes feels

Ça te replace les chakras : aussi efficace qu’une thérapie

 

18 janvier – Raphaëlle Martineau, journaliste collaboratrice

La vie heureuse (16 minutes)

Réalisation: Amélie Hardy | Mood: Ça surprend

Synopsis : Un voyage méditatif au cœur d’exutoires inusités, qui dresse le portrait d’une société en quête de sens et de réconfort.

Avis: Amélie Hardy nous amène avec elle dans un voyage sonore et visuel unique, qui, en premier lieu, nous fait oublier de prendre notre souffle tellement l’environnement est anxiogène et qui, quelques secondes plus tard, nous satisfait par une sérénité envoûtante, le tout narré par la voix douce et chaleureuse d’un certain John Smith. Je conseille de visionner ce documentaire avec un casque d’écoute pour bien apprécier l’environnement et le travail sonores, plus que réussis. 

Suzanne & Chantal (18 minutes)

Réalisation: Rachel Graton | Mood: Ça déménage !

Synopsis: Suzanne et Chantal se rendent au salon de coiffure où le patron souhaite régler ses comptes…Mais cette semaine, Chantal n’a pas d’argent pour lui…

Avis: Dès les premières minutes de Suzanne et Chantal, on croit savoir comment et où nous amènera le court-métrage. Contre toute attente, Rachel Graton nous dévoile, et ce, à quelques minutes de la fin, une amitié et une histoire beaucoup plus complexe et touchante entre deux femmes, qui, grâce à un magnifique jeu d’actrice, nous font autant rire que pleurer. Une histoire qui surprend de plusieurs belles manières et qui marque positivement le début du festival.

Tétanos (10 minutes) – Coup de coeur 

Réalisation: Alexandre Lefebvre | Mood: Ça va mal à shop…

Synopsis: En cherchant à travers le métal et la scrap des autres, un jeune ferrailleur retrace comment la rouille s’est incrustée dans sa relation avec son père.

Avis: Dès le départ, j’ai adoré le lien tissé entre le titre et le métier entourant la vie de Max. Filmé en noir et blanc, le court-métrage nous emporte dans la complexité du silence et de l’héritage intergénérationels et combien cela peut être difficile de briser les codes et les schèmes familiaux. Avec des dialogues internes saisissants, francs et surtout touchants, Max trace le portrait d’un univers d’hommes qui ne sont certainement pas doués avec les émotions.

Les oiseaux du paradis (6 minutes)

Réalisation:Gabriel-Antoine Roy  | Mood: Ça te replace les chakras

Synopsis: Sam et Phil fument un joint dans une belle voiture.

Avis: Tous les clichés de conversation de stoner furent évités avec brio par Gabriel-Antoine Roy. Un petit six minutes qui fait sourire et rire autant pour la désinvolture du dialogue que pour sa profondeur. J’aime particulièrement comment les pressions que l’on peut se mettre sur les épaules et les manières de se soulager de ce poids sont abordées, sans toutefois être nommées explicitement.

 

19 janvier – William Pépin, journaliste multimédia

Pas de fantôme à la morgue (16 minutes)

Réalisation: Marilyn Cooke | Mood: Ça te replace les chakras

Synopsis: Une étudiante en médecine est forcée de faire un stage à la morgue où elle devra affronter les morts, ses collègues atypiques et l’esprit de sa grand-mère.

Avis: J’apprécie ces propositions où l’on jongle constamment entre l’humour et le drame, entre les larmes et le sang, entre la vie et la mort. Marilyn Cooke met en scène un véritable rite initiatique médical, avec tous les malaises et l’angoisse qu’un tel parcours peut occasionner. Le duo formé par Schelby Jean-Baptiste (Keity Richardson) et Michel Laperrière (Docteur Rouleau) y est d’ailleurs pour beaucoup. Plus qu’une histoire de sutures, Pas de fantôme à la morgue présente ces filiations, ces chemins spirituels qui, tantôt se croisent, tantôt s’éloignent à jamais.

L’un l’autre (21 minutes)

Réalisation: Clara Prévost | Mood: Ça va mal à shop…

Synopsis: Deux voisins se rencontrent à un moment charnière de leur vie et s’accompagnent l’un l’autre à travers les défis qu’ils traversent.

Avis: L’un l’autre de Clara Prévost cristallise la rencontre impromptue de deux âmes solitaires en quête de soutien. Le tandem entre Jade Charbonneau et Sasha Samar est la force de ce court métrage dont la mélancolie frontale et la souffrance en sourdine passent plus souvent par les silences que par les dialogues. Mention spéciale à la musique de Lucie Dubé qui est, à mon sens, le vecteur émotionnel principal de cette proposition riche.

Belle River (11 minutes) – Coup de coeur

Réalisation: Guillaume Fournier, Yannick Nolin et Samuel Matteau  | Mood: Ça déménage !

Synopsis: En Louisiane, les habitants de Pierre-Part se préparent à l’imminente inondation de leur petit village. 

Avis: Belle River, c’est cette capacité qu’ont Guillaume Fournier, Yannick Nolin et Samuel Matteau de filmer la beauté du désastre. Ici, la force de la nature se conjugue à la résilience humaine. Toutefois, les images ne sont pas seulement là pour faire joli : elles permettent aux réalisateurs de présenter le portrait d’une Louisiane francophone amoureuse de son territoire et prête à faire face aux intempéries de toutes sortes. En une dizaine de minutes à peine, les conséquences de la crise climatique nous sont présentées avec force et efficacité, dans une démarche hybride entre la sensibilisation et l’hommage à la nature.

Bedroom people (5 minutes)

Réalisation:Vivien Forsans  | Mood: Ça suprend

Synopsis: Un homme explore le contenu d’une clé USB inconnue et découvre une étrange série d’enregistrements.

Avis: Encore une fois, Vivien Forsans réussit à me surprendre. Après Au Placard, il revient avec une proposition complètement différente de la précédente sur le plan esthétique. Bedroom people n’exploite pas tant un propos qu’une ambiance, une atmosphère à mi-chemin entre les tréfonds psychiques de David Lynch et la mythologie lovecraftienne à l’ère du numérique. La démarche exploratoire du cinéaste – mature, éclatée, mais aboutie – pique ma curiosité quant aux prochains projets qu’il prépare.

20 janvier – William Pépin, journaliste multimédia

Piscine pro (8 minutes)

Réalisation: Alec Pronovost | Mood: Ça déménage !

Synopsis: Un jeune diplômé universitaire se rabat sur un poste de commis dans un magasin de piscines.

Avis: Piscine pro est avant tout un exercice de style : le talentueux Alec Pronovost y encapsule avec humour l’univers de la vente au détail et les déboires d’un diplômé universitaire à la dérive. Le monde du travail y est dépeint avec vigueur, dans un montage effréné ayant le potentiel de condenser une saison entière de The Office en quelques minutes. Le court métrage est drôle, sensible et bien maîtrisé. Une belle surprise.

Fond bleu (10 minutes)

Réalisation:Franie-Éléonore Bernier  | Mood: Ça surprend

Synopsis: Un téléphone sonne dans un motel. Une femme répond. C’est la mer qui parle.

Avis: Cette proposition surprenante, à haute teneur symbolique, a le mérite d’exploiter une prémisse aussi simple qu’inquiétante. Si on quitte Fond bleu avec plus de questions qu’à notre arrivée, on en garde tout de même une excellente impression. Son ambiance froidement aquatique y est d’ailleurs pour beaucoup, mais pas seulement : les jeux de Tatiana Zinga Botao et de Mary-Lee Picknell, passant surtout par les expressions du visage, nous envoûtent jusqu’à la dernière minute.

Nid d’oiseau (9 minutes)

Réalisation: Nadia Louis-Desmarchais | Mood: Ça va mal à shop…

Synopsis: Léna, une petite fille noire de 7 ans, reçoit l’aide de sa grande sœur pour rendre sa chevelure crépue aussi belle que celle de ses collègues de classe.

Avis: Nid d’oiseau explore les complexes chez les enfants, mais surtout la prison sociale et esthétique dans laquelle on peut s’engouffrer en bas âge. Ce sont des sujets qui méritent notre attention et que l’on traite assez rarement au cinéma, alors je me réjouis de l’existence de Nid d’oiseau.

Elles (8 minutes)

Réalisation: Mélanie Saint-Germain | Mood: Ça te replace les chakras

Synopsis: Elles sont sans pudeur, se donnent le droit de s’effondrer, avec brutalité ou délicatesse. Elles sont toutes des femmes.

Avis: Si court, et pourtant si riche. Elles de Mélanie Saint-Germain nous transporte dans une expérience sensorielle où la diversité est à l’honneur, tout comme notre rapport à la féminité, au corps et à l’altérité. Synthétiser toutes ces dynamiques en dix minutes à peine (et sans dialogue, qui plus est) demande un grand talent et une sensibilité artistique qui ne court pas les rues.

 

Photos fournies par le Festival Plein(s) Écran(s)

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