Festival Plein(s) Écran(s) 2025 – Revue du 23 au 25 janvier

Depuis maintenant 9 ans, le Festival Plein(s) Écran(s) permet au public de découvrir gratuitement et en ligne une foule de courts-métrages de tous horizons. À tous les jours du 23 au 31 janvier, et pendant 24 heures, vous aurez la chance de pouvoir visionner une variété de courts-métrages, qu’ils soient plutôt doux ou explosifs, fictifs ou réels, animés ou tout simplement inclassables (eh oui ! ça arrive !). Et comme à toutes les années (enfin presque), Impact Campus se fait un plaisir de vous partager ses réflexions, coups de cœur et états d’âme. Nous vous encourageons à y jeter un coup d’œil, à partagez, vous aussi, vos favoris, puisque ce festival est, après tout, l’occasion idéale de se rassembler, de contribuer à la démocratisation de l’art cinématographique et à son rayonnement (et entre nous, quand avons-nous réellement la possibilité de visionner de tels courts-métrages ?). Du vrai bonbon cinématographique ! 

Par Frédérik Dompierre-Beaulieu (elle), cheffe de pupitre aux arts, Emmy Lapointe, rédactrice en chef et Léon Bodier, journaliste multiplateforme

Pour profiter du Festival Plein(s) Écran(s), rien de plus simple : l’événement est gratuit et disponible à toustes. Vous n’avez qu’à vous rendre sur leur page Facebook (ici) ou Instagram (ici). Vous pouvez également avoir accès à toutes les informations concernant le festival et aux courts-métrages directement sur leur site web (ici). Bon visionnement !

Mood  (tels qu’établis par le festival)

Explosif, Poignant, Inquiétant, Tendre

23 janvier – Frédérik

Bail Bail (13 minutes) 

Réalisation : Sandrine Brodeur-Desrosiers | Genre : Fiction | Mood : Explosif

Synopsis : Après avoir signé un nouveau bail, deux colocs de longue date s’aperçoivent que leur nouvelle proprio va les évincer illégalement.

Avis : Bail bail (Lease me alone! en anglais) dépeint littéralement le combat que doivent mener les deux colocs face à l’éviction qui les attend : course folle minée d’obstacles dans la rue, scènes chorégraphiées à la Kill Bill, proprio sans pitié prête à tout pour en arriver à ses fins, nous rappelant même, à un certain moment, la mort de Mufasa dans le Roi Lion…Ce court-métrage réussit à aborder la dure réalité qu’est l’actuelle crise du logement à travers le comique et le burlesque, entre références cinématographiques et univers vidéoludique, sans pour autant négliger le sérieux (ni l’urgence !) de la situation. Une poursuite incessante dont l’efficacité relève justement d’un certain travail du rythme. De vraies street fighters.

Un trou dans la poitrine (11 minutes)

Réalisation : Jean-Sébastien Hamel et Alexandra Myotte | Genre : Animation | Mood : Poignant

Synopsis : Le temps d’une journée d’été caniculaire, Zoé et son petit frère Théo devront crever l’abcès de leur relation pour ne pas se perdre l’un l’autre.

Avis :  Ayant d’abord visionné ce court-métrage au cinéma, puisque présenté dans le cadre de la projection de Memoir of a Snail, il fut agréable de le revisiter, et le film n’en était pas pour autant moins touchant. Les animations sont colorées et l’on y trouve même un petit quelque chose de ludique, surtout dans les transitions. Si elles contrastent avec le deuil avec lequel doivent composer les personnages, elles témoignent cependant à merveille de l’univers et de l’imagination de l’enfance ainsi que de la vie qui, qu’on le veuille ou non, continue malgré tout.

Zug Island (22 minutes)

Réalisation : Nicolas Lachapelle | Genre : Documentaire | Mood : Inquiétant

Synopsis : Un preneur de son se rend sur le complexe industriel de Zug Island, afin de trouver l’origine du Windsor Hum.

Avis : Zug Island raconte, avant tout, une quête nocturne et sonore. En tentant de restituer ce son singulier et d’en comprendre l’origine, l’on convoque, à travers témoignages et expérience terrain, une série d’habitant.es, de lieux, de choses, de laquelle émerge, petit à petit, l’Histoire d’un quartier et de son industrialisation. Court-métrage dont l’atmosphère s’instaure d’abord par sa facture visuelle plutôt sombre, il faut dire que l’obscurité semble la plus propice aux confidences, puisque c’est à travers elle que l’on peut, finalement, se saisir de la lumière. Si ce sont effectivement parfois les sons qui attirent notre attention, il y a là un traitement intéressant que de les chercher, également, à travers l’image ou les descriptions dans la narration.

Les fleurs sauvages  (5 minutes)

Réalisation : Rodolphe Saint-Gelais et Thierry Sirois | Genre : Animation | Mood : Tendre

Synopsis : À travers un message téléphonique détaillé, un homme explique à son interlocuteur comment utiliser son tracteur à gazon.

Avis : Relativement bref, ce film semble avoir été presque trop parfaitement conçu pour celleux qui sont davantage visuel.les qu’auditif.ives…La narration des indications n’est cependant pas trop rigide ou jargonneuse, non, car elle se fait assez naturellement et est relativement familière : elle sait parler (!) à son interloctureur.rice. Mais plus que dans la mise en images ou en schéma des différentes étapes, c’est dans la personnification de la voix que réside l’originalité du concept, dont les différentes incarnations, toujours en noir et blanc, savent en fait très bien traduire les nuances et les tournants, en plus de permettre quelques « soulagements comiques » rompant avec l’aspect a priori plus froid d’une telle démarche « protocolaire ». On se surprend même à y trouver du beau…

24 janvier – Emmy

Audio y el caimán (16 minutes)

Réalisation : Andrés I. Estrada | Genre : Documentaire | Mood : Tendre

Synopsis : Audio aime raconter des histoires fantastiques. Avec l’aide de sa petite-fille de 6 ans, il tente de prouver l’existence d’un alligator géant dans les plaines vénézuéliennes.

Avis :  La caméra fixe donne l’impression d’être arrivé.e par hasard dans une famille vénézuélienne et d’assister, comme un membre silencieux de celle-ci, à la plus banale (mais pas plate) des journées.

À toi les oreilles  (13 minutes)

Réalisation : Alexandre Isabelle | Genre : Fiction | Mood : Explosif

Synopsis : À l’occasion de la parade anniversaire de son patelin, Étienne tente l’impossible : prouver au village la beauté de la cacophonie de sa famille.

Avis : Court-métrage décalé, un peu absurde, mais plutôt fun. Si les 2-3 premières minutes paraissent quelque peu interminables (je n’ai visiblement aucune patience), la suite se succède et on se surprend à souhaiter voir toute la famille d’Étienne réunie et empilée sur un char allégorique.

L’été des chaleurs  (14 minutes)

Réalisation : Marie-Pier Dupuis | Genre : Fiction | Mood : Inquiétant

Synopsis : Une chaude journée d’été, une maison à peine aménagée, une mère qui a besoin de respirer et un enfant qui a besoin d’exister.

Avis : Coup de cœur de la journée. Les interprètes, tant la mère (Gabrielle Poulin B.) que les deux petites (Agathe et Simone Ledoux), sont extrêmement justes et touchantes. On sent la chaleur accablante et le poids d’une charge mentale et émotionnelle d’une rupture récente. Dans L’été des chaleurs, on étouffe nous aussi assurément.

Votre appel est important pour nous  (8 minutes)

Réalisation : Romy Boutin St-Pierre et Joe Nadeau | Genre : Documentaire | Mood : Poignant

Synopsis : Des personnes issues de la diversité appellent différentes instances ministérielles pour trouver des réponses à leurs problèmes bureaucratiques.

Avis : Acteur.rices attachant.es et touchant.es, mais le propos de Votre appel est important pour nous tombe un peu à plat, parce que bien que classé comme un documentaire, les appels téléphoniques sont fictifs et les conversations qui en résultent aussi. Les traits sont un peu trop gros et nous devenons quelque peu incrédules.

25 janvier – Léon

Géant Beaupré (9 minutes)

Réalisation : Alain Fournier | Genre : Animation | Mood : Poignant

Synopsis : Dans une série étonnante de revirements, le corps momifié du Géant Beaupré mettra plus de 80 ans à retrouver le chemin du retour.

Avis : En adoptant une façon innovante de raconter du “true-crime”, ce court-métrage suinte d’une atmosphère aussi intrigante qu’inquiétante. Les multiples décors qui se suivent harmonieusement tout au long du film démontrent une utilisation habile du stop-motion, technique qui pourtant perd de son impact quant aux visages en CGI.

Lumen (13 minutes)

Réalisation : Séphanie Bélanger | Genre : Fiction | Mood : Explosif

Synopsis : Dans une obscurité ambiante, Claude, 70 ans, s’achète des lampes en ligne de façon compulsive pour briser sa solitude. 

Avis : La séquence titre un peu cringe ne rend pas justice au 10 minutes d’hilarité qui la suit. En très peu de mots, mais avec une bande-son animée, ce court-métrage nous lance dans un vrai yoyo d’émotions. Entre ennui, pitié, peur et amusement, Claude nous entraîne dans son monde isolé, mais jamais ennuyant.

Unclean (17 minutes)

Réalisation : Simon Chouinard | Genre : Fiction | Mood : Inquiétant

Synopsis : Durant son quart de nuit dans une piscine publique, un jeune concierge se voit confronté à la présence d’une entité invisible.

Avis : Unclean ou le jour où tu apprends que les concierges nettoient avec du Febrez. Malheureusement, ce n’est pas la seule décision prise par le personnage principal qui semble étrange dans ce court-métrage d’horreur. Perdu entre les trop nombreux close-up et les choix narratifs plus faciles que justifiables, le tempo peine à s’établir, laissant le temps d’un écran noir pour deviner une fin trop prévisible à ce quart d’heure de visionnage moins inquiétant qu’assommant.

Stae (3 minutes)

Réalisation : Justin Tran | Genre : Animation | Mood : Tendre

Synopsis : Les quatre grands concepts de l’instinct de vivre sont vus à travers différents chapitres de la vie du protagoniste.

Avis : Un titre qui intrigue et qui ne prend son sens qu’à la fin de ce court-métrage tout en simplicité et en douceur. Plutôt que les concepts d’instinct de survie, ce sont les étapes d’une vie qui sont présentées de manière apaisante à travers couleurs primaires et animaux totems.

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