Encore une fois cette année, l’initiative de Daniel et Cassandre Sioui En juin : Je lis autochtone ! est de retour pour une troisième édition dans le cadre du Mois national de l’histoire autochtone. Pour l’occasion, Impact Campus vous suggère différentes oeuvres tout au long du mois. Du roman érotique à la poésie, du théâtre à la bande-dessinée, découvrez ces littératures comme autant de nations, de communautés, de visions du monde. Bonnes lectures !
Par Frédérik Dompierre-Beaulieu (elle), journaliste multiplateforme
N.D.L.R. Bien que juin soit une merveilleuse occasion de mettre à l’avant-plan les questions des droits autochtones au Québec et au Canada, l’histoire et la culture des différentes nations et, dans ce cas précis, les auteur.rices, libraires et éditeur.rices autochtones, il faut se rappeler que ce n’est ni un simple effet de mode, ni un événement ponctuel. C’est encore moins une excuse pour justifier son tokenisme (ou diversité / inclusion / inclusivité de façade). Ce serait bien des valoriser leur parole et de les écouter à l’année (on dit ça comme ça…).
500 ans de résistance autochtone (2023) – Gord Hill – Éditions Prise de parole
Bande dessinée
Quatrième de couverture / Extrait : Antidote nécessaire à l’histoire officielle de Amériques, 500 ans de résistance autochtone dépeint d’une perspective autochtone la résistance des Premiers Peuples aux colonisateurs et autres oppresseurs, du premier contact jusqu’à aujourd’hui. La bande dessinée présente des événements marquants, comme les invasions espagnoles des empires aztèques, maya et inca, la révolte des Pueblos de 1680 au Nouveau-Mexique, la bataille de Wounded Knee en 1890, la résistance des peuples des Grandes Plaines au 19e siècle et, plus récemment, les manifestations Idle No More et l’opposition au Dakota Access Pipeline. Au Canada, elle aborde la crise d’Oka de 1990, le conflit foncier de la Grande Rivière entre les Six Nations et le gouvernement fédéral de 2006, et, depuis 2020, les manifestations anti-pipeline des Wet’suwet’en. Disponible pour la première fois en français, l’oeuvre de Gord Hill raconte la dépossession et la violence vécue par les Premiers Peuples, mais surtout, elle éclaire leurs luttes passées et actuelles pour la souveraineté territoriale et l’autodétermination.
Commentaires : Wow. Définitivement pas le genre d’oeuvre qu’on lit à la légère (et pour être bien franche, une seconde lecture aurait été plus que la bienvenue). Comme quoi les programmes et curriculums d’histoire dans les écoles du Québec et de partout ailleurs au Canada nécessitent une solide refonte, et c’est peu dire. Soutenu par un travail de défrichage et de recherche impressionnant, cette bande dessinée propose une relecture qui non seulement déboulonne une tonne de mensonges et de faussetés véhiculées par une certaine vision (blanche et coloniale, évidemment) de l’Histoire, mais met au jour une diversité, des résistances et des humanités longtemps et volontairement passées sous silence. Ne soyez pas surpris.es si l’oeuvre vous donne l’impression de ne plus rien connaître, d’avoir tout à apprendre : c’est pour le mieux.
Wapke (2021) – Collectif – Éditions Stanké
Nouvelles
Quatrième de couverture / Extrait : Wapke – « demain » en langue atikamekw – est le premier recueil de nouvelles d’anticipation autochtone publié au Québec. Quatorze auteurs de nations et d’horizons multiples se projettent dans l’avenir par le biais de la fiction, abordant des thèmes sociaux, politiques et environnementaux d’actualité. Sous la direction de Michel Jean, Wapke offre un commentaire social souvent saisissant où se dessine l’espoir d’un changement.
AVEC DES NOUVELLES INÉDITES DE Joséphine Bacon (Innue), Katia Bacon (Innue), Marie-Andrée Gill (Innue), Elisapie Isaac (Inuk), Michel Jean (Innu), Alyssa Jérôme (Innue), Natasha Kanapé Fontaine (Innue), J.D. Kurtness (Innue), Janis Ottawa (Atikamekw), Virginia Pésémapéo Bordeleau (Crie), Isabelle Picard (Wendat), Louis-Karl Picard-Sioui (Wendat), Jean Sioui (Wendat) et Cyndy Wylde (Anicinape et Atikamekw)
Commentaires : Plus qu’une oeuvre de résistance transautochtone, Wapke en est aussi une de la résurgence, dont la force réside spécifiquement dans la pluralité des voix et des futurismes qui la constituent et la traversent. Alors que plusieurs nouvelles pensent, de manières uniques, la place et la question de la langue, ces récits tournés vers l’avenir ouvrent, sans surprise, à des mondes de possibles, de nouveaux espaces à conquérir, parfois toujours liés à la colonisation, parfois radicalement décoloniaux. Ici, l’imagination devient un outil de réappropriation, certes, mais elle permet surtout d’envisager le passé et le présent différemment, d’y apposer un regard neuf, ancré dans la réalité autochtone, et de se questionner quant au futur souhaité, souhaitable.