Killers of the Flower Moon: retour sur un pan sombre de l’histoire américaine

Après un The Irishman distribué uniquement sur Netflix, Killers of the Flower Moon revient dans les salles obscures pour notre plus grand plaisir.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

 

D’une durée de 3h26, il fallait être cloué sur un siège de cinéma pour résister à l’envie de pianoter sur nos cellulaires. Mais Scorsese maîtrise la durée ; très peu de longueurs, la trame est composée de plusieurs rebondissements, les personnages sont attachants, bref, on ne verrait presque pas le temps passer. 27e long-métrage du réalisateur, maintenant âgé de 80 ans, le film a été présenté au mois de mai au Festival de Cannes et a reçu une standing ovation d’une dizaine de minutes à la fin de la projection. S’il était hors compétition et n’a donc pas remporté de prix, il serait bien étonnant qu’il ne rafle pas plusieurs oscars l’année prochaine.

C’est avec beaucoup de rigueur historique que Scorsese revient sur le massacre du peuple Osage dans l’Oklahoma des années 20. Alors que du pétrole est découvert sur leurs terres, ils obtiennent son droit d’exploitation exclusif qui ne peut être ni cédé ni vendu, mais seulement hérité. Vous vous doutez bien que cela va attirer la convoitise de nombreux entrepreneurs blancs qui n’hésiteront pas à les assassiner pour s’approprier leurs richesses.

Killers of the Flower Moon est l’adaptation d’un ouvrage du même nom de David Grann, sorti en 2017 (écrivain et journaliste, il a notamment écrit La cité perdue de Z, adapté au cinéma par James Gray en 2016). Toutefois, contrairement au roman qui se place du point de vue d’un enquêteur du FBI, Scorsese et son scénariste, Éric Roth, font le choix d’apporter une nouvelle perspective ; celle de Mollie (Lily Gladstone), une Osage diabétique. Mariée à Ernest (Leonardo DiCaprio), un Américain naïf et homme de main de son oncle (campé par De Niro), elle permet à Scorsese de raconter le génocide Osage de l’intérieur. Figure centrale de cette tragédie silencieuse, Mollie se bat pour ses croyances, sa culture et sa famille face à la cupidité et à la cruauté de monstres qui savent se dissimuler parmi les bienfaiteurs de la ville.

Avec Killers of the Flower Moon, Scorsese met en lumière un pan sombre de l’histoire américaine et signe ainsi l’un des films les plus politiques de sa carrière. Comme à son habitude, il dissèque l’âme humaine et en expose toute la pourriture. Ses personnages sont avides, brutaux, manipulateurs, il suffit de revoir Mean Streets, Gangs of New York ou encore The Wolf of Wall Street, pour s’en assurer. Si le film n’est pas encore tout à fait rentabilisé, il obtient jusqu’ici un score tout à fait honorable au box-office (138 millions de dollars de recette sur les 200 millions de budget). Scorsese continue de réaliser des masterpiece et de mettre son talent à profit pour aborder des faits qui, s’ils se sont déroulés il y a une centaine d’années, résonnent encore dans notre actualité.

N’hésitez pas à écouter notre balado sur le sujet pour en savoir plus !

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