Mississippi Othello, une présentation de la troupe Les Treize de l’Université Laval, est une conception de Maxime Robin et David Bouchard qui s’inspire des grandes lignes de la pièce de William Shakespeare, Othello.
Mélanie Desbiens
Loin du côté pompeux des vers et du Moyen Âge vénitien, l’histoire s’inscrit dans une Amérique à l’aube de la guerre de Sécession, où l’amour entre un esclave noir et la fille du propriétaire de la Coton Dixie ne peut que provoquer de sombres conséquences.
Une idée ambitieuse que celle d’actualiser ce classique et de le transposer dans un tel climat de tensions raciales. Loin de distiller l’essence même de la pièce, la thématique y apporte un regard neuf et réaliste, à des milles de cet univers parfois guindé du théâtre shakespearien. Le spectateur, face à cette proposition, peut s’interroger sur la réussite d’un tel pari. Les doutes se dissipent rapidement devant la passion des acteurs, qui livrent le tout avec force et conviction. On a affaire à un art admirablement bien maîtrisé, tant au niveau du jeu que du récit.
Par contre, l’aménagement de la salle laisse un brin pantois. La scène se déploie comme un chemin où les acteurs voyagent entre un magnifique aulne et une façade de maison coloniale, qui sert sporadiquement de toile à des marionnettes projetées en ombres chinoises. Les spectateurs, postés de chaque côté du corridor, doivent donc faire certaines prouesses cervicales pour ne rien manquer de l’action… Une meilleure disposition du public aurait davantage servit l’œuvre sans toutefois sacrifier l’intimité présente entre les acteurs et le public.
C’est un pari gagné pour Mississippi Othello, qui, avec peu de moyens, nous charme par sa sincérité. Un amour impossible, une lutte de pouvoir et une fin poignante. Tout est là pour constituer un succès. Shakespeare doit être en train d’applaudir dans sa tombe !
Crédit photo : Claudy Rivard