Pour cette fin d’année, le musée de Beaux-Arts de la ville nous offre une toute nouvelle exposition intitulée : Premiers jours. Œuvres autochtones de la Collection McMichael d’art canadien. L’objectif est de mettre de l’avant comme jamais auparavant tout le talent de la population autochtone du Québec à la Colombie-Britannique !
Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme
La première chose qui nous saute aux yeux lorsqu’on pénètre dans la pièce, c’est la scénographie, ou plutôt, son absence. L’espace est épuré et contraste violemment avec l’exposition sur McNicoll à côté. Si le choix du blanc laisse la place aux œuvres de s’exprimer, ça ne permet pas pour autant d’en décupler la portée. C’est sobre. Trop sobre. L’exposition prend un aspect un peu fade avec un éclairage beaucoup trop faible pour bien admirer les œuvres. Pourtant, le titre de l’exposition est de couleur vive, on s’attendait donc à une mise en scène chaleureuse et dynamique, on doit avouer être un peu déçu…
Pourtant les œuvres sont là et elles sont belles ! Avec plus d’une cinquantaine d’artistes issu.es de 13 nations différentes, on se retrouve plongé au plus près de leur réalité, de leur vision du monde, de leur héritage aussi. Divisée en huit sections à parcourir, l’exposition aborde de vastes thèmes pour refléter avec justesse toute la diversité de l’art autochtone. Des objets du XVIIIe siècle côtoient des œuvres des années 70 et 80 pour former une unité, montrant que les préoccupations sont très semblables d’une époque à une autre. On remarque, par exemple, que les artistes font de la préoccupation environnementale une pierre angulaire de leur travail, et ce, depuis longtemps déjà, comme en atteste la grande toile New Climate Landscape de Lawrence Paul Yuxweluptun, tête d’affiche de l’exposition.
C’est donc un parcours à la fois spatial et temporel avec plus de 200 ans d’histoire qui s’étend à travers tout le Canada. Entre vie traditionnelle, impact de la colonisation et enjeux contemporains, les œuvres reflètent les cicatrices de tous ces peuples qui parviennent, malgré tout, à affirmer leur identité. Les magnifiques toiles de Norval Morrisseau nous embarquent immédiatement dans ce voyage au plus près d’une terre ancestrale qu’il nous faut redécouvrir. C’est donc tout à fait logique de terminer sur la terre la plus aride et la plus éloignée : l’Arctique canadien. La grande toile de Tim Pitsiulak nous accueille dans cette dernière pièce avec pour compagnie une baleine boréale et des bélugas. Le coup de crayon est délicat, l’œuvre envoutante et apaisante. Le blanc nous enveloppe et nous guide entre motoneiges, sculptures animales et l’eau glaciale du Grand Nord.
Nous ressortons de l’exposition avec beaucoup d’admiration pour tous ces objets et tableaux, témoignages d’un héritage et d’une vision du monde particulière qui nous invitent surtout à en apprendre davantage sur ce passé fondateur de plusieurs nations.