Le théâtre universitaire hors des Treize : Levée de rideau

Un texte bien appris, des accessoires vieillots, un décor sentant la peinture fraîche et on se transforme en Harpagon, le célèbre avare de Molière, ou en vaillant Cyrano. Véritable institution culturelle sur le campus, la troupe des Treize n’a toutefois pas la chasse gardée de la dramaturgie étudiante. Projets parascolaires, théâtre pédagogique, comédie musicale : l’offre est tout aussi variée que méconnue.

En dehors des salles de classes s’animent quelques troupes parascolaires, dont celle des Corps Étrangers, formée d’étudiants de premier cycle en médecine. Comme « il n’y avait rien de théâtral dans la Faculté », lance Dimitri Laflamme, représentant de la troupe, le projet a été lancé afin de « créer une diversité dans les programmes parascolaires » proposés aux étudiants en médecine il y a environ 5 ans.

Comme celle de la Faculté de droit (Côté Cour), la troupe est encadrée par un metteur en scène professionnel, en l’occurrence Charles-Étienne Beaulne. Le jeune acteur, qui s’est illustré dans le rôle-titre d’Arlequin serviteur de deux maîtres à La Bordée, en est à sa seconde année avec la troupe. Cette collaboration est un gage de qualité selon Dimitri Laflamme, car elle permet aux étudiants de rendre un « produit fini d’un bon niveau ».

La vie dramaturgique et scénique du campus ne se limite pas qu’à des productions « classiques ». Depuis deux ans, la comédie musicale est bien représentée sur les planches lavalloises, notamment avec la Troupe des « Vrais » Talents. Cette année, Les Productions Sixième Art, formée d’anciens des « Vrais » Talents, pilotera Le Chanteur de noces. La troupe est largement constituée d’étudiants de l’UL, dont Susie Dufour (2h14 et Boeing Boeing aux Treize), la metteure en scène Julie Lespérance et Andréa Doyle Simard (Chicago, 9 à 5 et L’Éveil du printemps aux « Vrais » Talents).

Quand le théâtre fait école

Pendant une année scolaire complète, les finissants du baccalauréat en théâtre assument tant la conception du projet que son financement et sa promotion. « C’est une simulation en temps direct de ce qu’on aura à vivre dans notre vie professionnelle », explique Émile Beauchemin, finissant en théâtre. « C’est un projet monumental » qui « prend en compte toutes les connaissances acquises dans le programme », ajoute celui qui participe à la conception technique du spectacle. Ce défi de taille demande beaucoup de préparation, d’écoute et de discipline, selon Robert Faguy, professeur en charge de la production étudiante.

L’exercice est tout aussi instructif pour les metteurs en scène qui prêtent main forte aux troupes parascolaires. Pour Charles-Étienne Beaulne, diplômé du Conservatoire d’art dramatique en 2011, « travailler avec des troupes amateurs, c’est un terrain de jeux incroyable ». Pour celui qui signera une première mise en scène professionnelle la saison prochain, encadrer Les Corps Étrangers lui permet de se « faire la main ».

Un milieu tissé serré ?

Bien que de plus en plus nombreuses, les liens existant entre les productions étudiantes sont relativement ténus. De l’avis des intervenants questionnés, les troupes des facultés de droit et de médecine semblent naviguer sous le radar, peu connues des finissants de théâtre et des Treize. Et vice-versa : ces troupes, comme celle des Corps Étrangers, ne sont pas au courant de ce qui se monte en dehors des Treize.

La présidente des Treize, Laura Maltais-Provençal avoue ne pas connaître ce qui se fait en matière de théâtre parascolaire. Ce n’est toutefois pas un gage de fermeture de l’institution à l’égard des projets étudiants. « Il y aurait moyen de faire des partenariats », lance-t-elle au bout du fil. « Le costumier des Treize est ouvert à tous ceux qui en auraient besoin. »

Le prochain déménagement du programme de théâtre au Casault pourrait être l’occasion de rapprochements avec les Treize selon M. Faguy. « On sait que ce sont des besoins qui pourraient être accessibles aux Treize. Il y a eu des premiers liens qui ont été établis, mais je ne sais pas où les discussions en sont présentement. »

Outre un possible partage de ressources, des liens informels unissent le baccalauréat en théâtre et la troupe aux 65 chandelles. Les projets évoluent en vase clos, avance la présidente des Treize, « quoi qu’il y ait beaucoup de comédiens dans la troupe qui proviennent du programme ».

La première édition du Festival de théâtre de l’UL (FTUL) a été une occasion de créer des ponts entre les projets. « On avait entrepris des dialogues avec les Treize » en plus d’avoir publicisé leurs productions, se rappelle Émile Beauchemin, coordonnateur de l’évènement. « Le FTUL était une promotion pour le milieu théâtral de l’Université et les Treize en font partie. »

Toutefois, les échanges gagneraient à être plus nombreux, conclue-t-il. Pour le jeune homme, il est essentiel de dynamiser la vie théâtrale en soutenant une pléthore d’initiatives. « S’il y a juste les Treize, ça n’avantage personne, pas même les Treize. »

Le finissant en théâtre est confiant quant à l’avenir dramaturgique de l’UL : « Il y a toujours de la place pour alimenter la vie théâtrale du campus. Il y a le potentiel pour que ce milieu existe et il est en voie de prendre de l’expansion. »


À voir ce printemps

11, 13 et 14 mars 2015 : Le Marchand de Venise [William Shakespeare], Troupe Côté Cour, Amphithéâtre Hydro-Québec

11 au 15 mars 2015 : Verrouillez vos portes [Collectif de l’eau de Javel à la pêche], Les Treize, Théâtre de Poche

18 au 22 mars 2015 : Les Négociations [Érik Roby], Les Treize, Théâtre de Poche

25 au 28 mars 2015 : Le Chanteur de noces, Les Productions du Sixième Art, Théâtre de la Cité Universitaire

25 au 29 mars 2015 : Enfantillages [François Archambault], Les Treize, Théâtre de Poche

8 au 12 avril 2015 : Tailleurs pour dames, [Georges Feydeau], Troupe Les Corps Étrangers, Théâtre de Poche

16 au 18 avril 2015 : Création des finissants en théâtre, LANTISS (local 3655 du Casault)

Auteur / autrice

  • Kim Chabot

    Journaliste culturelle dans l’âme et historienne de formation, Kim est passionnée par la littérature, les arts visuels et le théâtre. Elle aime découvrir de tout, des grands classiques aux projets artistiques de la relève. Pour elle, les scènes de l’Université Laval et de la Ville de Québec sont des gros terrains de jeux aux possibilités infinies. Elle nourrit aussi un grand amour pour la langue française, au grand dam de ceux qu’elle reprend inlassablement pour des « si j’aurais ».

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