Plusieurs clubs vidéo ont fermé leurs portes au courant des dernières années, minés par la montée en popularité du visionnement sur demande et des géants du cinéma en flux continu. Bien que la fin des activités de ces lieux autrefois particulièrement populaires soit souvent jugée inévitable, l’attachement de clients fidèles et la modification de certaines pratiques pourraient freiner une disparition totale.
Apparus dans les années 1980, les clubs vidéo ont longtemps fait partie intégrante de la vie des cinéphiles. Depuis le début des années 2010, cela dit, plusieurs de ces lieux dédiés au septième art ont cessé leurs activités dans la province. La région de Québec ne fait pas exception à ce phénomène.
Seuls trois clubs vidéo appartenant à la plus grande chaîne regroupant ce type d’établissement au Québec, les SuperClub Videotron, sont toujours ouverts à Québec. Or, on en comptait une dizaine il y a quelques années. Depuis 2014, les succursales de René-Lévesque, de L’Ancienne-Lorette, de Quatre-Bourgeois et de Cap-Rouge ont notamment fermé leurs portes ou se sont recyclés dans la vente de téléphones cellulaires.
De nouvelles pratiques qui altèrent les anciennes
Alain Simard, affilié au Vidéodrome, situé au croisement du chemin Saint-Louis et de la Route de l’Église, croit que les clubs vidéo sont voués à disparaître. « L’avenir nous dira quel sort nous attend, mais le marché est devenu très incertain, il a beaucoup changé au cours des dernières années », informe le copropriétaire de la succursale ouverte depuis 1998.
Nathan Murray, étudiant en histoire et spécialiste en cinéma pour Impact Campus, abonde dans le sens d’Alain Simard. « La force de l’habitude des adeptes peut finir par s’éroder, à moins que les clubs vidéo misent sur l’offre de films rares ou un service client que Netflix ne peut pas offrir », déclare M. Murray.
Le doctorant relève par ailleurs que la diversification des possibilités de visionner des films à la maison a modifié profondément les pratiques des adeptes de cinéma. « La venue de Netflix, du visionnement sur demande et les possibilités de piratage ont fait que les gens voient moins de bonnes raisons de se déplacer pour aller louer un film, d’autant plus que la qualité de l’image d’un DVD ou d’un Blu-Ray n’est pas nécessairement meilleure que celle trouvée en ligne », remarque-t-il.
S’adapter à la demande
Pour assurer leur pérennité le plus longtemps possible, certains commerces dont les activités s’articulent autour de la location de films tentent de s’adapter aux demandes des consommateurs. Certains clubs vidéo modifient donc leurs pratiques.
C’est le cas du Vidéodrome. Le copropriétaire de l’établissement en question note par ailleurs que la demande pour l’achat de films est plus importante qu’auparavant. « Avant, notre collection de films rares n’était pas à vendre, elle était intouchable, mais maintenant ce n’est plus le cas. On s’est adaptés aux demandes des clients », informe Alain Simard.
Des rituels auxquels certains adeptes sont attachés
L’attachement à la tradition pourrait également expliquer l’engouement de certains clients. Il semblerait que pour ces derniers, une visite au club vidéo représente une expérience en soi.
« On se fait souvent dire que les gens aiment se faire conseiller par une figure habituelle, connue », affirme M. Simard. « Les gens aiment toucher les pochettes de films, les prendre dans leurs mains. La visite physique est importante pour eux », ajoute-t-il.
Il reste à voir si l’attachement à ce rituel perdurera au fil des prochaines années. Un environnement de plus en plus numérique pourrait exacerber la nostalgie chez certains. Au contraire, les nouvelles pratiques de visionnement de films se démocratiseront possiblement encore plus, gagnant même les adeptes moins convaincus à ce stade-ci.