Ce pourrait être le titre de quelque film d’horreur. Ou alors le début d’une histoire pleine d’espoir. Les paris restent ouverts : après deux ans de déboires, les Treize – la troupe de théâtre historique de l’Université Laval – prennent un nouveau départ. Encore. À l’origine du projet : une petite dizaine d’étudiants motivés et avides de jouer, qui ont décidé de se donner les moyens de le faire, en revitalisant au passage l’association moribonde.
Il y a eu le dernier baroud d’honneur d’Éric Robitaille, il y a deux ans : le vétéran s’était précipité pour sauver le navire après une année marquée par d’importants changements et une diminution dramatique et inexpliquée du nombre de projets déposés. Un hiver à deux productions seulement, alors qu’une demi-saison normale en compte quatre ou cinq au bas mot : le coup était dur, malgré la qualité des propositions et l’énergie déployée par le président. Malheureusement, la dernière pièce de l’année – le Bizarre incident du chien pendant la nuit, attendue avec impatience– avait dû être annulée à la toute dernière minute, pour une question d’exclusivité des droits d’auteur.
Puis, l’année dernière, la promesse de grandes réformes et d’un énergique coup de barre. À la tête d’un conseil d’administration totalement renouvelé – comprendre : novice et novateur – Marc-André Deschênes proposait notamment de renforcer la présence étudiante dans les différentes pièces présentées par la troupe en imposant un quota de 90% d’étudiants par production, contre 50% +1 auparavant (étrange idée, tout de même, de resserrer les critères quand les projets se font rares). La restructuration n’a pas fait long feu : après avoir présenté deux pièces en un an, le nouveau conseil d’administration s’est évaporé, renonçant à réclamer un nouveau mandat. Résultat : l’appel de projets pour l’année 2017-2018, prévu au printemps, n’a pas été lancé.
Depuis, une poignée d’étudiants amoureux du théâtre ont décidé de prendre les choses en main, en lançant tardivement un appel de propositions. Andréanne Godin, Maude Rodrigue, Pierre-Hughes Madore et une demi-douzaine de collègues ont pu compter sur les judicieux conseils des anciens présidents Éric Robitaille et Laura Maltais-Provençal, mais sont sans contact avec les membres du dernier C.A. Techniquement, la nouvelle « direction » de la troupe ne dispose d’aucun statut officiel, mais espère former une partie du nouveau conseil d’administration. Ils invitent d’ailleurs tous ceux qui ont le théâtre et les Treize à cœur à s’y présenter.
Une main tendue aux passionnés de théâtre
Les nouveaux venus, remplis de bonne volonté, se fendent aussi d’un appel aux armes afin de sauver la troupe : toute la communauté universitaire est invitée à déposer des projets et surtout à venir assister à l’assemblée générale automnale de l’association (au cours de laquelle seront notamment élus les membres du nouveau conseil d’administration), prévue le 18 octobre prochain à 18h30 au local 3170 du pavillon Louis-Jacques-Casault.
Le même jour se tiendra la traditionnelle foire aux auditions des Treize, qui permettra aux comédiens amateurs de faire part de leur intérêt aux responsables des différents projets en vue d’obtenir une audition. Le contenu de la prochaine saison n’a pas encore été annoncé : si celle-ci devait encore une fois, faute de temps, être considérablement allégée, les trois compères espèrent néanmoins pouvoir compter sur quatre ou cinq propositions viables pour l’hiver. Quelques projets ont d’ailleurs déjà été déposés et plusieurs membres du C.A. virtuel de la troupe comptent d’ailleurs monter eux-mêmes sur les planches afin de présenter l’œuvre d’un auteur québécois.
Il s’agit d’insister : malgré ce plan d’ensemble délicatement esquissé, pour l’instant, rien n’est encore sûr. Toutefois, Andréanne Godin, Maude Rodrigue, Pierre-Hughes Madore et leurs compagnons semblent bien décidés à ramener les Treize d’entre les morts. On ne peut que leur souhaiter le plus éclatant des succès : il serait en effet fort dommage que cette véritable institution, à la réputation autrefois éclatante – Rémy Girard y a fait ses débuts ! –, soit fragilisée par un nouvel échec. Tant l’Université Laval que ses étudiants y perdraient beaucoup.