C’est à une saison résolument contemporaine que nous convient les Treize. Pour l’hiver, la troupe de théâtre de l’Université Laval offre un théâtre jeune, sinon neuf. Deux créations et deux pièces québécoises, œuvres de dramaturges prometteurs, sont au programme.
Laura Maltais-Provençal, nouvelle présidente des Treize, le déclare d’emblée : jamais la troupe n’a présenté une saison autant marquée par la nouveauté. « C’est la première fois qu’on présente deux créations et que l’improvisation tient une si grande place dans les pièces… C’est disjoncté, ça allie diversité et jeunesse », déclare la jeune femme. Elle poursuit en vantant un théâtre « ludique », « participatif » et « actuel », qui « propose une réflexion sur les valeurs de base des jeunes adultes » par l’entremise de l’humour.
La première pièce, 2h14 du Québécois David Paquet — auteur, entre autres, de Porc-épic, pièce récompensée en 2010 du prix du Gouverneur général — s’inscrit clairement dans cette veine. Six personnages, quatre adolescents et deux adultes, se partageront la scène, unis par une même « quête d’être heureux, de trouver leur voie, de trouver le bonheur », explique la metteure en scène Marie-Ève Chabot-Lortie. Chaque personnage raconte son histoire, jusqu’à ce que 2h14 sonne. Selon la jeune femme, les curieux qui se présenteront au Théâtre de Poche du 11 au 15 février découvriront un « spectacle très rythmé, éclaté », où scènes et personnages se succèdent dans un ballet frénétique.
Du 11 au 15 mars, c’est à une convention de tueurs en série qu’assisteront les amateurs d’expériences nouvelles. Verrouillez vos portes se veut une pièce immersive où « l’on brise complètement le quatrième mur », annonce le metteur en scène Guy Langlois. « Ce qui se passe entre les acteurs se passe aussi dans le public, puisque tous, acteurs comme spectateurs, assistent à la même convention », poursuit celui qui a participé à la création de la pièce en 2009, à Jonquière. Récemment réécrite et retravaillée, la pièce sera jouée dans une « salle de réunion », lieu idéal pour vivre « un théâtre réaliste, un théâtre de rue, un théâtre interactif »… et éclaté !
Une autre création, Les négociations, de l’auteur Érik Roby, sera présentée à l’amphithéâtre Hydro-Québec du 18 au 22 mars. Érik Roby, qui assure aussi la mise en scène, propose une prémisse inspirée par le vaudeville, une négociation syndicale pimentée par d’étonnantes histoires de couchettes prenant un tournant inattendu après la mort du représentant de la partie patronale. La fin, avertit l’auteur, promet d’être dramatique. « Vous allez rire comme des malades, vous allez braillez comme des « matantes » », prévient-il, fier de la première répétition.
Enfin, du 25 au 29 mars, les Treize plongeront dans Enfantillages, une pièce de François Archambault, savant assemblage d’une vingtaine de scènes sans rapport entre elles, mais aux thématiques semblables : la jeunesse… et la vie des jeunes adultes avec enfants ! L’auteur a accordé à l’équipe une grande liberté artistique, puisque histoires et personnages seront chamboulés pour cette mouture lavalloise. « On crée les personnages pour le show », précise la metteure en scène, Léonie Grenon, avant de continuer, survoltée : « Ce sera au public de décider qui joue quoi à chaque soir… Que de complexité en répétition ! »
La saison promet une expérience radicalement nouvelle. Mais Laura Maltais-Provençal est confiante : « Les concepteurs nous ont donné du jus et de quoi vendre leur show. Ils vont savoir rejoindre le public ! », conclut-elle, souriante.