L’Objet 2015 : De bien belles patentes

Deux mois de créativité brute, de dessins, de visites en atelier, de retouches et d’expositions en vitrine… C’est ce qui attend, chaque année, les participants du concours de design L’Objet. Pour sa 22e édition, ce seront quelque 35 « cossins » inédits qui verront le jour, avant d’être vendus à l’encan.

Maquettes de lampes réinventées, de tables aux formes épurées, de chaises futuristes… Dans un mois, ces objets, aujourd’hui au stade d’embryon, seront exposés dans la vitrine de deux magasins Simons, avant de s’installer au Musée de la Civilisation le 9 mars. Après s’être faits « zyeuté » comme il se doit, ils seront vendus aux enchères le 13 mars prochain.

Un long processus

L’Objet débute chaque année avec la Charrette, c’est-à-dire un concours de design auquel tous les étudiants d’architecture et d’arts visuels sont convié. « C’est un terme typique en architecture, explique Sandrine Tremblay-Lemieux, responsable du comité de communication de l’Objet. À l’époque, quand les architectes participaient à des concours, ils devaient remettre leur maquette et leur plan sur une charrette qui se promenait à travers eux. »

Au terme de cette étape, les lauréats de la Charrette sont sélectionnés. Tous en lice pour le Prix de la Charette, les projets devront se démarquer et gagner la faveur du jury lors de l’encan. Les projets non retenus peuvent eux aussi aspirer aux grands honneurs, car les autres prix leur sont également ouverts.

Ne reste plus aux étudiants qu’à s’immerger dans un blitz de création de trois semaines afin de créer leur « patente » de toute pièce. « Dans la première phase, on cherche à créer un objet qui va impressionner, atteste Jasmine Maheu-Moisan, lauréate et co-conceptrice de Tombe s’a face. Quand notre objet est sélectionné, on réalise qu’il y a plusieurs facettes auxquelles on n’a pas pensé dans la conception de l’objet. » Le principal défi, enchaîne l’étudiante à la maîtrise en architecture, est que « l’essence de l’objet original demeure et que la qualité initialement proposée soit traduite dans l’objet final ».

Un pied dans la création

Au-delà du volet financier de la chose, le concours est une opportunité de créer sans restrictions, de toucher au concret avant de sortir de l’Université, note Andrée Brunet, lauréate de la Charrette de l’Objet. « C’est l’une des premières chances que nous avons de concrétiser un projet. L’Objet nous donne la chance de toucher et d’exposer une création rapidement ». Pierre-Alexandre Lemieux, lauréat et co-concepteur de la Lampeskisse, abonde dans le même sens : «En tant qu’étudiant, on travaille sur des projets de création design, sans les réaliser concrètement. Le concours nous confronte avec la matérialité de l’objet. »

C’est aussi une occasion en or de faire valoir ses talents, souligne Sandrine. L’évènement « donne beaucoup de visibilité aux créateurs dans le milieu, comme il y a beaucoup d’architectes qui sont présents à l’encan ». À cela s’ajoutent les nombreux partenaires associés qui commanditent les prix remis aux étudiants le soir de la mise aux enchères.

Financement créatif

« L’initiative est née d’un besoin d’argent pour les activités des finissants », dont « le vernissage des projets de finissants et leur bal », présente William Gauthier-Krynski, co-président du concours. Depuis ses débuts modestes au café de l’École, l’activité de financement a pris beaucoup d’ampleur, se rappelle-t-il. Surtout dans les dernières années, avec la collaboration de partenaires comme la Maison Simons et le Musée.

C’est d’ailleurs au Musée que professeurs, architectes et autres invités s’arrachent les créations alors à coup de mises et de clameurs. Du prix plancher, qui oscille entre 50 $ et 80 $, les mises s’envolent très rapidement pour atteindre 500 $ en moyenne, explique Sarah Landry, co-présidente de l’Objet. Il n’est pas rare que quelques-uns de ces « cossins » uniques trouvent preneur pour plus de 1 000 $. « L’année de la grève étudiante, une table à café s’est vendue pour 1625 $, soit le montant annoncé de la hausse des frais de scolarité. C’est la directrice de l’École qui avait remporté la mise », se souvient Sandrine.

Les créations des étudiants seront exposées dans les vitrines des magasins Simons du Vieux-Québec et de Place Ste-Foy du 16 février au 8 mars puis, du 9 au 16 mars au Musée de la Civilisation.

Auteur / autrice

  • Kim Chabot

    Journaliste culturelle dans l’âme et historienne de formation, Kim est passionnée par la littérature, les arts visuels et le théâtre. Elle aime découvrir de tout, des grands classiques aux projets artistiques de la relève. Pour elle, les scènes de l’Université Laval et de la Ville de Québec sont des gros terrains de jeux aux possibilités infinies. Elle nourrit aussi un grand amour pour la langue française, au grand dam de ceux qu’elle reprend inlassablement pour des « si j’aurais ».

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