Jusqu’au mois d’août de l’année prochaine, les amateurs de théâtre de la ville de Québec auront la chance d’entrer dans L’univers de Michel Tremblay au Musée de la civilisation.
Marie-Anne Marcoux Constantineau
En conférence de presse, Michel Côté, le directeur du musée, a expliqué la difficulté de bien représenter les écritures du dramaturge et auteur dans un contexte muséal. Présentement à Paris pour faire la promotion de la comédie musicale Belles-sœurs, Michel Tremblay a tout de même tenu à remercier les organisateurs du musée de cette initiative par le biais d’une capsule vidéo.
Les habitués des musées seront certes surpris d’y voir un seul artéfact exposé, laissant aux murs le soin de nous communiquer le vrai monde de Michel Tremblay. D’entrée de jeu, on garde le caractère classique de l’œuvre : ce sont des comédiens très attachés à l’auteur qui font parler des extraits poignants de pièces qui feront sourire autant les connaisseurs que les néophytes de l’œuvre de Tremblay. Tout cet amalgame de mots pivote autour de trois stations centrales qui explicitent l’histoire de la pièce Les belles-sœurs et une partie de l’œuvre de l’auteur présenté sous forme d’extraits visuels d’une dizaine de pièces.
Avec 26 pièces de théâtre, 3 comédies musicales, 11 romans, 7 scénarios de films, 12 chansons et 25 adaptations pour la télévision, Michel Tremblay est un pilier de notre littérature qu’il faut honorer, tout en s’assurant de ne pas faire de faux pas. Le musée a définitivement réussi son pari : l’approche impressionniste adoptée au cœur d’une atmosphère sombre connecte le visiteur aux émotions des écrits de l’auteur qui ont fait le tour du monde. Certains verront un vide matériel dans la pièce alors que d’autres apprécieront ce montage épuré d’une œuvre qui a déjà été étudiée plusieurs fois par les spécialistes de notre théâtralité. D’une autre part, les organisateurs de l’exposition ont mis davantage l’accent sur un texte en particulier et avec raison. Rappelons que la pièce phare de Tremblay est sans équivoque Les Belles-sœurs. Montée pour la première fois en 1968 par le Théâtre du Rideau Vert, la pièce rompait avec le classicisme de l’époque et amenait le joual de la classe ouvrière dans un théâtre qui se voulait plus élitiste. Dans l’ère post-Duplessis, l’accueil de la critique fut mitigé, c’était la première fois que des femmes de la classe ouvrière s’exprimaient ainsi en joual sur scène. Ainsi, une partie de l’exposition s’ouvre sous un ciel de timbres et un montage d’entrevues de metteurs en scènes et comédiens nous replonge dans les années soixante. On décortique les premiers balbutiements d’un spectacle qui n’allait laisser personne indifférent. Aujourd’hui, la pièce demeure un monument de la culture québécoise qui a été joué dans plus de 35 pays. Une pièce de la salle présente même des affiches de promotion étrangère provenant d’Asie, d’Europe ou du continent sud-américain.
L’exposition ne fait pas de détour et rend bien compte d’un univers connu. Il reste que pour apprécier Michel Tremblay, rien ne vaut la lecture et la relecture de ses textes. Le célébrer dans une expérience muséale vaut le détour, mais pour bien comprendre l’auteur, c’est définitivement sur les planches que la magie s’opère.
Quoi ? L’univers de Michel Tremblay
Où ? Musée de la civilisation
Quand ? Jusqu’au 18 août 2013
Crédit photo : Arnaud Anciaux