Monstrum In Fronte: À la recherche des monstres actuels

Qu’ils soient cachés sous les lits, dans les placards ou dans les écrans de télévision, les monstres ont toujours été bien présents dans la culture et le folklore populaire. Mais les formes qu’ils adoptent changent à travers les époques. C’est dans un univers sombre et disjoncté que l’exposition Monstrum In Fronte tente de démystifier le visage contemporain de ces créatures fascinantes.  

Le choix de la thématique a été évident pour les commissaires Michelle Drapeau et Sèvia Pellissier, étudiantes en histoire de l’art. L’idée d’une exposition sur les monstres et leurs diverses formes les intéressaient depuis longtemps, alors qu’il s’agit pour elles d’un sujet actuel touchant une vaste gamme de thématiques. Toutefois, Monstrum in Fronte est loin de nous présenter des vampires, des zombies ou toutes autres créatures de la pop-culture.

« On n’est pas dans le monstre visuellement vert avec les tentacules, on est plus dans le monstre en général et on voulait voir comment les artistes l’interprétaient », explique Sèvia. C’est donc des monstres visibles et invisibles, tels que le patriarcat, la maladie mentale et même Donald Trump, qui occupent l’espace de la salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins.

Le titre de l’exposition représente bien cette réalité. Provenant de la phrase socratique antique monstrum in fronte, monstrum in animo (ce qui est monstrueux à l’extérieur est monstrueux dans l’âme), le titre a su charmer les commissaires. « On a choisi d’utiliser Monstrum in fronte parce qu’on voulait parler de l’extérieur, des monstres en apparence, mais le Monstrum in animo est quand même présent dans les thèmes par le biais de monstres invisibles », assure Sèvia.

Des œuvres dialoguant 

Pour les organisatrices, l’objectif de l’exposition était clair : créer un dialogue entre les œuvres tout en conservant une diversité parmi celles-ci. Selon Sèvia, chaque pièce a été sélectionnée dans cette optique. « On voulait qui y ait un dialogue entre ces œuvres-là. On a essayé d’avoir des thèmes différents, mais qui regrouperaient le monstre dans son ensemble. » Pour y parvenir, un appel d’œuvres a été lancé et des requêtes plus personnelles ont été adressées.

« On a sélectionné des artistes d’avance à qui on a demandé de donner des œuvres. C’est des gens qui nous inspirent, on avait vu leurs travaux et on voulait vraiment travailler avec eux », avoue Sèvia. Si certaines créations existaient déjà avant l’exposition, quelques artistes ont créé des pièces uniques pour l’occasion. La thématique des monstres est alors exploitée au moyen de différents médiums, tels que la peinture, la sculpture, la projection vidéo ou encore l’utilisation de structures géantes.

Initiative 100 % étudiante

L’Université Laval est bien représentée alors que les deux commissaires ainsi qu’un bon nombre d’artistes y étudient. L’exposition est néanmoins une initiative entièrement étudiante et n’est aucunement reliée à un cadre scolaire. Le projet permet aussi à Michelle et Sèvia d’acquérir de l’expérience précieuse dans leur domaine en plus de leur permettre de monter un projet qui leur tient à cœur.

« On s’implique beaucoup dans plusieurs domaines de l’histoire de l’art, mais on voulait pouvoir monter notre exposition et se mettre au commissariat. Ce n’est pas tout de graviter autour du domaine, car personne ne va venir te demander si tu veux faire du commissariat, il faut que tu le fasses », spécifie cette dernière.

Les commissaires ont aussi fait appel à des étudiants en histoire de l’art pour la conception de textes descriptifs pour les différentes œuvres. Pour ce faire, chaque auteur et artiste ont été jumelés en fonction du style de la création et du champ d’études de l’étudiant afin de créer des descriptions uniques et justes. L’ensemble des textes et des photographies professionnelles des œuvres ainsi qu’un mot des commissaires seront regroupés dans un catalogue. Celui-ci sera présenté au public lors du vernissage de l’exposition le 16 février prochain.

 

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