À l’occasion de son 30e anniversaire, Impact Campus vous propose chaque semaine un article paru dans ses pages lors des trois dernières décennies. Ces textes sont l’occasion de revenir sur certains événements ayant marqué l’histoire de l’Université Laval.
C’est en retard (bien entendu) que l’enfant terrible du rock québécois s’est présenté à l’entrevue. « J’veux un café », ont été ses premiers mots. Avec tous les passages remarqués qu’il a fait dernièrement à la télévision, laissez-nous vous dire que c’est avec un peu d’inquiétude que nous envisageons cette entrevue. Mais voilà, nous avions mis toutes les chances de notre côté (à vous de juger ce que cela peut signifier) : nous étions deux contre un. En fait, c’était deux fois plus de questions pour essayer d’avoir quelques réponses.
Texte de Christian Gagné et Isabelle Larouche publié à la page 17 de l’édition du 26 novembre 2007
Des réponses, nous en avons eues. Elles ne sont peut-être pas toutes véridiques cependant. Un exemple? Jean Leloup confiant qu’il ne faisait pas « La chambre » en spectacle parce que c’était trop personnel et qu’il ne se sentait pas à l’aise de l’interpréter sur scène. Cependant, samedi soir au D’Auteuil, il s’est mis à sa guitare pour l’interpréter, tout seul, sans musicien. À vous de juger du reste…
C’est très naturellement (voire sincèrement) qu’il nous a avoué avoir sorti un disque cette année parce qu’il n’avait plus un sou. Il attendait aussi d’avoir plusieurs pièces à son goût pour monter un spectacle et enregistrer un album. « Quand je n’ai rien de bon à dire, j’aime mieux me taire », déclare Jean Leloup.
En fait, il y a beaucoup de pièces sur l’album qui ne le satisfont pas entièrement. Il dit quand même avoir un faible pour « Pigeon », une pièce aux accents trip-hop et reggae. « Tout le monde, même quelqu’un qui ne joue d’aucun instrument, peut faire une forme ou une autre de trip-hop, affirme-t-il, c’est d’ailleurs très peu dispendieux et surtout très accessible. » Ce nouvel album aux multiples couleurs est le fruit d’une longue maturation : « Il y a beaucoup de choses sur lesquelles je voulais travailler. Je voulais développer ma technique musicale et explorer les styles musicaux. D’ailleurs ça faisait très longtemps que j’avais envie de faire du country et je me suis bien amusé à faire I lost my baby. Ce que j’aime, c’est la simplicité dans la musique. » Il n’est cependant pas encore certain de la qualité de l’album. À ce sujet, il explique qu’il voulait surtout faire un album parce qu’il en faut un pour pouvoir faire des spectacles. « Y’a des compos qui sont… ouin… ordinaires comme « La chambre », mais je n’ai pas vraiment réécouté l’album », déclare-t-il.
Le Dôme est en fait une sorte de synthèse de toutes ces années pendant lesquelles il est disparu de la scène musicale. Il y a eu bien des changements, entre autres la nature des textes. Interrogé à ce sujet, Leloup explique qu’il s’est davantage tourné sur lui-même, mais qu’il a quand même conservé tout le côté anecdotique de son écriture. Alors que sur L’amour est sans pitié il surprend par la coloration de ses personnages, il est conscient qu’avec des pièces comme « Sang d’encre » il émeut davantage.
Les véritables changements sont toutefois sur la scène. C’est d’ailleurs ce qu’il tente d’expliquer lorsqu’il dit : « Dans le temps, je voulais voir jusqu’où j’étais capable d’entraîner la foule. Lorsque ça trashait, j’en mettais encore plus, juste pour voir… C’est déjà arrivé que près de 60 personnes se retrouvent à l’hôpital. Maintenant, je cherche davantage à créer une harmonie entre le corps et l’esprit. Je trouve ça génial que les gens s’éclatent, mais je n’ai plus envie qu’ils se blessent. Il faut davantage essayer d’intérioriser ma musique pour la faire sortir de manière plus cool et moins agressive », raconte-t-il le sourire aux lèvres.
Effectivement, lors de son passage à Québec, les gens étaient beaucoup plus posés. Il faut dire que Leloup semble beaucoup plus paisible et donne un spectacle, tout aussi énergique qu’avant, mais plus serein. C’est en fait un Leloup au naturel. On ne sent plus tout le poids de son personnage et le contact est davantage personnel.
Il ne faut cependant pas regretter l’excentrique Leloup puisqu’il a conservé tous ses bons côtés et comme par le passé, il invitait tous les spectateurs à embrasser leur partenaire pendant le spectacle.