Roméo et Juliette. Adaptation contemporaine de la tragédie de Shakespeare. Sans surprise, Marcutio, Tybalt, Roméo et Juliette iront mourir. Elle et ils seront les victimes collatérales d’un conflit qui les dépasse.
Théâtre Le Trident – 3 mars au 28 mars 2020
Texte : William Shakespeare – Adaptation : Rébecca Déraspe – Mise en scène : Jean-Philippe Joubert
Par Emmy Lapointe , cheffe de pupitre aux arts
Pourquoi refaire Roméo et Juliette ?
Des adaptations de Roméo et Juliette, il en pleut. Au théâtre, au cinéma; j’ai même déjà vu un dessin animé. C’est un jeu dangereux, parce que des comparaisons, on en a mille. La ligne est toujours mince entre ne pas innover suffisamment et dénaturer la pièce. Mais Rébecca Déraspe a fait un travail magistral à l’écriture. Le texte s’est vu être simplifié, actualisé un peu aussi. Et à la mise en scène, Jean-Philippe Joubert s’est éclaté (d’ailleurs, la scène du party est absolument divine).
La distribution initiale étant majoritairement masculine a été revue. Des cousins deviennent des cousines, le souverain est maintenant une souveraine (solidement incarnée par Érika Gagnon). Et on se rend compte que sur le plan de l’histoire, ça ne change rien; ça demeure la même tragédie d’amour, d’amitié aussi.
Du béton et du sang
Le décor est bien, assez sobre, efficace surtout. Les costumes : un 2014 assez basic. Mais un coup d’éclat à la fête avec des habits démentiels. Quelques accrochages dans les textes et à la technique, mais rien de très dérangeant. La performance des comédien.nes est sans fausse note.
Certains diront que Le Trident, avec cette production, a joué la carte de la prudence. Je suis plutôt d’avis qu’il a misé sur le texte, la justesse, la vérité. L’adaptation de Déraspe et de Joubert suffit en elle-même, et sublime la pièce de Shakespeare qui visiblement n’obéit à aucune contrainte spatiale ou temporelle.