La grand-messe livresque de Québec, c’est cette semaine. À quelques jours de sa cérémonie d’ouverture, Impact Campus a demandé à six jeunes auteurs de l’Université Laval ce qu’ils pensent de la place de la relève au Salon international du livre de Québec (SILQ) et dans le paysage littéraire québécois.
Diplômés ou non, ils ont tous profité de leur passage sur les bancs de l’institution lavalloise pour écrire. Beaucoup.
Certains ont fait leurs armes en études littéraires. C’est le cas de Jean-Michel Fortier (Le Chasseur inconnu) pour qui le baccalauréat et la maîtrise en études littéraire ont apporté « une pratique de l’écriture ». « C’est surtout ça qui nous prépare à être capable de créer une œuvre substantielle ». Idem pour David Bélanger (Métastases) qui a appris aux 1er et 2e cycles « à bien lire, à être attentif aux nuances d’un texte », et pour Miléna Babin (Nu), qu’un parcours en rédaction professionnelle a « obligée à développer une discipline d’écriture personnelle ».
D’autres ont aiguisé leur plume en dehors des salles de classe, en autodidactes. Pour Maude Bégin-Robitaille (La Folie du roi et La Tour du roi), écrire et jouer pour les Treize a été « un super tremplin, voire une école ». L’ancienne étudiante en droit a signé plusieurs pièces pour la troupe, dont trois créations. Le parcours de Julien Roy est tout aussi atypique : il a développé « un sens de la phrase très punchée, très courte » pendant ses études en publicité, talent qu’il a peaufiné grâce son blogue In the 10’s et à son premier roman, Gabriel est perdu, qui sera lancé en marge du Salon.
La relève passe au Salon
Les jeunes auteurs sont-ils suffisamment représentés dans ces grandes foires que sont les Salons du livre ? « Il y a une relève littéraire au Québec, alors les jeunes auteurs sont bien intégrés dans les salons en général, affirme Miléna Babin. On les invite dans les tables rondes, on leur offre l’opportunité d’aller à la rencontre de leur public grâce aux séances de signature ». Jean-Michel Fortier est lui aussi convaincu qu’« il y a une place pour tout le monde, qu’on soit des premiers auteurs ou des vétérans », précisant que ces derniers « ont, évidemment, une plus grande reconnaissance ».
Tout n’est pas qu’une question d’expérience, le talent étant une importante variable dans l’équation. Dans ces grandes foires littéraires, « il y a plusieurs auteurs de la relève qui se distinguent en littérature québécoise » et qui occupent « une place importante », nuance Cassie Bérard (Portraits de l’artiste en intellectuel).
Nouveaux auteurs dans le paysage
Et en dehors des Salons, on en parle assez, des jeunes écrivains ? Oui, selon Cassie Bérard, pour qui la relève « est plutôt bien représentée ». Toutefois, poursuit-elle, « il y a un très grand nombre d’auteurs de la relève, et évidemment, ils n’auront pas tous la même visibilité. »
Si les Chrystine Brouillet et Larry Tremblay « vont toujours avoir une belle visibilité », observe Maude Bégin-Robitaille, la nouvelle génération d’auteurs est bien ancrée dans le paysage littéraire québécois. « La relève perce beaucoup au Québec : il y a eu, au tournant de 2010, un véritable mouvement d’intérêt » à son endroit, ajoute David Bélanger. « Les médias et le public sont généralement curieux et s’intéressent aux nouvelles voix », confirme Miléna Babin.
Ce qui fait le plus mal, poursuit la jeune diplômée en rédaction professionnelle, ce n’est pas le manque d’attention accordée aux jeunes auteurs, mais le fait que « le livre québécois au sens large soit oublié ». C’est qu’en bout de ligne, conclue Julien Roy, « les gens lisent moins, ce qui affecte autant les auteurs établis que les auteurs de la relève ».