Sociofinancement en culture : La fin du financement traditionnel ?

La Ruche, Indiegogo et autres Kickstarter, qui séduisent de plus en plus la génération Y, investissent de plus en plus les réseaux sociaux à coup de campagnes originales. Cependant, si l’approche innove, elle est loin de remplacer le porte-à-porte et les soupers spaghetti. Premier de deux textes sur le sociofinancement.

La formule a de quoi séduire : en l’espace de quelques semaines, une campagne de sociofinancement peut récolter quelques milliers de dollars en plus de décupler la visibilité des projets.

Pour Alexis Thériault-Laliberté, responsable des communications de l’OPEN de la LUI, le crowdfunding permet d’« atteindre beaucoup plus de personnes qu’avec du financement traditionnel. » Grâce à sa présence sur le site de La Ruche, le tournoi d’improvisation a bénéficié d’une attention sans précédant cet hiver, en plus de récolter des fonds pour pallier l’absence de la commandite que lui donne chaque année le vice-rectorat aux études et activités internationales. « On a parlé de l’OPEN plus que jamais », se souvient l’étudiant en communication publique.

Au demeurant, les plateformes sont faciles à utiliser et plus conviviales. Exit le malaise de cogner à la porte d’étrangers pour leur demander une aide financière. « Avec le sociofinancement, on laisse des gens dans leur salon décider s’ils veulent donner ou non. Ils n’ont pas à se sentir mal s’ils ne veulent pas donner », ajoute Alexis Thériault-Laliberté.

Campagnes virtuelles ou traditionnelles ?

Quand la recherche de commanditaires fait défaut, les plateformes comme La Ruche et Kickstarter prennent le relai pour assurer des fonds à une pléthore de projets culturels. Les bourses et subventions ne couvrent pas tous les frais encourus par un projet, les commandites ne sont pas toujours renouvelées et les projets ne sont pas toujours admissibles à une aide financière.

C’est ce qui est arrivé à Thomas Rodrigue, étudiant au baccalauréat en histoire dont le film La tinque sacrée n’a pu récolter d’aide du Conseil des arts du Canada. « Les structures de financement traditionnelles ne m’étaient pas accessibles, car je suis étudiant, même si certains de mes films ont été présentés à Fantasia et à d’autres festivals », avance le jeune réalisateur.

En outre, les initiatives qui s’en remettent uniquement au financement participatif pour voir le jour sont de plus en plus nombreuses. C’est le cas du groupe Beat Sexü dont l’album de reprises sera entièrement financé par les dons recueillis grâce à Indiegogo.

Est-ce à dire qu’il faut relayer aux oubliettes les activités de financement et la recherche de subventions ? De l’avis de plusieurs organisateurs de projets, il faut surtout repenser le financement en fonction des publics visés. « Si on veut mobiliser énormément de gens qui ne sont pas présents sur les réseaux sociaux, ce n’est pas la peine d’essayer les plateformes en ligne », énonce Éric LeBlanc, membre du collectif Exond& dont l’évènement littéraire NORMPORN a été partiellement financé par une campagne sur Indiegogo.

En somme, il importe de miser sur une combinaison des deux plutôt que de mettre tous ses œufs dans le même panier, car « les deux sont complémentaires », énonce Nicolas Bouillon, directeur de Production culturelle, un comité qui amasse chaque année des fonds pour une fondation caritative.

 

Auteur / autrice

  • Kim Chabot

    Journaliste culturelle dans l’âme et historienne de formation, Kim est passionnée par la littérature, les arts visuels et le théâtre. Elle aime découvrir de tout, des grands classiques aux projets artistiques de la relève. Pour elle, les scènes de l’Université Laval et de la Ville de Québec sont des gros terrains de jeux aux possibilités infinies. Elle nourrit aussi un grand amour pour la langue française, au grand dam de ceux qu’elle reprend inlassablement pour des « si j’aurais ».

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