Courtoisie: Sophie Gagnon-Bergeron

Théâtre pour l’indépendance

15 Février 1839, classique cinématographique québécois de Pierre Falardeau remis au goût du jour par la troupe Les Treize. Exercice périlleux et auda- cieux qui nous ramène au XIXe siècle pendant pas moins d’une heure trente à l’Amphithéâtre Hydro-Québec. 

Anne Lebreton

Courtoisie: Sophie Gagnon-Bergeron
Courtoisie: Sophie Gagnon-Bergeron

La troupe Les Treize a permis à Odré Simard de réaliser son rêve en reprenant ce film qui l’a bouleversé. Le synopsis s’inspire directement du film : nous suivons les dernières 24 h de huit patriotes, dont deux sont condamnés à mort par pendaison. Le décor est donc très simpliste : quatre cellules, une table, quelques tabourets, des livres et des plumes, puis une fenêtre. Celle-ci est importante puisqu’elle permet aux prisonniers de communiquer entre eux et d’apprendre ainsi que demain matin n’auront pas lieu deux, mais bien cinq pendaisons.

Odré a cependant ajouté à la pièce sa petite touche personnelle. Celle-ci est sublimée par une troupe qui nous dévoile la peur, l’humour, la joie, la peine, la solitude et en même temps l’enfermement collectif. Bref, toute cette palette de sentiments qu’un condamné et ses amis peuvent ressentir. Ce jeu est sublimé par l’organisation de la scène qui rend encore plus réelle la pièce. En effet, la scène ne se limite pas seulement à l’estrade, mais à l’amphithéâtre en entier. Devant nous la prison et cette fenêtre, qui nous permet de réaliser que le public représente une part de liberté, d’indépendance. À notre gauche les cinq cordes, et n’oublions surtout pas à notre droite ce duo de femmes : Léonie Grenon et France Bellemare, la première au violon, la deuxième au chant. Autant ces deux femmes immobiles, par le simple mouvement de l’archet pour l’une et des cordes vocales pour l’autre, nous prennent par les tripes, autant les acteurs se servent de leurs voix et de leurs gestes, de tout leur corps, pour exprimer leurs sentiments, leurs émotions ; la seule chose que nous ne ressentons pas, c’est bien le froid !

Au final, c’est le travail de groupe qui rend cette pièce plus vivante que jamais en remplissant parfaitement l’attente de Falardeau lorsqu’il disait : « C’est nos histoires, pourquoi est-ce qu’on n’a pas le droit de se les raconter ? »

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