Chaque année, Pierre Coupel, océanographe de l’Université Laval et spécialiste des régions polaires, part en expédition scientifique dans le Nord. L’exposition Visions arctiques recense trois de ses périples où il montre l’homme dans ces paysages impressionnants. Un regard exclusif et documenté sur une région en perpétuel changement.
« Lors de mes expéditions scientifiques, les paysages m’ont tellement marqué qu’ensuite j’ai été passionné par la photo », raconte le doctorant. « Le but de prendre ces images était de les partager, car l’Arctique est impossible d’accès hors contexte scientifique », ajoute-t-il.
Ces photos montrent les couleurs du ciel (bleu, orangé, rose), les chercheurs dans leur travail et leurs conditions hostiles, l’étendue des paysages. Leurs compositions respectent académiquement la règle des tiers et démontrent ainsi la petitesse de l’homme par rapport à la nature.
Lors du vernissage du samedi 14 novembre, plusieurs d’entre elles étaient déjà vendues. La tenue d’une conférence du groupe de recherche Québec Océan la semaine précédente et la présence de scientifiques ayant participé à ses expéditions auraient contribué à ce succès, confie le photographe.
« Le but de prendre ces images était de les partager, car l’Arctique est impossible d’accès hors contexte scientifique » – Pierre Coupel, océanographe
Souci du détail
Le jeune océanographe a accordé un grand souci au détail de ses légendes. Pour lui, elles sont « importantes parce que je ressens des choses au moment de prendre ces photos. J’ai aussi envie d’expliquer la vie et le fonctionnement de l’Arctique, je veux essayer d’apprendre quelque chose aux gens ». Les coordonnées géographiques (latitude et longitude), elles aussi originales, donnent un repère aux curieux qui iront chercher leur localisation.
Les difficultés de prise de vue tenaient essentiellement aux conditions extrêmes. À cause du froid, il devait alterner régulièrement sa batterie par exemple. Il raconte aussi que prendre des photos de nuit sur le bateau était difficile sans trépied et avec la houle.
Les changements constatés
Pierre Coupel est spécialiste du phytoplancton (microalgue) : il étudie son impact dans l’écosystème arctique. Il expose très clairement son constat des changements climatiques. « Sur les plateaux océaniques (les zones peu profondes), la glace fond plus tôt et se reforme plus tard, donc le phytoplancton a plus de temps d’exploiter la nourriture et de s’y développer. Par contre, au large, il y a la fonte des glaciers ; l’eau douce produite a comme effet d’empêcher la nourriture de remonter à la surface. Sans celle-ci le phytoplancton ne peut grandir et cela limite le développement des espèces ».
L’un des plus graves effets des changements climatiques reste la disparition de la banquise, le terrain de chasse de l’ours polaire. « On en a vu nager au milieu de l’océan avec rien autour », déplore le jeune homme.
L’exposition Visions arctiques est située dans la salle d’exposition du pavillon Desjardins (local 2470) de 9 h à 16 h en semaine et de 12 h à 16 h le samedi.