Budget annuel 2024-2025 : qui, quoi et comment?

Depuis le 1er mai dernier, l’université est entrée dans sa nouvelle année financière. Timidement caché dans votre boîte courriel institutionnelle, il vous est théoriquement possible d’aller consulter ce document. Dans la pratique, le document de plus de 100 pages s’avère fort difficile à déchiffrer. Impact Campus propose de vous brosser un portrait global des dépenses planifiées pour l’année à venir.

Par François-Xavier Alarie, journaliste collaborateur

Considérant la taille de l’Université Laval, on ne s’étonne pas d’être confronté à un budget qui lui est proportionnellement important. Cependant, avant de parler des chiffres, il importe de rappeler comment il est façonné.

Le budget est élaboré en huis clos par la haute administration à travers le Conseil universitaire (CU), qui en recommande l’adoption au Conseil d’administration (CA). Consulté sur l’enjeu de la production du budget en huis clos, le Syndicat des professeur.e.s de l’Université Laval (SPUL) considère que cette façon de faire pousse la communauté à « subir le budget », puisqu’il n’y a pas de réelle consultation préalable à son adoption. Certes, il est éventuellement partagé avec l’ensemble de la communauté par courriel (en atterrissant automatiquement dans les pourriels), mais il est déjà adopté au moment de l’envoi, soit quelques jours avant le début de l’été.

Parallèlement à la fabrication discrète du budget, on compte parmi le CA de nombreux membres provenant de l’extérieur de l’université. Nommés par le CA lui-même, le gouvernement ou la Fondation de l’Université, ces gens apportent une expertise non négligeable à la gestion de notre campus. Cependant, plusieurs étudiants décrient le manque de représentation locale sur ce conseil : « La communauté universitaire a beau être représentée par des instances associatives et syndicales sur certains comités, ça n’a pas d’allure que des lobbyistes nommés par le gouvernement aient plus de pouvoir décisionnel que nous quand vient le temps de décider des orientations financières de notre université », partage un étudiant de la faculté des lettres et des sciences humaines.

Les grands chiffres du budget

Deux principaux fonds régissent le budget : le budget de fonctionnement, qui veille au maintien des activités universitaires, et le fond des immobilisations, qui concerne l’achat, la rénovation et l’entretien des infrastructures du campus.

Pour l’année 2024-2025, l’université prévoit un budget de fonctionnement de 883,6 M$. De ce chiffre, seulement 444M$ serviront de budget de base pour les facultés, alors que 122M$ iront au financement du vice-rectorat et aux services. Cette disparité entre le budget total et le financement de base des facultés n’est pas nouvelle : « on répète la même formule que les années précédentes […]. Les budgets des facultés étaient à la limite du déficit, et ce sera encore le cas pour l’année à venir », peut-on entendre dire Jean Ruel, alors vice-président du SPUL, dans une vidéo d’analyse du budget annuel (Youtube). Une remise en question du mode de financement des facultés s’impose pour éviter de les enliser perpétuellement en mode survie.

Le 303 M$ restant ira aux choix institutionnels. Ils consistent en trois catégories d’enveloppes : des enveloppes ciblées (128 M$), à savoir des initiatives financières distribuées dans les facultés selon des critères flous, des réserves (100M$) et des enveloppes laissées à la discrétion de la direction et d’enveloppes stratégiques (67 M$). Considérant que l’enveloppe de la réserve correspond à près du quart du budget de base des facultés, n’y aurait-il pas moyen d’investir dès maintenant cet important montant pour bonifier l’expérience universitaire, notamment en embauchant de nouveaux professeurs?  Pour citer Jean Ruel, « utilisons le budget de fonctionnement… Pour faire fonctionner l’université ».

Pour sa part, le fond des immobilisations prévoit environ 100 M$ de dépenses, mais 130M$ de revenus. Les surplus pourraient donc aller rejoindre les 473M$ accumulés dans le fond depuis les états financiers de 2023. Tous ces montants aident à financer les nombreuses rénovations du campus. Pour rappel, l’Université Laval proposait, dans son plan institutionnel 2023-2028, « d’aménager des milieux de vie plus dynamiques, à l’intérieur comme à l’extérieur [et d’]accroître la mobilité active et durable sur le campus ».

Un budget accessible ?

Comme mentionné plus haut, le budget envoyé à la communauté se retrouve dans la boîte pourriel de plusieurs étudiants. En plus de ce problème d’accessibilité, il faut aussi souligner le format contraignant que prend le budget. À travers ses 130 pages, le document final propose une panoplie de schémas, de diagrammes et de données qui n’expliquent pas grand-chose. Sa lourdeur empêche le commun des mortels de s’interroger sur le fonctionnement pécuniaire de l’université. Même des membres du SPUL confient avoir pris « deux mois pour bien comprendre les états financiers de l’Université Laval […]. C’est le 1/6 d’une année, personne n’a le temps pour ça ».

Si l’université souhaite réellement favoriser l’engagement et l’implication de tous dans la vie universitaire, il importe qu’elle soit transparente et lui offre des outils adaptés à ses besoins. Offrir un budget compréhensible à la communauté représenterait un premier pas dans la bonne direction.

Lectures complémentaires :

Budget 2024-2025: https://www.ulaval.ca/sites/default/files/notre-universite/direction-gouv/Documents_officiels/Budget_et_etats_financiers_Universite_Laval/Budget_2024-2025.pdf

Analyse budgétaire du SPUL : https://www.youtube.com/watch?v=OLiltnae4Uo

Présentation sommaire du budget par UL : https://nouvelles.ulaval.ca/2024/05/01/debut-de-lannee-financiere-2024-2025-a:fe106803-cecc-4bce-a8e1-fbb91dbe5a14

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