Le scandale n’a pas fini de s’étendre. Dans toute l’Europe, des traces de viande chevaline sont retrouvées dans des produits préparés. Retour sur la crise qui ébranle la confiance des Français dans l’industrie.

« Affaire Findus » : Les Français sont à cheval sur les principes

Le scandale n’a pas fini de s’étendre. Dans toute l’Europe, des traces de viande chevaline sont retrouvées dans des produits préparés. Retour sur la crise qui ébranle la confiance des Français dans l’industrie.

Boris Proulx

Paris – Le Salon international de l’agriculture, qui s’est terminé ce dimanche dans la métropole française, s’est déroulé dans un contexte de crise de confiance envers l’industrie alimentaire. Cette année, producteurs, distributeurs et bouchers portaient la même cause : l’importance de consommer la viande française, gage de traçabilité. Véritable rendez-vous annuel, le salon jouit d’une visibilité médiatique monstre. Visite présidentielle, ouverture du journal télévisé national… Pendant une semaine, la foire agricole devient curieusement le centre de l’actualité. L’engouement pour le terroir trouve sa source dans la culture encore largement agricole de l’Hexagone. Cet attachement s’exprime aussi par un plus grand soin accordé à la qualité de l’alimentation – soin moins facilement observable en Amérique du Nord, où l’industrialisation de l’alimentation semble généralement plus acceptée.

L’ironie du sort a fait en sorte que le pays de la gastronomie se trouve au centre du scandale international de contamination de bœuf haché par du cheval haché, viande moins coûteuse. Avec comme trame de fond la libre circulation en Europe des marchandises, on a assisté à la multiplication des grossistes sur le marché européen de la viande transformée en « minerais », blocs carnés de provenances diverses. Le cheval serait roumain, passé par les mains de négociants néerlandais puis chypriotes, avant de terminer en lasagne chez un sous-traitant de Findus. C’est cette entreprise peu scrupuleuse qui a sournoisement étiqueté ces agrégats de viande chevaline comme du bœuf. Tous les ingrédients étaient alors réunis pour une crise du 21e siècle.

« L’affaire Findus » a eu en février toutes les apparences d’un scandale sanitaire, rappelant à certains la crise de la vache folle dans les années 1990. Scandalisé, le public européen a exigé des analyses sur la marchandise à base de viande transformée, devenue suspecte. Les tacos de l’américaine Taco Bell et les boulettes de la suédoise IKEA sont les dernières en liste à avoir échoué le test. Bien que l’incident industriel n’aie fait aucune victime ni compromis la santé publique, l’affaire bouleverse profondément la société française. Il existe encore des barrières culturelles à la consommation de la viande du cheval, qui remonteraient même jusqu’à son interdiction par le pape en 732. Mais pour la majorité, il s’agit plutôt d’une tromperie, d’un bris dans le contrat implicite qui lie l’industrie au consommateur dans notre chaîne alimentaire synthétique. Un violent rappel pour la société française que la tendance à la mécanisation de l’industrie alimentaire est profondément contradictoire avec sa culture gastronomique.

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